Devant le Conseil de sécurité de l’ONU le vendredi 16 juin 2023, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop a livré le message de la République du Mali : le retrait pur et simple sans délai de la force onusienne du territoire malien !
En exigeant le départ sans délai de Minusma, le ministre Diop a déclaré que le gouvernement malien est arrivé au constat que celle-ci est devenue, après dix ans de présence, une partie du problème au lieu d’être la solution. Tel un allié encombrant et pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les nombreuses sollicitations de la partie malienne pour que la mission soit adaptée à ses besoins réels sont restées vaines. Ensuite, parce que les propositions faites pour justifier son maintien ne conviennent pas à la partie malienne. Enfin, il y a de plus en plus de quiproquo voire de mésentente dans le cadre d’une collaboration qui devait plutôt donner des résultats tangibles.
Le ministre Abdoulaye Diop a passé au peigne fin les événements tragiques survenus à Moura, Ogossagou et Sobanda. Le gouvernement déplore que Moura fasse l’objet d’un rapport de la Commission des droits de l’homme de l’O.n.u qui accuse les autorités maliennes d’exactions sur les populations civiles. Alors que cette localité était assiégée depuis des années et aucune force, même internationale, n’y avait accès. Les populations étaient abandonnées à leur sort. Où étaient, s’indigne-t-il, les voix qui s’élèvent aujourd’hui quand les terroristes infligeaient des traitements inhumains à ces populations civiles sans défense ? Des femmes étaient lapidées, des villages et récoltes brûlés, du bétail emporté…
Or, explique-t-i, c’est sur la base de renseignements précis sur la présence de principaux chefs terroristes à Moura en train de racketter les populations que les FAMA ont planifié une opération d’envergure aéroterrestre afin de mettre fin à ces abus. Les premières unités déployées par les moyens aériens tout comme des renforts ont subi des tirs, confirmant la présence terroriste dans la zone.
Des affrontements s’en sont suivi autour et dans la localité de Moura, soldés par un bilan de 203 combattants terroristes neutralisés, une importantes quantité d’armes et de munitions saisies, plus de 200 motos détruites et plusieurs terroristes interpelés et mis à la disposition de la justice. Les FAMA ont, quant à elles, perdu 8 éléments, mais l’opération a permis de libérer ces populations du joug des terroristes.
A la suite d’allégations d’exactions, les autorités compétentes ont ouvert une enquête judiciaire sur les lieux par une équipe composée des parquets de Mopti et de Bamako, d’enquêteurs de la gendarmerie nationale, de la police technique et scientifique et des médecins-légistes. Les enquêtes continuent selon le délai en vigueur et le résultat sera rendu public, dit-il. non sans donner des Ogossagou et Sobanda
Le gouvernement du Mali rejette avec vigueur les conclusions hâtives et biaisées du Haut Commissariat aux droits de l’homme de l’O.n.u. A l’en croire, le Mali voit dans ce rapport une volonté réelle de certains Etats d’instrumentaliser notre organisation commune pour nuire voire punir le Mali pour ses choix souverains. Quel crédit accorder à un rapport qui tend désespérément à faire croire que les FAMA ciblent des populations civiles qu’elles protègent conformément à leur mission ?
Ce rapport, déplore le ministre, contient des images de satellites utilisés à l’insu des autorités maliennes, ce qui constitue un cas notoire d’espionnage. La Minusma, comme son nom l’indique, été déployée au Mali en 2013 pour aider à stabiliser la situation dans le pays confrontée à une série de crises, notamment la rébellion touarègue et la menace des groupes terroristes dans la région. Son mandat a été renouvelé régulièrement par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Cependant, au fil du temps, les opinions sont devenues divergentes par rapport à la mission et son retrait du territoire malien.
Drissa Togola