ONU: Allocution de Son Excellence Bakary Yaou Sangaré, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Nigériens à l’extérieur du Niger, à l’occasion du débat général de la 79e session de l’Assemblée générale

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Monsieur le Président,

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d’abord adresser mes vives félicitations à Monsieur PHILEMON YANG, pour son élection à la présidence de la 79ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Je souhaiterais par la même occasion exprimer à son prédécesseur, Monsieur DENNIS FRANCIS de Trinité-et- Tobago, mes chaleureux remerciements pour le travail remarquable accompli durant son mandat, malgré un contexte mondial en plein bouleversement.

Monsieur le Président

Il y a un an, à cette même tribune, mon pays a été privé de parole de façon injustifiée alors que d’autres dans la même situation y ont été autorisés et mieux, reçus avec les honneurs par le Secrétaire Général des Nations Unies. Cette politique de deux poids deux mesures est de nature à entamer la crédibilité de notre Organisation commune.

Mon pays saisit l’opportunité de cette session pour se prononcer sur la situation des laissés-pour-compte et sur la dignité humaine. Ces problématiques qui cadrent parfaitement avec les idéaux de notre refondation, résultent des conflits et violences multiformes, des inégalités, du déficit de solidarité ainsi que de la marginalisation d’une grande partie de la population de notre planète qui aspire à un monde meilleur.

A cet égard, je tiens à saluer la participation à cette session de la Palestine, laissée-pour-compte. Nous fondons l’espoir que sa présence tant méritée parmi nous, constitue une étape décisive vers l’avènement d’un Etat palestinien libre, indépendant et souverain, vivant en paix avec ses voisins et dans ses frontières de 1967. Le Niger réaffirme son soutien à la cause palestinienne et estime que seule une solution à deux (2) Etats pourrait mettre fin au cycle de violence et garantir la paix et la sécurité dans la région.

Mon pays déplore également la situation au Liban et appelle à un arrêt immédiat des hostilités.

Mesdames et Messieurs,

Chaque année nous nous adonnons au rituel de complaintes sur la situation des pays pauvres et de plaidoyers pour un monde plus équitable. Mais force est de constater que nous nous réunissons trop et agissons peu.

Les pays pauvres « lisent l’heure », pour ne pas dire s’enfoncent dans la galère ; les riches s’en mettent plein les poches avec nos ressources, continuent de soutenir des régimes corrompus et inféodés qui truquent les élections, confisquent le pouvoir et plongent leurs peuples dans la misère totale. Pendant ce temps, la communauté internationale se mure dans un silence complice qui traduit une fois de plus la politique de deux poids deux mesures.

Dans ce contexte, que représente alors le Pacte pour l’avenir que nous venons d’adopter ? Un vœu pieux ? Une nouvelle diversion ? Ou alors de la poudre aux yeux des pays pauvres ?

Au Niger, nous ne nous faisons plus d’illusions, notre conviction est faite. Les pays riches n’ont aucune volonté d’aider ceux du Sud à sortir de la pauvreté.

Mesdames et Messieurs

La Charte des Nations Unies aura bientôt 80 ans, et jusque-là, aucune réforme significative n’a été entreprise en vue de conformer notre Organisation commune à la nouvelle donne mondiale.

Le Conseil de sécurité, garant de la paix et de la sécurité dans le monde continue d’être la chasse gardée des cinq (5) membres permanents qui, malgré leur profession de foi répétée à chaque session, maintiennent le statu quo et refusent d’accorder de sièges permanents à l’Afrique, le seul continent qui n’en dispose pas. Tout semble montrer que la démocratie tant prônée comme valeur universelle s’arrête aux portes du Conseil de sécurité.

Cessons de compter sur les grandes puissances mondiales pour traduire dans les faits cette exigence de justice et d’équité, et cette forte volonté des peuples d’élargir le Conseil de sécurité à de nouveaux membres. Donnons-nous les moyens d’imposer cette exigence.

Malheur aux laissés-pour-compte incapables d’affirmer leur dignité.

Mesdames et Messieurs,

Du haut de cette tribune, je lance un vibrant appel aux peuples exploités et laissés pour compte pour leur dire que ce n’est pas aux pays nantis de nous trouver des solutions. J’affirme que ces solutions sont en nous. Elles consistent au renoncement à l’aide mendiante et avilissante, pour un partenariat digne dans lequel nos ressources naturelles seront payées à leur juste prix et les gains investis au profit de nos populations.

C’est dans cet esprit que mon pays gère sur ses fonds propres les dégâts et la crise humanitaire nés des inondations sans précédent qu’il subit cette année.

Nous n’avons pas besoin de leçon de démocratie. Ce qui importe ce sont les intérêts, les choix et les aspirations de nos vaillants peuples.

Comme l’a dit le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, Son Excellence le Général de Brigade ABDOURAHAMANE TIANI : « Aucun Etat, aucune organisation interétatique ne dictera à mon pays la conduite à tenir, encore moins son agenda en matière de partenariat stratégique ou diplomatique ».

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez, la région du Sahel est en proie depuis plus d’une décennie, à une grave crise sécuritaire qui menace l’existence même de ses Etats et qui constitue une atteinte notoire à la paix et à la sécurité internationales.

Dans le souci de faire face ensemble aux défis communs qui les assaillent, notamment sécuritaire, les trois (3) Etats sous le leadership de leurs Excellences le Capitaine IBRAHIM TRAORE, Président du Faso ; le Colonel ASSIMI GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat du Mali et le Général de Brigade ABDOURAHAMANE TIANI, Président du Conseil National pour la sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat du Niger, ont signé le 16 septembre 2023, la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

Aujourd’hui, force est de constater la forte adhésion des populations ainsi que les succès militaires engrangés sur le terrain par les Forces de défense et de sécurité de l’AES, dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

C’est l’occasion de saluer la création de la Force unifiée de l’AES et la bonne coordination entre les unités mises en place.

Je rends un vibrant hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la violence au Sahel.

Mesdames et Messieurs,

A l’occasion du Sommet historique des Chefs d’Etat de l’AES tenu à Niamey le 06 juillet 2024, l’Alliance s’est transformée en une Confédération qui repose sur trois piliers (3D), à savoir la Défense/Sécurité, la Diplomatie et le Développement.

Ce nouveau cadre stratégique d’intégration destiné à devenir à terme une Fédération, dispose d’un fort potentiel en ressources naturelles pour atteindre ses objectifs. Ce potentiel fait l’objet de convoitise de certaines puissances occidentales qui financent et arment les groupes terroristes afin de déstabiliser nos pays.

Le Niger réitère sa ferme condamnation de ces actes hostiles et rejette toute forme d’appui au terrorisme, notamment le soutien actif et publiquement revendiqué par l’Ukraine à la coalition terroriste qui a lâchement attaqué la localité de Tinzawaten au Mali.

C’est également le lieu de dénoncer les actions subversives et la nouvelle stratégie de recolonisation revendiquées et assumées par la France, qui renseigne, forme, finance et arme les groupes terroristes au Sahel. Elle offre gites et couverts à ses valets locaux dont certains occupent les emprises diplomatiques du Niger à Paris en violation flagrante de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatique.

Loin de briser la dynamique en cours dans l’espace sahélien, ces tentatives de déstabilisation ne font que renforcer la détermination de nos pays à aller de l’avant dans la poursuite des objectifs fixés.

En dépit de toutes ces adversités, la caravane de l’AES passe !

Monsieur le Président,

La Confédération des Etats du Sahel (AES) constitue désormais une nouvelle donne géopolitique, qui compte jouer pleinement son rôle sur l’échiquier international, dans le respect de la souveraineté et du libre choix de ses partenaires. Comme l’a dit Son Excellence le Colonel ASSIMI GOITA, Président de la Confédération AES à l’occasion de l’An I de l’Alliance :

« Dans notre dynamique d’indépendance et de souveraineté recouvrée, nous restons ouverts à la coopération avec les peuples frères et amis, dans un esprit de fraternité et de respect mutuel ».

Mesdames et Messieurs,

Au plan national, la Vision inclusive du Président du CNSP, Chef de l’Etat, le Général de Brigade ABDOURAHAMANE TIANI s’articule autour des quatre (4) axes stratégiques ci-après :

  1. Le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale ;
  2. La promotion de la bonne gouvernance ;
  3. Le développement des bases de production, et
  4. L’accélération des réformes

Ces axes visent à assurer la souveraineté sécuritaire, politique et socio-économique de notre pays. A cet égard, ils constituent le cadre de référence de toutes les interventions de l’Etat et de ses partenaires pour créer les conditions de la transformation structurelle de l’économie nigérienne et l’amélioration du bien- être de la population.

Pour accompagner cette transformation, notamment dans le secteur minier et pétrolier, mon pays est disposé à conclure des partenariats avec les investisseurs étrangers sur la base du principe gagnant-gagnant et du respect de la dignité de nos populations jusque-là laissées pour compte.

L’objectif est de faire du Sahel une zone de paix et de prospérité comme l’a affirmé le Président Tiani.

Mesdames et Messieurs

Je ne saurais terminer mon propos sans remercier les pays frères et amis, le Burkina, le Mali, le Togo, le Maroc, la Turquie, la Russie, la Chine, l’Iran et tous ceux qui accompagnent le Niger dans son processus de refondation.

  • Vive la solidarité entre les peuples,
  • Vive la Confédération AES

Je vous remercie !

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