MINUSMA : Mission impossible

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Aujourd’hui dans décryptage, l’épilogue de la Minusma qui ouvre un débat important sur l’avenir des opérations de maintien de la paix des Nations unies et la capacité des Etats à mener une gouvernance structurée, structurante et inclusive.

Maintien de la paix, trou noir des missions onusiennes

Un Débat important à plusieurs titres. D’abord, c’est une question qui ne concerne pas qu’un Etat. Elle traverse l’ensemble des pays où se déroulent des opérations onusiennes de maintien de la paix : Onust (1948) à Jérusalem, UNMOGIP (1949) pour l’Inde et le Pakistan, Unficyp (1964) à Chypre, Fnuod (1974) au Golan, Finul (1978) au Liban, Minurso (1991) au Sahara Occidental, Minuk (1999) au Kosovo, Minuad (2007) au Darfour, Monusco (2010) en République démocratique du Congo, Fisnua (2011) pour Abiyé, Minuss (2011) au Soudan du Sud, Minusma (2013) au Mali et Minusca (2014) en République centrafricaine. Les opérations de maintien de la paix constituent le trou noir de la galaxie des missions onusiennes. Ensuite, elles soulèvent aussi le problème de domination, cette « …chance de trouver obéissance pour un certain ordre émis, […] qui repose sur différents motifs de docilité », écrit Max Weber. Enfin, un no man’s land géopolitique, depuis 1948, sur lequel pousse la déception : incapable de ramener la paix. Le maintien de la paix rouille.

Les analyses des ″macronologues″ et des ″poutinologues″ s’écroulent

Lorsque l’on se penche sur le départ de la Minusma au Mali, on s’aperçoit qu’un fait majeur a été occulté, à savoir un vrai débat au sein du Conseil de Sécurité sur ses objectifs et ses finalités, durant ces dix années d’existence. La même critique vaut pour la Monusco. Aujourd’hui, la fin de la Minusma (décembre 2023) marque une rupture avec le passé. Elle permet de questionner l’efficacité des opérations de maintien de la paix, en lien avec les attentes des populations. Une partie des Maliens reprochent à la Minusma son inutilité. D’autres confondent soldats de la paix et soldats du contreterrorisme. En tout état de cause, sur le miel de l’angoisse sécuritaire et de la criminalité organisée, le maintien de la paix est devenu un casse-tête au Mali.

La liquidation de la Minusma n’est plus un gag. Les détracteurs se sentent mieux. Les analyses des ″macronologues″ et des ″poutinologues″ s’écroulent. Aïe ! Au bout du chemin, la responsabilité de l’exécutif malien est engagée pour créer les meilleures conditions de retour de la paix. L’organisation de futurs scrutins et l’opérationnalité d’un nouveau dispositif organisationnel de gouvernance sont attendus. Espérons que le remaniement partiel du gouvernement du samedi 1er juillet dernier aide à redonner du sens à la gouvernance. Espérons aussi que les milieux faucons ne noient pas le poisson de la démocratie au fin fond du fleuve Niger.

Un poids nouveau sur les épaules des dirigeants de la transition

En attendant, le moins que l’on puisse dire c’est que les autorités de la transition ont engagé leur responsabilité pour sécuriser le pays et ramener la paix. Ne nous y trompons pas. Pour y arriver, l’exécutif doit faire preuve de courage « politique » en se détournant des courtisans d’un soir et des fabricants de trolls nocifs à la cohésion sociale. « On ne peut pas naitre dans l’insécurité et mourir dans l’insécurité » me dit un proche.

Il y a donc un poids nouveau sur les épaules des dirigeants de la transition, celui des enjeux sécuritaires et humanitaires. La fin de la Minusma ne doit pas infirmer la capacité de l’exécutif à mener une gouvernance structurée, structurante et inclusive.  Il ne s’agit pas seulement de légitimer les décisions, mais aussi d’avoir un rendez-vous réussi avec les Maliens. Ce serait la meilleure façon de léguer un héritage démocratique aux générations futures comme vient de le poser le président sénégalais Macky Sall, le 3 juillet 2023 dans son message à la nation. « … Ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024. Et cela, même si la constitution m’en donne le droit ». Question de sang-froid ! Le Message du président Sall symbolise le respect des règles et de la parole donnée. Par cet acte, Macky Sall renforce la ligne de défense démocratique, incarnée depuis le poète président Léopold Sédar Senghor. Un exemple à suivre.

Une politique du « tant pis »

Enfin, terminons par là où cet article a commencé : les opérations de maintien de la paix des Nations unies. Lesquelles opérations poursuivent les mêmes buts depuis toujours : créer les conditions de retour de la paix, stabiliser et appuyer les efforts politiques de règlement des conflits, etc. Aujourd’hui, on est plutôt sur une politique du « tant pis ». Tant pis si les populations sont exterminées par les narcoterroristes. Tant pis si les conflits armés projettent les jeunes dans la migration. Tant pis si les populations croupissent sous le poids insupportable de l’insécurité. Tant pis s’il y a de la censure tant que la mission de paix perdure. Tant pis si les missions de maintien de la paix sont soumises à des injonctions contradictoires et des réglementations complexes.

Conséquence, c’est l’insatisfaction d’une partie des Maliens à l’égard de la Minusma, devenue une mission impossible à conduire. Comme la plupart des missions de paix, la Minusma est confrontée à un problème, celui de la « systématisation », c’est-à-dire qu’il y a un travail d’adaptation à faire en lien avec le contexte des Etats hôtes. Une opération de maintien de la paix à Chypre ne peut pas être conçue de la même façon qu’une autre au Mali. Les Nations unies ont tout intérêt à prendre conscience de la sociologie des terrains d’intervention. Une responsabilité qui incombe aussi aux pays d’intervention.

Une question demeure : le départ de la Minusma favoriserait-il une stabilité sécuritaire ?

 

Mohamed Amara

Sociologue

 

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1 commentaire

  1. Amara pour repondre a ta question: pour ta stabilité, tu peux plier bagage et aller avec a MINUSMA. Peux-tu nous dire quelle stabilité la MINUSMA a apporte au peuple Malien? Combien de terroristes ses soldats ont tue pendant les 10 années passées au Mali? Combien de populations civiles ont ete sauvées par la MINUSMA? Une coquille vide–ADIEU LA MINUSMA!

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