L’ONU s’implique dans les discussions sur le processus de retrait de l’AES de la CEDEAO

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Discours d’ouverture par Leonardo Santos Simão, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel à la 17e Réunion du Comité de Pilotage de la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel

Cher(e)s collègues,

Je suis honoré de me joindre à la Coordonnatrice résidente au Sénégal et à mon coprésident pour vous souhaiter la bienvenue à cette réunion du Comité de Pilotage. Votre engagement en faveur de la mise en œuvre de la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS) et les progrès significatifs réalisés depuis notre dernière réunion témoignent de votre dévouement envers l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Alors que nous continuons à évoluer dans un contexte complexe en cette période d’incertitude, j’attends avec impatience une discussion approfondie sur les défis qui se posent à nous ainsi que sur les solutions proposées pour y faire face, dans un esprit de vigueur renouvelée et d’optimisme quant à l’avenir.

Le Sahel continue de connaître des bouleversements politiques profonds. Notamment, le retrait statutaire du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est devenu effectif la semaine dernière, bien que la CEDEAO ait accordé une fenêtre de six mois pour négocier les conditions de ce départ et permettre la poursuite des efforts de facilitation, maintenant ainsi « les portes de la CEDEAO ouvertes aux trois pays ».

Le paysage sécuritaire évolue également, alors que les activités extrémistes continuent de mettre en danger des vies et des moyens de subsistance à travers la région, y compris dans les pays côtiers.

Pour relever les défis sécuritaires, plusieurs nations de la région rompent leurs liens militaires avec des partenaires traditionnels et redéfinissent leur engagement militaire aux niveaux étranger, régional et national. Cela inclut la formation récemment annoncée d’une force unifiée de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) composée de 5 000 soldats.

Parallèlement, l’impact du changement climatique sur les moyens de subsistance, la gouvernance et le paysage sécuritaire devient de plus en plus évident. Les États membres de la région se tournent vers les Nations Unies pour plaider en leur faveur afin que la communauté internationale respecte ses engagements en matière d’atténuation et d’adaptation au climat.

De même, nous ne pouvons pas ignorer les effets négatifs que le crime organisé et les économies illicites, y compris le trafic de drogues et d’autres formes de trafic, ont sur la gouvernance, la sécurité et la santé des communautés. Les groupes armés non étatiques alimentent les conflits et l’érosion de l’autorité de l’État grâce aux profits tirés de l’exploitation des ressources minérales et naturelles. À l’avenir, il faudra un effort plus concerté de la part de l’ONU, y compris par le biais de l’UNISS, pour s’attaquer à ces problématiques à travers des initiatives politiques et programmatiques.

Cher(e)s collègues,

Dans ce contexte en évolution, le dialogue demeure notre outil le plus puissant. Les Nations Unies sont particulièrement bien placées pour faciliter les échanges entre les pays de l’AES et la CEDEAO, dans le but d’harmoniser les efforts, de prévenir la fragmentation et de sauvegarder les acquis de l’intégration régionale dans l’intérêt des populations de la sous-région. Notre rôle en tant que facilitateur impartial peut aider à combler les différences et à favoriser une compréhension mutuelle.

En usant de notre pouvoir de rassemblement, nous devons rester réalistes, adapter nos approches aux réalités changeantes et saisir les opportunités de créer des ponts. Je félicite tout particulièrement les Coordonnateurs résidents pour l’important travail qu’ils accomplissent dans ce domaine, et ce, dans des circonstances difficiles.

L’adoption du « Pacte pour l’avenir » lors du Sommet des Nations Unies sur l’avenir en septembre 2024 offre un cadre global pour relever les défis auxquels le Sahel est confronté. En adéquation avec nos objectifs régionaux, ce pacte met l’accent sur le développement durable, l’action climatique et la transformation de la gouvernance mondiale. L’importance accordée par le Pacte et la Déclaration sur les Générations Futures au rôle des jeunes revêt une pertinence particulière pour notre travail, compte tenu de la démographie de la région.

Dans son engagement en faveur « d’un avenir libéré du terrorisme », le Pacte reconnaît la nécessité de réponses globales pour s’attaquer aux causes profondes. Par ailleurs, la récente déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme souligne l’urgence de renforcer les efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et appelle à une coopération internationale accrue ainsi qu’au renforcement des capacités pour combattre le terrorisme sur le continent.

En soutien à l’UNISS, je continue de plaider, sur le plan politique, en faveur d’un engagement international soutenu en appui au Sahel. J’utilise également mes missions et autres engagements pour soulever les problématiques liées à l’accès et à l’espace humanitaire. Le contexte, en particulier dans le Sahel central, a rendu le travail de l’ONU extrêmement difficile, nécessitant des ajustements et de la flexibilité, mais aussi un haut degré de professionnalisme et d’humilité pour maintenir et renforcer les partenariats et rétablir la confiance.

J’ai poursuivi mes actions de plaidoyer auprès des représentants des pays de la Confédération AES et des instances dirigeantes de la CEDEAO afin de bâtir et de maintenir de bonnes relations et de renforcer la coopération sous-régionale dans l’intérêt de leurs populations, dont beaucoup dépendent de frontières ouvertes pour leur subsistance. Je poursuivrai ce plaidoyer lors de mes prochains voyages en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Nous avons intensifié notre plaidoyer auprès de partenaires sur diverses plateformes axées sur le Sahel, tant au niveau sous-régional qu’international, les exhortant à ne pas abandonner leurs programmes et leur soutien dans le Sahel central. Je poursuivrai mon plaidoyer politique auprès des représentants de divers États membres, y compris les membres du P5, lors de mes consultations à New York et j’attends avec intérêt vos observations à ce sujet.

À cette fin, j’appelle à l’utilisation de la plateforme UNISS pour soutenir des cadres collaboratifs qui renforcent la stabilité régionale et le développement durable. Cela inclut la facilitation du dialogue entre la CEDEAO et les pays de l’AES pour relever des défis communs, la promotion de l’intégration économique par le biais de politiques commerciales harmonisées, le soutien à des initiatives de sécurité conjointes qui respectent les droits de l’homme, ainsi que la défense d’une gouvernance inclusive afin de garantir que tous les segments de la société aient leur mot à dire dans la prise de décision. Des « questions douces » telles que la coopération en matière de gestion des ressources en eau constituent de bonnes portes d’entrée pour un tel dialogue. La gestion de l’eau présente un potentiel considérable non seulement pour atténuer les conflits et l’insécurité, mais également pour contribuer à la paix, au développement à long terme et à l’amélioration des relations.

J’attends avec intérêt nos échanges et vous remercie de votre présence.

 

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