Le futur que nous voulons: réclamer la justice sociale et une nouvelle répartition des chances

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Dans les jours qui viennent, alors que les pays se réunissent pour le G20 et se rassemblent au Brésil à l’occasion de Rio+20, l’avenir – notre avenir – sera façonné.

Alors que le monde s’efforce de définir un nouvel agenda pour le développement durable, nous ne pouvons pas oublier ou renoncer à ce qui doit sous-tendre tout avenir : la justice sociale.

La Déclaration universelle des droits de l’hommeaffirme que “Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits”. Ces mots ont été écrits à la suite de la Seconde Guerre mondiale, alors que de nombreux pays étaient engagés dans des batailles féroces pour leur indépendance nationale. Les auteurs ont reconnu que les bases de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde doivent s’appuyer entièrement sur les principes de l’égalité humaine.

Le besoin d’égalité est à la fois éthique et pragmatique. Dès notre plus tendre enfance, nous aspirons à l’équité. Embrasser l’idée que chaque individu mérite l’égalité des chances fait partie intrinsèque de notre humanité commune. Et il est prouvé que plus l’égalité au sein d’une société est grande, plus grande est sa stabilité et en meilleure santé sont ses citoyens. Une plus grande égalité entre les revenus fait baisser les taux de mortalité infantile et toutes causes confondues, et les individus à des niveaux de revenu similaires auront des taux de mortalité plus faibles s’ils vivent dans des communautés plus égalitaires.

L’économiste Joseph Stiglitz a rappelé une fois que “Les inégalités grandissantes sont la face cachée de quelque chose d’autre : la diminution des possibilités… ce qui veut dire que nous n’utilisons pas certains de nos meilleurs atouts – nos individus – de la manière la plus productive possible.” Mais malgré la nécessité de libérer notre potentiel collectif, les inégalités sont en hausse dans de nombreuses parties du monde. Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne que l’écart entre riches et pauvres a atteint son niveau le plus élevédepuis plus de 30 ans. En 1979, le 1% des ménages américains les plus riches représentaient moins de 8% du total des revenus. En 2007, leur proportion avait atteint plus du double, soit 17%. Parallèlement, la part du revenu national perçue par le cinquième des Américains les plus pauvres avait chuté de 7% à 5% au cours de la même période.

Nous voyons des inégalités grandissantes dans d’autres pays également. Et là où des progrès significatifs sont accomplis, comme au Brésil, l’écart de revenu entre les plus riches et le 10% des plus pauvres est toujours de 50 à 1. Des pays à revenu intermédiaire tels que ceux-ci abritent lestrois quarts des pauvres du monde, qui luttent aux marges de l’existence.

Bien que tous les individus soient nés égaux, nos chances de jouir d’une bonne santé, de la prospérité et de la justice sont fondamentalement façonnées par les circonstances et la géographie, et des centaines de millions de personnes sont donc condamnées à souffrir et à voir leur potentiel non exploité.

La répartition mondiale des maladies nous offre une autre perspective qui nous permet de prendre conscience des injustices. L’Afrique n’abrite que 14% de la population mondiale, mais représente la moitié de tous les décès d’enfants liés aux maladies diarrhéiques et à la pneumonie. Le taux des années de vie perdues du fait d’une mort prématurée était sept fois plus élevé en Afrique que dans les pays à haut revenu. Aujourd’hui, il est extrêmement rare qu’un enfant naisse avec le VIH dans un pays développé, mais en 2010, plus de 350 000 enfants en Afrique ont été infectés par le viruscar leurs familles n’ont pas pu accéder à une intervention simple, bon marché, pour stopper la transmission du VIH. Je suis heureux de pouvoir travailler avec une puissante alliance de partenaires mondiaux qui veulent mettre un terme à cette injustice d’ici à 2015.

Le mécontentement peut conduire à un profond changement, et cela me donne de l’espoir. Une récente enquête internationale a révélé que les perceptions qu’ont les gens des injustices économiques étaient largement répandues – et en augmentation. Dans 17 pays sur 22, plus de 50% des personnes interrogées ont le sentiment que les avantages et le fardeau économiques ne sont pas répartis de manière équitable dans leur propre nation. Il n’est pas surprenant de voir des nombres croissants d’individus rejeter les inégalités et appeler à des solutions qui pourraient aider à créer une nouvelle répartition des chances.

Le Printemps arabe et les mouvements d’occupation reflètent les revendications des gens pour plus de liberté politique, mais aussi des structures économiques plus justes et un meilleur accès à l’emploi, à l’éducation et à la santé. L’OCDE a tiré la sonnette d’alarme au sujet du ‘détricotage’ du contrat social, alors que des jeunes en difficulté expriment leur frustration à propos de l’écart grandissant entre les individus et les politiques. Cette nouvelle génération ne tolérera pas un pouvoir qui est concentré et tenu hors de portée des gens ordinaires.

À Rio+20, la communauté internationale doit saisir l’opportunité de fixer un agenda audacieux pour le développement post-2015. Nous avons aujourd’hui une occasion unique d’entreprendre une importante restructuration qui transforme fondamentalement la répartition des chances et apporte un pacte de solidarité mondial. Un tel cadre exige que nous nous employions tous à démanteler les politiques qui perpétuent les inégalités entre les pays, et que nous établissions des mécanismes dynamiques, participatifs, qui garantissent que tous les pays investissent dans le développement humain pour faire progresser l’égalité et élargir les opportunités pour les individus partout dans le monde.

Si la communauté internationale choisit de saisir cette occasion de promouvoir une nouvelle répartition des chances – qui donne le pouvoir aux gens de remettre en cause et de vaincre les injustices – nous pouvons libérer le potentiel des individus et de la société dans son ensemble à vivre en bonne santé, dans la dignité et la justice.

Aujourd’hui, le secteur financier a renoué avec les énormes profits sur les marchés des capitaux à travers les pays riches et à revenu intermédiaire, mais des millions de personnes vivant dans la pauvreté n’ont vu aucun rééquilibrage financier – seulement le chômage, des coupures dans les programmes de lutte contre le sida et les programmes de santé, et l’accroissement des inégalités. Si la communauté internationale adopte une taxe de moins de la moitié de 1% sur les transactions financières, nous pouvons mobiliser des centaines de milliards de dollars chaque année pour nous attaquer aux moteurs des inégalités dans le monde : le sida, le changement climatique et la pauvreté.

C’est une idée audacieuse qui est axée sur la création d’un flux de recettes durable et innovant à partir de transactions qui génèrent des milliards de dollars de bénéfices, et qui en nous écartant des disparités, nous rapprochera de la justice, de l’égalité et de l’équité.

C’est une idée qui arrive à point nommé.

 

Publication: 20/06/2012 06:00  /  huffingtonpost.fr

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2 COMMENTAIRES

  1. TOUT EST UNE QUESTION DE VIE COMMUNE, DE JUSTICE SOCIALE, D’ÉQUITÉ ET DES RÈGLES ASSOCIÉES AFIN D’ÉTABLIR UNE INTÉGRATION ET UN DÉVELOPPEMENT ÉQUITABLES DE TOUTES LES COMMUNAUTÉS

    Bonjour,

    Je suis Touareg n’adhérant pas au MNLA et contre ses atrocités.

    J’ai échangé sur la crise Malienne avec plusieurs internautes, dont la majorité sont Maliens.

    Vous trouverez plusieurs de ces échanges sur internet, exemple sur Maliweb. Je reviendrai ici sur certains points, en particulier les liens des communautés Songhoi et Peulhs avec la communauté Touareg.

    Il faut savoir que, de tout le temps, les Songhoi ont pratiquement habité près du fleuve et les Tamasheq souvent dans la campagne à cause de leurs animaux qui doivent être proche des pâturages. Ce qui fait qu’il y a toujours eu une complémentarité entre ces deux communautés, les Songhoi, souvent sédentarisés et habitant près du fleuve et les Tamasheq très souvent habitant dans la campagne pour leurs animaux.

    Chaque communauté a besoin de l’autre, exemple les Songhoi logent, en général, les Touaregs quand ils viennent en ville et vice-versa. Ainsi, au fil du temps, les mariages inter-communautés aidant, aucune communauté ne peut se passer de l’autre et elles vivent dans l’harmonie et la complémentarité. Un vrai cordon ombilical relie ces deux communautés sœurs.

    Malgré quelques discordes entre les agriculteurs, souvent de la communauté Songhoi, et les Touaregs concernant le fait que les animaux de ces derniers broutent à proximité des champs vivriers des Songhoi. Ce qui peut amener des dégâts, expliquant ces discordes passagères qui se sont toujours terminées en bon terme.

    Ce sont, entre autres, ces types de liens qui font que ce cordon ombilical qui relie les Touaregs aux Songhoi ne peut pas se rompre brutalement.

    Avec les Peulhs, le partage de la vie nomade dans la campagne, avec leurs animaux, explique de grandes proximité et complicité avec les Touaregs.

    Mais, des dérapages et des atrocités ne peuvent pas continuer indéfiniment de la part des Touaregs qui les commettent, ou des membres du MNLA depuis cette rébellion (car certains de leurs membres ne sont pas Touaregs) sans que les autres communautés du Nord-Mali, et du Mali en général, ne réagissent.

    Malgré tout, il faut donc se pardonner, se réconcilier et trouver une solution durable, avec de véritables «garde-fous» (critères sévères), basée, entre autres, sur le respect mutuel, la considération mutuelle, la reconnaissance du rôle et de la place que chacun occupe, le droit de chacun à se développer, à développer sa communauté, à développer sa région, la justice sociale, l’existence d’une solidarité, qui a toujours existé, entre communautés mais aussi le principe d’équité et d’une intégration équitable de toutes les communautés dans la région et la gouvernance des collectivités territoriales, leur gestion équitable et les découpes des zones qu’elles occupent.

    Ces critères sévères, qui ne sont pas exhaustifs, doivent être surveillés conjointement par les communautés qui vivent au même endroit, dans la même commune, dans la même région en liaison avec les gouvernances régionale et globale.

    Vous voyez qu’un travail en profondeur doit être fait pour que des frères et des sœurs ne sentent pas que leurs parents favorisent l’une ou l’un d’entre eux au risque d’une cassure de la cohésion familiale.

    Ce n’est pas évident, n’est-ce pas ?

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC et Gouvernance
    E-mail : Anasser_AgRhissa@yahoo.fr

  2. Focussons nous sur nous memes, l’egalite et la justice sont des combats de longue haine et avec un grand changement, de comportement et de mentalite, peut etre que nous y arriverons.

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