La mission onusienne décriée : Ce qui est reproché à la Minusma !

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Des voix s’élèvent à Bamako et plusieurs localités de l’intérieur pour réclamer le départ de la Minusma. Ainsi, une énième manifestation a été organisée, le jeudi 25 mai 2023, à l’appel de certaines associations et mouvements de la société civile pour dénoncer cette présence onusienne au Mali. Qu’est qui motive la colère des Maliens contre la Minusma ? Que reproche-t-on à cette mission ? Qu’est ce qui explique l’exaspération des populations contre les casques bleues ? Réponses.

C’est désormais une certitude ! Après le départ de la force française Barkhane, une frange importante des populations Maliennes veulent, aujourd’hui, la fin définitive de la mission onusienne au Mali, une mission qui fait l’objet de nombreuses critiques à Bamako et à l’intérieur du pays. Et le jeudi 24 mai dernier, une mobilisation monstre s’est déroulée au Palais des sports, à l’initiative de plusieurs associations et mouvements de la société civile. Les banderoles affichées ça et là traduisaient le sentiment des manifestants.  On pouvait lire, entre autres, « Justice pour les victimes civils tuées par la Minusma à Gao et à Sévaré » « Minusma dégage » ou encore « Carton pour la Minusma »…

Dans la foule, certains manifestants avaient du mal à contenir leur colère contre une mission déployée en 2013, avec pour mission d’aider les Maliens à stabiliser leur pays. L’enthousiasme du départ fait, aujourd’hui, place à une grosse déception et de nombreuses questions qui, pour le moment, n’ont pas de réponses. Parmi les questions, objets du ras-le-bol exprimé ces derniers temps à Bamako, l’on retient : Pourquoi la Minusma ne s’implique-t-elle pas dans la protection des populations maliennes ? Pourquoi cette mission ne s’engage-t-elle pas pour lutter contre le terrorisme ? Pourquoi n’assiste-t-elle pas les FAMA pour libérer les localités maliennes occupées par des djihadistes ? Que fait la Minusma contre des groupes terroristes comme Aqmi, GSIM, l’EIGS et autres qui se sont implantés dans le nord du Mali ? La Minusma est-elle au Mali pour sécuriser le pays ou faire du tourisme ?

Mandat de départ

Il est à rappeler que dès le départ le mandat de la Minusma était axé sur la stabilisation des principaux centres de population et le soutien au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le pays. Ce mandat comportait également d’importantes dispositions visant à faciliter la mise en œuvre d’une feuille de route transitoire, notamment un dialogue national entre les autorités et les communautés du nord.

Mais dès le départ, de sérieux problèmes se sont posés sur l’intervention onusienne dans notre pays. Alors que la plupart des troupes de l’ONU étaient stationnées dans les villes, des groupes armés de toutes sortes ont proliféré dans les zones rurales, laissant les populations à la merci des terroristes. Une majorité de Maliens (en particulier dans le centre) considèrent que la Minusma est inefficace en matière de sécurité…

Autre problème, il est lié au mandat même de la mission. En effet, l’ONU ne permet pas à ses troupes de mener des opérations contre des groupes armés et terroristes qui opèrent au Centre et au Nord du Mali. Alors la question majeure est de savoir comment sécuriser et stabiliser un pays sans le débarrasser de groupes terroristes qui se baladent au nez et la barbe des soldats de l’ONU. C’est cette inaction contre les terroristes qui pousse, aujourd’hui, certains Maliens à parler de complicité entre la Minusma et les groupes terroristes.

Les réserves des Autorités maliennes

Outre la colère populaire qui s’exprime, il faut dire que les Autorités maliennes et l’ONU ont du mal à accorder leur violon au sujet du mandat de la Minusma. En effet, lors de la réunion consacrée au renouvellement du mandat de la Minusma devant le Conseil de sécurité, le 13 juin 2022, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale avait demandé à ce que la nature de la Minusma soit adaptée pour mieux protéger les populations : « Dans cette perspective, il est indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique. Il y a lieu de clarifier contre qui on veut protéger les populations, sachant que la menace principale provient des groupes armés terroristes. Comment la Minusma peut-elle protéger les populations si elle n’est en mesure de faire face à la menace ?

Dans ce contexte, le mandat de la Minusma doit obligatoirement prendre en compte la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali, qui sont désormais en première ligne face aux groupes terroristes».

L’autre pomme de discorde entre l’ONU et notre pays concerne la libre circulation de la Minusma sur le territoire national. A ce sujet, l’Ambassadeur Représentant permanent au Nations-Unies, M. Konfouro a réitéré la « ferme opposition » des autorités de la transition quant à la liberté de mouvement de la Minusma dans l’exécution de son mandat dans le domaine des droits de l’homme. Le Mali a toujours coopéré de bonne foi avec la force onusienne depuis sa mise en place en 2013, a-t-il affirmé. Toutefois, pour des impératifs de respect de la souveraineté du Mali, de coordination et de sécurité, les « mouvements de la Minusma ne peuvent se faire qu’avec l’accord des autorités compétentes maliennes », a-t-il déclaré. Le Mali « n’est pas en mesure de garantir la liberté » de mouvement pour des enquêtes de la Minusma sans l’accord préalable du Gouvernement, a-t-il poursuivi. Par conséquent, le Mali « n’entend pas exécuter ces dispositions », malgré leur adoption par le Conseil de sécurité.

Mémé Sanogo

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