Interrogations sur le mandat de la force de l’ONU au Mali

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Soldat français positionné à Gao, près du fleuve Niger, jeudi 4 avril 2013. | JOEL SAGET/AFP
Soldat français positionné à Gao, près du fleuve Niger, jeudi 4 avril 2013. | JOEL SAGET/AFP

L’ONU se prépare sans y croire à “stabiliser” le Mali. Si l’ensemble des 15 pays membres du Conseil de sécurité soutiennent la création d’une “mission intégrée de stabilisation multidimensionnelle”, appuyée par une force dite “parallèle” pour combattre les extrémistes islamistes, la prise de risque pose problème à plus d’un. A commencer par les traditionnels pays contributeurs de troupes comme l’Inde, le Pakistan ou bien encore le Guatemala qui défend l’idée d’un usage de la force uniquement en cas de légitime défense. Exception faite, peut-être, du Maroc, autre grand contributeur, considéré par Paris comme l’un de ses meilleurs alliés dans ce dossier, d’autant plus apprécié qu’il est un pays arabe. Et donc très courtisé.

En visite d’Etat dans le royaume, François Hollande n’a pas manqué de saluer le“soutien précieux” apporté par le roi Mohammed VI dès le début de l’intervention militaire française au Mali, alors que le monde arabe dans son ensemble observait, au mieux, une prudente réserve sur le sujet. “Je tiens à vous remercier chaleureusement, Sire, pour les mots que vous avez prononcés au sommet islamique de Djedda”, a souligné, mercredi 3 avril, le chef de l’Etat lors du dîner officiel offert par le monarque. “Pays saharien, riverain du Sahel, vous savez mieux que d’autres ce qui est en jeu, a poursuivi, jeudi, M. Hollande devant les parlementaires marocains réunis, qui ne partagent pas tous, loin s’en faut, notamment au sein du parti islamiste Justice et développement (PJD), au pouvoir depuis novembre 2011, la solidarité royale à l’égard des positions françaises. “Le Conseil de sécurité est prêt à déployer une opération de maintien de la paix, la France y prendra sa part”, a insisté M. Hollande.

Dans l’entourage du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, la nature inédite de l’opération de stabilisation à venir – intervenant en l’absence de tout accord de paix et contre l’avis d’une des parties – est pointée du doigt. Les comparaisons avec les djihads menés en Somalie et en Afghanistan abondent. Autant d’éléments risquant d’amener le Conseil de sécurité à accorder un mandat“pas assez robuste” aux casques bleus, craignent des experts militaires.

DES CONTOURS DÉLIBÉRÉMENT FLOUS AUTORISANT UNE LIBERTÉ D’ACTION SUR LE TERRAIN

Le vote en février de la résolution 2098, autorisant la création d’une brigade d’intervention rapide en République démocratique du Congo (RDC), a eu un impact inattendu sur le dossier malien, explique un diplomate, qui va jusqu’à parlerde “traumatisme”. Selon lui, le Conseil de sécurité a voté contre son gré en faveur de cette force à mandat offensif, les pays africains la réclamant à cor et à cri. Leurrefuser en pleins préparatifs du déploiement d’une opération de maintien de la paix (OMP) de 11 000 hommes au Mali, “n’aurait pas été politiquement correct”, insiste-t-il. Or ce vote crée un précédent dont se seraient bien passés Indiens, Pakistanais et Guatémaltèques. Le dogme même du maintien de la paix s’en trouve chamboulé. “La crainte de mélange des genres retranche toute une série d’acteurs derrière des principes très conservateurs”, souligne une source militaire à l’ONU.

La volatilité de la situation sécuritaire sur le terrain pourrait compliquer la tâche des Français, chargés de rédiger la résolution censée valider le déploiement de la future OMP et d’en définir les contours. L’adoption du texte que la France devraitsoumettre à ses 14 partenaires est prévue pour la fin avril. La transition de la Misma (force panafricaine) à une OMP “doit intervenir dès que les conditions de sécurité le permettront”, a souligné l’ambassadrice américaine Susan Rice.

Des analyses sécuritaires seront régulièrement menées et les 15 pays membres informés, assurent les Français, qui se disent prêts à apporter leur soutien “en cas de coup dur”. C’est tout l’enjeu de ce que le patron de l’ONU a baptisé la“force parallèle”, obéissant à des “règles d’engagement fermes et autorisée à utiliser” tous les moyens nécessaires “pour contrer les menaces susceptibles d’entraver l’exécution de son mandat”.

Elle devrait in fine être composée uniquement de Français – “un millier d’hommes”, indiquait, en marge de la visite d’Etat de M. Hollande à Rabat, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius. Cette force parallèle devrait bénéficier de moyens (aériens et renseignements) extérieurs. Un schéma façon Licorne en Côte d’Ivoire, apportant à l’ONU une capacité de dissuasion lui faisant défaut, et aux contours délibérément flous autorisant, sur le terrain, une liberté d’action.

 

Par Alexandra Geneste et Isabelle Mandraud

 

lemonde.fr

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1 commentaire

  1. Il faut a mon avis laisser tomber ces pays dits gros contributeurs de casque bleus, comme l’inde, le pakistan et autres dans cette affaire du mali en particulier et de l’Afrique de l’Ouest en general. Utilisons les soldats Ouest-africains ou tout au plus ceux venus d’ autres coins de l’afrique. Meme les soldats magrebins sont disqualifie’s a intervenir chez nous.
    La preuve, voyez vous en RDC, avec 19.000 hommes dont plus de 10.000 Indiens et pakistanais, ils font rien pour contre carrer l’avancee de quelques milliers de rebelles, mal forme’s, mal equipe’s. Alors qu’eux sont superbement equipe’s par les NATIONS UNIES. En fait, comprennez mes chers africains, que ces asiatiques n’ont aucun interet que ces conflits lointains (de chez eux)ne s’arretent. Alors que nos soldats Ouest Africains sont directement ou indirectement concerne’s, donc le niveau d’engagement sera totalement different. Franchement, optons pour eux et un millier de francais, c tt. merci

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