Le coût de 02 études commandées par le Nigérien Maman Sidikou, ancien Secrétaire exécutif du G5 Sahel, l’une à 250 000 euros (plus de 163 millions FCFA), et l’autre à 300 000 (196,5 millions FCA) euros fait polémique.
Le site « Confidentiel Afrique » qui révèle l’information parle de marchés surévalués financièrement octroyés à la Française Niagalé Bagayoko et au Burkinabè Tertius Zongo, ex-Premier ministre de son pays. Dr. Niagalé Bagayoko s’en défend et parle d’une diffamation.
Le G5-Sahel, qui regroupe le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina-Faso et la Mauritanie, est dans la tourmente. En cause, l’attribution de deux marchés à la Française Niagalé Bakayoko (250 000 euros) et au Burkinabè Tertius Zongo (600 000 euros).
Selon le site panafricain « Confidentiel Afrique, qui révèle l’information, les deux bénéficiaires ont la forte réputation d’être des proches inoxydables au diplomate nigérien, Maman Sidikou. Ce dernier est, depuis quelques mois, nouveau Haut-représentant de l’Union africaine au Sahel et au Mali, en remplacement de Pierre BUYOYA.
Ce qui agace dans cette affaire de marchés aux allures de bamboula restreinte, souligne le site panafricain, c’est bien l’inopportunité de payer ‘’gracieusement’’ des amis, au moment où à chaque raout des chefs d’État du G5 Sahel, la question lancinante des financements est posée pour solliciter auprès des partenaires financiers la mise à disposition des ressources financières substantielles afin de mener la lutte antiterroriste.
Deux factures astronomiques qui sentent du copinage
La note payée à ces deux gâteux bénéficiaires fait saliver. Ces marchés payés de façon ostentatoire électrocutent tous les spécialistes et chercheurs sur le Sahel ou présumés tels et dont Confidentiel Afrique possède une copie.
Citoyenne française, et jusqu’il y a peu épouse d’un ambassadeur de France et ex-conseiller du président François Hollande, Niagalé Bagayako, s’est vu octroyer par le Secrétariat exécutif du G5 Sahel, sous la direction du Nigérien Maman Sambo Sidikou, un contrat pour une étude sur « Les causes profondes des violences et conflits communautaires dans l’espace du G5 Sahel ». Faisant 80 pages environ, ce travail payé à plus de 163 millions de francs CFA, soit 250000 TTC, n’est ni spécialement bien rédigé, ni franchement remarquable par son contenu.
Le document dont l’auteur ne parle aucune langue sahélienne, selon « Confidentiel Afrique », n’a d’ailleurs toujours pas été rendu public dans son intégralité par l’institution. « Seul un résumé de quelques dizaines de pages a été publié sur le site du G5 Sahel, comme si l’organisation a des raisons de ne pas divulguer ce travail dont elle redouterait, peut-être, qu’il soit très mal accueilli, en raison de sa piètre qualité notamment », rapporte le site panafricain.
Selon plusieurs chercheurs et experts notoirement reconnus pour leurs compétences et la qualité de leur travail sur le Sahel et ce genre de sujets, le prix payé à cette ancienne fonctionnaire de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), inconnue dans le Sahel avant sa conversion en ‘’spécialiste’’ de la région dans la foulée du déclenchement de la guerre contre les jihadistes en 2013, est dix fois supérieur aux tarifs internationaux habituellement pratiqués dans ce genre de contrats.
La seconde étude attribuée à l’ancien Premier ministre du Burkina-Faso, Tertius Zongo, et remise en novembre 2020 a été payée, elle, à plus de 336 millions de FCFA, soit 600 000 euros TTC. Faisant 32 pages rallongées par des annexes, et rédigée dans un style rappelant celui d’un rapport de fin d’études d’un étudiant en finances publiques, ce travail au titre kilométrique et indéchiffrable pour les non-initiés, les chefs d’État notamment, est pompeusement intitulé : « Étude sur les dépenses de sécurité et leurs effets d’éviction sur le financement des dépenses de développement dans les pays du G5 Sahel ».
Dr. Niagalé Bagayako s’en défend et parle de diffamation
Comme celui réalisé par la Française Niagalé Bagayako, le rapport de l’ex-chef du gouvernement burkinabé a lui été payé sur les fonds spéciaux du Secrétariat exécutif du G5 Sahel et sur instruction de Maman Sambo Sidikou, lequel vient d’ailleurs tout juste de quitter ses fonctions pour un poste plus prestigieux de Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel.
Sur Twitter, Dr. Niagalé Bagayako s’en défend et parle de diffamation. Dans un long communiqué en guise de droit de réponse, l’African Security Sector Network (Réseau Africain du Secteur de la Sécurité) dont elle assure la présidence indique que « Le contrat relatif à la réalisation d’une « étude sur les causes profondes sous-tendant les conflits communautaires dans l’espace du G5/Sahel » a été obtenu par l’ASSN – et non pas par sa Présidente suivant l’appel d’offre « AVIS A MANIFESTATION D’INTERET n°0003-2019 » publié par le G5/Sahel le 30 avril 2019 avec date de clôture le 30 mai 2019.
Le communiqué indique que Dr. Bagayoko n’a jamais collaboré professionnellement avec le Secrétaire exécutif du G5/Sahel SEM Maman Sidikou avant que ne débute cette étude, ni entretenu avant ou après cette date la moindre relation d’ordre personnel avec lui.
La réalisation de l’étude, avant tout qualitative mais assortie d’un volet quantitatif à la demande du G5/Sahel, a mobilisé une dizaine d’enquêteurs sur le terrain tous équipés de Smartphones et transportés à ses frais.
Contrairement à ce qu’écrit le site panafricain, le communiqué assure que la version définitive de l’étude –intégrant l’ensemble des commentaires formulés lors du Comité de validation ainsi que l’étude de cas supplémentaire pour le Burkina Faso– a été restituée par l’ASSN au G5/Sahel le 2 juin 2020 et est accessible sur demande auprès du service de communication de celui-ci. Les autres mises en cause n’ont pour le moment pas encore réagi.
Cheick Bougounta CISSE avec Confidentiel Afrique