Depuis son déploiement au Mali, la Mission des Nations unies pour la stabilité au Mali (Minusma) a alimenté toute sorte de controverses, engendrant des interrogations légitimes et des soupçons les plus infondés, qui frisent le complot.
L’opinion, faute d’une bonne connaissance du sens et de l’engagement de la force de l’ONU, avait pensé que son arrivée au Mali signerait la mise en déroute du dernier djihadiste. Elle reste confuse, après avoir compris que la lutte contre le terrorisme n’est pas au cœur du mandat de la mission onusienne.
Les missions de l’ONU échoueront toujours lamentablement tant qu’elles n’auront pas le courage de dire à chaque acteur des pays en crise son fait. La Minusma a été témoin de toutes les violations du pacte électoral et démocratique par le régime d’IBK et des institutions à sa dévotion pour se tourner plutôt vers les victimes pour demander l’apaisement. Quand on a la stabilisation comme l’un des objectifs de son mandat, on surveille d’abord les pyromanes qui ont détourné le suffrage des Maliens pour repêcher des candidats aux législatives.
Une Minusma courageuse aurait dû dire au président ainsi qu’aux petites mains qui, à la Cour constitutionnelle, tricotent cette stratégie tortueuse d’arrêter de fragiliser le pays avec les germes d’une crise politique d’envergure.
Ce silence qui confine à la lâcheté a été exploitée depuis 2013 par le régime qui s’est permis même de convoquer le Représentant spécial du Secrétaire général, Mohamed Saleh Annadif, à l’Assemblée nationale pour le chapitrer sur l’engagement ou le non engagement de la Minusma. Heureusement que le sang tchadien qui coule dans ses veines lui a donné le ressort nécessaire pour répliquer à ses contradicteurs sans langue de bois.
Pour ce pouvoir de noceurs, la Minusma et Barkhane sont perçues comme des forces envoyées chez nous pour veiller à sa quiétude.
L’insouciance des gouvernants maliens horripile jusqu’au sein de la mission des Nations unies où mezza voce, on ne se prive pas de rappeler combien l’effort de la communauté internationale manque de répondant au niveau national.
La Minusma serait plus crédible si au lendemain de la « nomination » des députés par la Cour constitutionnelle, elle était allée dire à IBK d’arrêter de jouer avec le feu. Consciente d’une totale impunité, Sébénikoro a poussé un peu plus loin son pion en faisant nommer à son tour “un député” frauduleusement repêché comme président de l’Assemblée nationale. Ce, dans un jeu de poker-menteur configurant les intentions pour 2023. Si jamais la Minusma était encore là à cette date, (ce qui est fort probable), elle aura assez de cran pour nous dire d’accepter le choix de Manassa et des juges courbés de la Cour constitutionnelle ; parce que c’est la loi même si le choix porte sur le palefrenier du président, à défaut d’être son fils.
Tout porte à croire que la Minusma a été attrapé par le “syndrome des familles fondatrices de Bamako”. C’est une curieuse pathologie qui amène le médiateur à défendre le riche quand il spolie la veuve et l’orphelin, à livrer le faible au fort.
Tous les faits et actes contestables au cœur de la crise l’ont été par le pouvoir. Donc la solution, elle, ne peut se trouver que du même côté. Que la Minusma arrête d’aller troubler la quiétude des populations de Badalabougiu dans un ballet de 4×4 qui ne rehausse pas son image.
Les problèmes du Mali sont connus. Leurs auteurs aussi. On attend juste le courageux médiateur qui osera le dire et surtout les affronter.
Bakary Diarra