RECUEILLEMENT. L’émotion était vive à Abidjan, au moment de rendre hommage aux premiers Casques bleus ivoiriens tués en opération extérieure.
émotion était palpable ce lundi 25 janvier au quartier général de l’armée à Abidjan. « Il n’y a pas meilleure mort que celle qui est la vôtre. Mourir au combat. Mourir au champ d’honneur. Mourir arme à la main. Mourir dans l’accomplissement de son devoir au nom de la Côte d’Ivoire et de la paix en Afrique », a prononcé solennellement Lacina Doumbia, le chef d’état-major des armées ivoiriennes, faisant face aux quatre cercueils ornés du drapeau orange, blanc, vert. « Vous êtes de retour chez vous sur la terre de vos ancêtres. Vous êtes de retour chez vous sur la terre qui vous a vu naître. La nation ivoirienne est rassemblée autour de vous en présence du chef suprême des armées qui a tenu à vous honorer » a-t-il poursuivi alors que la Côte d’Ivoire rend ce lundi un dernier hommage national à ses quatre Casques bleus tués début janvier au Mali, les premiers Ivoiriens tués en opération extérieure, en présence du président Alassane Ouattara et du Premier ministre Hamed Bakayoko.
« Vous êtes nos premiers morts en combat »
Les corps des quatre soldats ont été rapatriés vendredi, après une cérémonie au monument aux morts du quartier général de la Minusma à Tombouctou. « Leur départ douloureux rappelle les défis auxquels nous sommes confrontés chaque jour sur le terrain au Mali. Je condamne fermement ces attaques contre le personnel de la Minusma. Il s’agit d’une évolution préoccupante, mais il ne faut pas laisser de tels événements nous décourager », a affirmé Dennis Gyllensporre, commandant de la Minusma, qui avait fait le déplacement à Abidjan.
Les sergent-chefs Yacouba Doumbia, Adama Bakayoko, Amian Jean Bernard Guieguy et le caporal Moustapha Bamba des forces spéciales ont été tués dans l’explosion d’une mine artisanale le 13 janvier entre Douentza et Tombouctou, dans le nord du Mali, où ils étaient en patrouille. Trois d’entre eux ont été tués sur le coup dans l’explosion, le quatrième, blessé par la même explosion, a succombé le lendemain, lors de son évacuation vers le Sénégal. Ils étaient intégrés à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), au sein de laquelle 816 Ivoiriens sont déployés, selon les chiffres onusiens. « Vous êtes nos premiers morts en combat en opération extérieure », a souligné le général Doumbia. « Cet événement malheureux, qui nous attriste, ne saurait nous ébranler dans nos convictions. Bien au contraire. Notre engagement en sort renforcé. Si la paix en Côte d’Ivoire, la sécurité de nos concitoyens, nos épouses et nos enfants doivent s’obtenir par le prix du sang, nous sommes prêts à nous en acquitter, même loin de chez nous », a-t-il ajouté, visiblement très ému et la voix nouée.
Un geste également en direction des familles
« Je suis vraiment fier de mon fils, de son travail. Il a choisi. Il faut respecter ton travail. Ce qui t’arrive, tu assumes », a affirmé à l’AFP Michel Amian Guieguy, père du sergent Bernard Armand Guiegui. Les quatre soldats ont été faits chevaliers de l’ordre national. Vendredi, le Premier ministre avait remis une enveloppe de 15 millions de francs CFA (environ 23 000 euros) à chacune des quatre familles de victimes. Peu de pays de la sous-région remettent aux familles de soldats tués au combat une enveloppe financière. La mission de l’ONU au Mali, présente dans le pays depuis 2013, est forte de 15 000 hommes et femmes, dont environ 12 000 militaires, très majoritairement africains.
Depuis son déploiement, la Minusma a perdu 146 de ses membres dans les hostilités, dont 60 l’ont été pendant ou à la suite d’explosions d’engins improvisés, l’un des modes opératoires parmi les plus utilisés au Sahel par les groupes djihadistes, pour certains affiliés à Al-Qaïda et pour d’autres à l’organisation État islamique. Le secteur où a eu lieu l’attaque est le champ d’action du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, Jnim en arabe), affilié à Al-Qaïda, et non de l’organisation État islamique (EI), active ailleurs au Mali. Le GSIM a déjà revendiqué l’activation d’engins explosifs improvisés qui ont causé la mort de cinq soldats de la force anti-djihadiste française Barkhane le 28 décembre et le 2 janvier au Mali.
À la fin de la cérémonie, c’est le chef de l’État Alassane Ouattara qui a remis officiellement le drapeau aux parents des premiers soldats ivoiriens tombés au combat au Mali.
SOURCE: https://www.lepoint.fr/afrique