Le Conseil de sécurité rappelle la résolution 2423 (2018) dans laquelle il a exhorté le Gouvernement malien et les groupes armés de la Plateforme et de la Coordination à prendre immédiatement des mesures concrètes pour appliquer des dispositions clefs de la Feuille de route adoptée le 22 mars 2018 sur une période de six mois.
Le Conseil prend bonne note de certains progrès accomplis dans l’exécution de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali depuis l’investiture du Président Keita le 4 septembre 2018. Il constate que davantage de mesures ont été prises durant les huit derniers mois qu’au cours des premières années ayant suivi la signature de l’Accord, qui se sont caractérisées par une certaine lenteur au niveau de la mise en œuvre. Il se félicite de : la tenue, dans le calme, de l’élection présidentielle, avec l’appui des groupes armés signataires ; de quelques progrès dans le processus de décentralisation, y compris grâce à l’adoption d’un décret fixant les modalités du transfert aux collectivités territoriales des services déconcentrés de l’État, selon leurs domaines de compétence respectifs ; de nouvelles mesures en vue de l’entrée en activité des administrations intérimaires dans le nord du Mali ; de l’enregistrement de tous les combattants admissibles aux fins du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration et du lancement d’un processus accéléré à l’intention de 1 423 combattants ; de l’adoption d’un décret fixant les modalités d’intégration dans les Forces de défense et de sécurité maliennes réformées et reconstituées ; et d’une plus grande représentation des femmes dans le Gouvernement actuel.
Le Conseil note que la mobilisation du Premier ministre à l’appui de l’application intégrale, effective et sans exclusive de l’Accord, ainsi que la pression exercée par la communauté internationale, y compris la perspective de sanctions, ont constitué autant de facteurs pour obtenir ces résultats positifs. Il compte continuer de surveiller de près l’application de l’Accord. Il souligne que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ainsi que les autres forces de sécurité évoquées dans la résolution, contribuent considérablement à l’application de l’Accord et à la stabilisation du Mali. Il se félicite des mesures prises par la Minusma pour adopter une démarche plus robuste au cours des derniers mois, ainsi que de l’intensification de la fréquence et de l’ampleur de ses opérations.
Le Conseil regrette vivement que plusieurs dispositions de l’Accord évoquées au paragraphe 4 de la résolution n’aient pas encore été pleinement appliquées, voire amorcées, malgré ses appels répétés dans ce sens, ces derniers mois : l’adoption, à la suite de consultations en bonne et due forme, d’une loi portant création d’une police territoriale à l’échelle régionale ; l’affectation des ressources humaines, techniques et financières nécessaires aux administrations intérimaires dans le nord du Mali pour qu’elles puissent s’acquitter de leur mission ; l’intégration complète d’au moins 1000 membres des groupes armés signataires aux Forces de défense et de sécurité maliennes ; le début de la réinsertion socioéconomique des membres des groupes armés signataires non intégrés, avec le concours de partenaires internationaux ; des progrès en vue du développement socioéconomique du nord du Mali, grâce à l’adoption d’une loi portant création de la zone de développement des régions du nord ; une plus grande participation des femmes aux mécanismes établis par l’Accord en vue d’en appuyer et d’en suivre la mise en œuvre.
Le Conseil note que les délais prolongés sur le plan de l’application concourent à un vide politique et sécuritaire qui met en péril la sûreté et la sécurité du Mali, ainsi que la viabilité de l’Accord. Il rappelle les dispositions de la résolution dans laquelle il avait affirmé son intention de suivre de près la mise en œuvre de la Feuille de route adoptée le 22 mars 2018 et de répondre au moyen des mesures prévues par la résolution dans le cas où les parties ne respecteraient pas les engagements convenus selon le calendrier prévu. Il souligne qu’il incombe au premier chef à toutes les parties à l’Accord de faire des progrès constants pour ce qui est de son exécution. Il les exhorte à s’abstenir de tout acte qui porterait atteinte à la mise en œuvre de l’Accord. Il demande à toutes les parties prenantes au Mali d’appuyer les décisions nécessaires en vue de la pleine application de l’Accord, d’une manière inclusive.
Le Conseil souligne qu’une paix et une sécurité durables ne pourront être établies dans la région du Sahel qu’au moyen de l’application intégrale, effective et sans exclusive de l’Accord et d’un train de mesures politiques, de sécurité et de développement au bénéfice de toutes les régions du Mali. Il souligne l’importance d’une mise en œuvre inclusive de l’Accord, qui associe toutes les parties maliennes ayant soutenu le processus de paix.