La Charte de l’ONU (Article 97) stipule que son Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale (AG) sur recommandation du Conseil de sécurité. Pour que cela change, et que les 193 Etats membres de l’Organisation des Nations Unies aient voix au chapitre en la matière, la Campagne 1 pour 7 milliards, trouver le meilleur dirigeant de l’ONU, a été lancée en mars dernier.
1 pour 7 milliards est une campagne mondiale, soutenue par des organisations et des individus déterminés à obtenir le meilleur Secrétaire général de l’ONU. Son Comité Directeur informel compte les structures suivantes: Avaaz, Friedrich Ebert Stiftung – New York, United Nations Association – UK et World Federalist Movement – Institute for Global Policy.
Le Réseau Femnet étant membre de la dernière citée, son répondant au Mali, Musonet, assure le leadership de cette campagne dans notre pays. Sa Présidente, Mme Mama Koité, était face à la presse le 2 septembre dernier, en compagnie de Me Amadou Tiéoulé Diarra et de Mme Touré Yaba Tamboura, Conseillère Genre au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et Présidente du Collectif des Femmes du Mali (COFEM).
Selon les initiateurs de la campagne, le rôle du Secrétaire général a considérablement évolué. Il s’est élargi et est devenu beaucoup plus important depuis la création de l’ONU. À l’heure actuelle, il travaille avec 193 États membres, dirige plus de 40 000 employés et supervise le travail des 30 fonds, programmes et organismes de l’ONU, qui traitent d’un large éventail de questions relevant du secteur humanitaire et du développement international.
Paradoxalement, alors que l’ONU s’est considérablement développée et que ses responsabilités se sont largement accrues au cours des 70 dernières années, le processus de sélection de son dirigeant a été défini par des pratiques coutumières, informelles et caduques, pour ne pas dire peu transparentes et peu démocratiques.
Car, et contrairement à d’autres organisations internationales, l’ONU n’a pratiquement pas de règles publiques établies ou de critères formels pour la sélection du Secrétaire général. Au lieu de cela, la Charte de l’ONU de 1945 et une résolution adoptée l’année suivante par l’Assemblée générale de l’ONU continuent de fournir les seules dispositions formelles et très larges relatives aux processus de nomination du Secrétaire général.
Les gouvernements proposent leurs candidats, après quoi le Conseil de sécurité s’accorde à désigner un candidat final – généralement à l’issue d’une négociation secrète entre les cinq membres permanents du Conseil, sous réserve de leur droit de veto individuels. L’Assemblée générale confirme alors le candidat final par un vote majoritaire.
Aucun rapport n’est fait de manière systématique et transparente au cours du processus, y compris sur les informations à partir desquelles les candidats sont évalués. La société civile et le grand public ne sont absolument pas impliqués. À ce jour, aucune femme n’a jamais servi comme Secrétaire général.
La Campagne 1 pour 7 milliards a pour but l’instauration d’un processus de sélection plus ouvert et inclusif, qui engagerait tous les États membres et donnerait aux futurs Secrétaires généraux un mandat plus fort, pour stimuler leur capacité à mobiliser le soutien et faire avancer les grandes priorités de l’ONU.
Ce processus permettrait de revitaliser l’ONU, d’améliorer son efficacité et sa crédibilité, de réaffirmer son autorité mondiale et d’obtenir le soutien de l’opinion publique. En outre, un mandat unique et plus long (7 ans) permettrait de renforcer le rôle du Secrétaire général de l’ONU et lui fournirait l’espace politique nécessaire pour développer et mettre en œuvre un programme visionnaire à long terme, plus indépendant.
Cette campagne va se poursuivre jusqu’à la fin du mandat du Secrétaire Général actuel, Ban Ki Moon, en décembre 2016. Pour lui donner plus d’écho, toutes les personnes physiques et morales qui sont favorables à cette réforme sont invitées à manifester publiquement leur point de vue sur le site www.1for7billion.org/french, pour les francophones.
Ramata Diaouré