73e Assemblée générale de l’ONU: le Mali va-t-il rater le coche ?

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Alors que l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger devait être au programme des débats de la 73e session de l’Assemblée générale de l’ONU ouverte ce 24 septembre, l’annulation de la tenue du 38e CSA à Kidal constitue toujours un point de discorde entre le Gouvernement et la CMA qui attend toujours une réponse à son exigence ‘’de rencontrer le gouvernement malien dans un pays neutre’’. Pendant ce temps, les jihadistes et autres trafiquants de stupéfiants et d’armes tissent leur toile à la grande douleur des populations.

Ce mardi 24 septembre2019, à New York, s’est ouverte officiellement l’Assemblée générale de l’ONU, la réunion annuelle des chefs d’État et de gouvernement. Il s’agit d’une occasion pour les dirigeants du monde entier de livrer leur vision de la situation, mais aussi de rencontrer leurs homologues pour des entretiens privés. Selon des sources diplomatiques, c’est la Libye et surtout le Sahel qui sont deux importants dossiers africains les plus attendus dans les débats.

Déjà, au regard de la profondeur des divergences entre le gouvernement et une des parties signataires de l’Accord pour la paix, la CMA, notre pays risque de rater le coche. Et pour cause ? Le Mali devait faire le point de la mise en œuvre de l’Accord à l’aune de la 38e session du Comité de suivi de l’Accord qui devrait se tenir, ce 17 septembre 2019, à Kidal, et qui malheureusement été reportée à une autre date. Depuis, la Coordination des mouvements armés refuse de se réunir avec le gouvernement du Mali si ce n’est dans un pays ‘’neutre’’. Pour, dit-elle, aplanir les différends dans la mise en œuvre de l’Accord. Les ex-rebelles de Kidal ont donc suspendu leur participation au processus de paix qui est dans l’impasse actuellement.

Les ex-rebelles qui reprochent aux autorités nationales de décider unilatéralement l’annulation de la tenue de la réunion de Kidal demandent : « une réunion urgente et avant toute autre étape avec la communauté́ internationale et les autres parties de l’accord dans un lieu neutre pour clarifier l’ensemble des questions pendantes notamment la « raison d’État impérative » qui a motivé́ l’annulation de la 38e session du CSA, afin de procéder à une évaluation transparente de la situation actuelle et de la gouvernance de l’accord gouvernement ».

Le gouvernement qui n’entend pas les choses de cette manière est à la recherche d’un terrain d’entente avec les ex-rebelles, mettant le processus de paix dans une nouvelle impasse. Du coup, cette situation risque de bousculer le programme du Mali à cette session de l’Assemblée générale de l’ONU que devrait aussi débattre des conclusions du 38e CSA.

Pour rappel, la dernière session du CSA remonte au 19 août 2019 au cours de laquelle, les participants ont apprécié la question de la formation des éléments du MOC qui ont été déclarés aptes à l’intégration. A ce propos, Ahmed Boutache a confié qu’il y a déjà 1 005 éléments qui ont rejoint le centre de formation et que 295 autres les rejoindront bientôt.

Il a été convenu, à ce sujet, que le processus du DDR accéléré, notamment dans son volet screening, doit être parachevé avant le 31 décembre de l’année en cours. Il a aussi été question de la décentralisation, notamment la création de la zone de développement du Nord qui fut créée et que la base légale pour son fonctionnement et sa gestion sera mise en œuvre sans délai.

Ainsi, quatre ans après la signature de l’Accord pour la paix issu du processus de paix, en 2015, très peu d’avancées sont notables au point que la question de Kidal divise de plus en plus les voisins du Mali. Ainsi, le 7 septembre dernier, au cours d’une « visite d’amitié et de travail » à Bamako, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, également président en exercice de la CEDEAO, n’a pas mâché ses mots. Pour lui, Kidal est un « sanctuaire pour les terroristes ». Une accusation injustifiée pour les membres du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Sous prétexte que Kidal abrite de multiples représentants de la communauté internationale, mais surtout des soldats français du dispositif Barkhane et des militaires de la Minusma, la force des Nations unies, qui savent tout ce qui s’y passe. Côté français, on marche sur des œufs. Barkhane ne veut pas être accusée de mettre en péril le processus de paix. D’autant plus que d’ex-rebelles ont parfois servi de supplétifs pour traquer des terroristes issus de clans en général rivaux, ou sur le coup d’une vendetta.

Le temps semble donner raison à l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, pour qui les maîtres actuels de Kidal se plaisent dans l’anarchie actuelle qui y prévaut. Et pour cause : ‘’ Les Ifoghas ne veulent pas non plus d’élection. Ils ont déjà refusé les élections municipales de 2016. Pour eux, le contrôle de Kidal est non négociable et une élection les mettrait sous la dépendance de leurs vassaux imghads. Ils préfèrent de loin le statu quo des actuelles « autorités intérimaires » négocié avec eux’’.

 

Par Sidi DAO

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