Ils étaient là en mars 1991. Ils sont encore là en 2017 mais presque rien n’a changé. Pourtant, en 1991, ils avaient promis mille et une merveille au peuple. Malgré leur échec patent. Ils continuent à endormir le peuple avec discours creux. Il est vrai que le mouvement démocratique a eu le mérite de poser les balises de notre démocratie avec l’acquisition des libertés diverses. Cela est à leur honneur. Mais ils doivent comprendre que le temps est passé et passer le relai à la génération. Ces acteurs du mouvement démocratique qui ont montré leur limite mais refusent toujours de prendre leur retraite politique.
Après avoir chassé le Général Moussa Traoré du pouvoir, suite à une longue et acharnée lutte, les acteurs du mouvement démocratique sont aux commandes des affaires de l’Etat depuis 1992, date à laquelle le Mali a démocratiquement élu un Président de la République. Ce Président répondait au nom de SEM Alpha Oumar Konaré, candidat de l’ADEMA. L’avènement de cette ère politique a fait couler beaucoup de sang. Le Monument des Martyrs, le carré des morts, sont des souvenirs illustratifs de ce moment extraordinaire de la vie de notre pays. Oui ! Le multipartisme a vu le jour. Des partis politiques, associations, médias ont été créés et continuent de se multiplier. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Cette révolution populaire de mars 1991 a réussi parce que les acteurs du mouvement démocratique ont fait des promesses et pris des engagements vis-à-vis du Peuple qui leur a suivi aveuglement. 26 ans après, où en sommes-nous avec les rêves d’une vie descente, d’une meilleure condition de travail, d’une éducation pour tous, d’un enseignement de qualité etc. Certes, des acquis et avancées démocratiques ont été enregistrés, mais force est de reconnaitre que le bilan à hauteur de souhait. Des défis réels persistent. Faute de n’avoir pas su préserver certains de ces acquis, le pays a failli sombrer. N’eut été la bénédiction de Dieu à travers le soutien de la communauté internationale, le Mali serait anéanti à jamais. A qui la faute ? En grande partie responsables de cette tragédie, ces leaders du mouvement démocratique doit faire leur mea-culpa. Ils ont échoué. Où est passée la parole d’honneur. En son temps, ceux qui n’avaient pas plus de 100 000 FCFA dans leur compte bancaire sont devenus des multimillionnaires, voire milliardaires. Rares étaient ceux-là qui habitaient dans leur propre maison. Mais à la faveur de la démocratie, ils ont construit des buildings par ci et par là. Ils se partagent les résidences dans les quartiers huppés de la capitale. D’autres sont devenus des prédateurs fonciers sous la couverture de l’Etat. Dr Oumar Mariko, n’avait t-il raison de dire dans une de ses interviews que « les acteurs du mouvement démocratique sont morts au pouvoir, vaincus, par le mensonge, le vol, la corruption, la délinquance financière, la gabegie, le favoritisme ». Par ces propos, le bouillant président du parti Sadi a reconnu que le Peuple du Mali a été trompé et trahi. Aujourd’hui, les gens ont compris que ceux-là qui ont poussé le Peuple à faire chuter Moussa et le régime de l’UDPM, ont agi pour leur propre intérêt.
Cette génération, en dépit de leur échec, n’entend guère rendre le tablier. Prenant toujours le pays en otage, « ces vieux loups » accusent les jeunes de manque d’expériences pour assurer la relève. Cette analyse ne tient plus, car nombreux sont des jeunes qui assument avec plein de succès des postes de responsabilités. Le Mali a besoin d’une nouvelle génération qui puisse redonner espoir au Peuple. Il appartient à la jeunesse de se retrouver pour prendre son destin en main.
Jean Goïta