Nommé pour reconquérir le cœur des Maliens afin que son mentor prétende à un second mandat, A.I.M. semble sur la bonne voie. Moins de dix jours à la primature, il met fin à plus d’un mois de déboires, de désastres, de ras-le-bol des populations maliennes avec la fin de la grève des blouses blanches. Déjà, il s’emploie à réduire le train de vie de l’administration avec des mesures draconiennes. Pourvu qu’il ne soit pas trahi à l’autel de sa réussite sinon IBK est presque ressuscité.
Au Rpm, malgré le PM et de nombreux postes clés, la tension reste au comble. Les déçus, les décalés et les éternels insatisfaits jasent.
En succédant au pompier de l’ère multipartite et démocratique Modibo Kéïta, Abdoulaye Idrissa MAÏGA sait bien ce qui l’attend, le travail, le travail, le travail avec beaucoup de tacts. Sachant bien que l’heure est grave et que les Maliens crient leur ras-le-bol.
Qu’à cela ne tienne, l’ancien Directeur de campagne d’IBK, A.I.M. jette son dévolu sur 8 femmes et 27 hommes pour reconquérir le cœur des Maliens très déçus de la gestion d’IBK. Radioscopie !
En réalité, il s’agit de la vieillerie pour faire du neuf, pour redorer le blason d’un pouvoir chancelant afin qu’il puisse se faire une nouvelle santé. Dans l’objectif d’un second mandat et surtout de pouvoir tailler sur mesure notre Constitution. D’où un portefeuille bidon de ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat pour Me Kassoum Tapo (Adéma Pasj). Pis, pour jeter l’anathème sur le PM sortant, on fait venir un homme désavoué pour s’occuper d’un département stratégique, Tiéman Hubert Coulibaly au ministère de l’Administration Territoriale. Pour préparer les élections, mais ce choix éveille déjà des soupçons de tripatouillage. Comme si cela ne suffit pas, toujours en sursis au sujet de la signature de l’accord de réadmission Abdramane Sylla (Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine) et Abdoulaye Diop (Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale) se renforcent.
En outre, Me Mountaga Tall (CNID) est viré parce que son parti indique avoir été créé pour la conquête du pouvoir. Ousmane Koné est viré pour sa défaite à Sikasso et la violation d’un texte de nomination à la direction nationale de l’urbanisme.
En effet, au moment où tout le monde attendait un gouvernement restreint, la surprise a été grande avec 35 portefeuilles dont 8 femmes. Du coup, les 30% promis aux femmes n’ont point été respectés. IBK a dit mais il ne l’a pas fait. Cela semble devenir une habitude.
Notons qu’après plusieurs mois de tergiversations, le président IBK s’est finalement décidé de rompre avec son grand frère Modibo Kéïta. En réalité qui n’en pouvait plus. C’est ainsi qu’il jette son dévolu sur celui qui fut son Directeur de campagne en 2013, Abdoulaye Idrissa Maïga. Qui avait en charge le département de la Défense et des Anciens Combattants.
Pour répondre aux attentes du peuple meurtri avec les grèves illimitées, A.I.M. forme un gouvernement à double casquette. Primo, se battre pour redonner espoir au peuple en mettant fin aux multiples crises. Secundo, reconquérir le cœur des Maliens pour la présidentielle de 2018 avec des projets innovateurs. Comment y arriver ?
Dans le souci d’y arriver, le PM a choisi des hommes et des femmes de différents bords. Ainsi, il fait le ménage en se débarrassant des indécis et des incapables. Puis, il fait le mélange entre hommes politiques de rigueur et technocrates de rigueur. Dans un seul objectif, relever le défi du nouveau Mali.
Le président tenant beaucoup à l’Adéma Pasj, lui offre deux autres postes avec Me Kassoum Tapo et Adama Tiémoko Diarra. Par cet acte, IBK renforce sa position au sein du parti de l’Abeille solitaire qui risque finalement de se rallier d’emblée. Ils sont désormais quatre cadres valables de l’Adéma Pasj au gouvernement, Pr. Tiémoko Sangaré, Abdel Kader Konaté, Adama Tiémoko Diarra et Me Kassoum Tapo. Et puis pour encore plus d’ouverture et de rigueur, IBK et son PM ont fait appel à des technocrates et à des membres influents de la société civile. Il reste maintenant au PM d’avoir une feuille de route bien fouinée à défendre devant les députés et à mettre en exergue. Déjà bien parti pour resserrer les boulons avec la fin de la grève de la santé, il doit obliger le président à l’écoute et à l’échange. Cependant, il ne faut pas se leurrer, la tâche s’annonce ardue. Mais, il entend pouvoir s’y prendre.
DES MESURES DRACONIENNES
Premier conseil de cabinet : Discours du Premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAÏGA
Mesdames et messieurs les ministres, Merci d’avoir honoré cette rencontre !
J’ai souhaité m’entretenir avec vous, en attendant que nous nous retrouvions autour de Son Excellence Monsieur le Président de la République pour recevoir de lui, comme il est d’usage, des directives, de nature à éclairer davantage le champ de la mission.
Mes premiers mots sont pour vous adresser mes vives félicitations pour la confiance dont vous avez été investis, pour entamer un parcours au sein du Gouvernement ou pour poursuivre votre itinéraire, soit dans le même secteur d’activité, soit dans un domaine nouveau, dans tous les cas en qualité de serviteur de notre peuple, le peuple du Mali. Comme vous le savez tous, le Président de la République nous a accordé sa confiance dans un contexte de défis, de difficultés et d’urgences. Je voudrais donc, à l’entame de mes propos, lui renouveler nos remerciements et exprimer toute notre gratitude.
Aussi, me plaît-il de vous remercier toutes et tous pour avoir accepté de faire partie de cet attelage gouvernemental au Service de la nation, de notre cher Mali, pays de racines, de mémoires, de symboles, de présent et surtout d’avenir. Cet avenir est plutôt un chantier ouvert qu’un simple Acquis qui nous invite et nous interpelle. Invitation à plus d’éthique. Interpellation forte à plus d’efficacité.
Notre équipe gouvernementale doit relever d’immenses défis. Un large éventail de défis – Parmi ces défis qui urgent, l’apaisement du front social par l’obtention rapide d’une trêve sociale pour garantir des négociations sereines, exigeantes et courtoises avec les syndicats.
Cette trêve constitue une urgence, une condition nécessaire pour un travail gouvernemental serein. Comment ne pas évoquer le défi sécuritaire, surtout en sa déclinaison terroriste qui, après avoir endeuillé le nord, fragilise de plus en plus le centre de notre pays, jusqu’à souvent projeter ses charges maléfiques par des frappes ciblées, des règlements de compte par endroits.
La question de la gouvernance constitue également un défi majeur.
Notre pays a besoin d’une gouvernance qui sait adapter la bonne méthode au contexte et d’un gouvernement, sachant se mettre au service des légitimes aspirations de nos populations, doit se montrer exemplaire par des actes concrets. Je voudrais que notre équipe s’inscrive dans une Vision stratégique claire, nourrie par l’ETHIQUE DE LA GOUVERNANCE ET DE LA REDEVABILITE. Oui, nous sommes tenus non seulement d’être des producteurs d’actes exemplaires mais aussi de rendre compte. Nous devons désormais nous accommoder et nous approprier la CULTURE et la Valeur DE L’EXEMPLARITE ET DE LA REDEVABILITE à tous les niveaux. C’est ainsi que nous pourrions mettre et remettre les maliens au travail.
La Redevabilité contre les postures “Budgétivores”
C’est d’autant important que notre gouvernement, par sa taille, a déjà fait l’objet de critiques. Oui, Nous devons faire le pari de démontrer le contraire, prouver que chacune et chacun de ces femmes et hommes faisant partie du gouvernement est là au service de la nation, au service de l’intérêt général. C’est un immense honneur que de servir son pays, surtout à un moment où tant de défis et d’enjeux entendent éteindre la lumière au profit du désespoir. Non, le Mali n’acceptera pas de renoncer à son destin, un destin libre et souverain. Condamnés à REUSSIR, nous devons être une équipe SOUDEE, SOLIDAIRE, DETERMINEE, DEVOUEE et surtout prête au SACRIFICE. En effet, mesdames et messieurs les ministres, nous devons faire des sacrifices en cette période de crise. Oui, à l’aide de nos partenaires mais OUI d’abord à nos propres efforts pour protéger nos ressources, les gérer avec rationalité, efficience et efficacité. Il urge donc de réduire le train de vie de l’Etat, à commencer par la RATIONNALISATION des dépenses au sein de nos départements ministériels mais aussi, ici, à la Primature, voire dans d’autres services publics.
Nous devons, dès maintenant, poser des ACTES FORTS, CONCRETS qui parlent à l’opinion, à nos concitoyens et qui crédibilisent l’ACTION PUBLIQUE, confortent l’image de l’ACTION GOUVERNEMENTALE. C’est ce que j’appelle LA RUPTURE PAR LES ACTES CONCRETS. Elle doit désormais être notre BOUSSOLE. A cet effet, j’invite Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances à revoir et reformer le système des avantages en nature, notamment les carburants et les produits alimentaires par l’instauration d’un système de CARTES, rationnalisant du coup, dans un cadre de prévisions et de maîtrise, le seuil des besoins et des consommations, de sorte que des limites raisonnables soient respectées. Nous devons également réglementer rapidement et encadrer davantage les missions à l’intérieur et à l’extérieur au profit de la maîtrise et de la diminution des dépenses et coûts. Pour davantage de détails, il vous sera remis à l’instant des Dossiers, un Kit par le Secrétariat général du Gouvernement. Ensemble, pour une Equipe et une Action Gouvernementales solidaires, volontaristes, efficaces et surtout à Hauteur des attentes, des Urgences et des Perspectives au profit de la stabilisation du Mali. Vous me permettrez, mesdames et messieurs, de vous réitérer nos Remerciements et nos Vœux de Pleins Succès au sein de vos Départements respectifs.
Bonne chance à Nous dans l’Exigence et la Responsabilité !
Bamako, le 14 Avril 2017
Le Premier Ministre
Abdoulaye Idrissa MAÏGA
En tout état de cause, avec cette première victoire, le gouvernement A.I.M. ne doit pas dormir sur ses lauriers. Les défis demeurent toujours énormes et prioritaires les uns que les autres. Sans langue de bois, il faut que le président IBK fasse tout pour que ce gouvernement parvienne à réaliser des prouesses. Celui ou celle qui est incapable doit être vite mis au quai afin que le train du Mali nouveau continue.
B. DABO