La récente rencontre entre IBK et le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, a été vue comme un signe d’apaisement. Un tête-à-tête qui tranche avec l’ambiance tendue, perceptible sur les réseaux sociaux, et dont la fusillade de Madou Kanté et les menaces de mort ne sont que des corollaires. Le chef de l’Etat ne jure que par la révision constitutionnelle. Mais en recevant d’autres institutions de la nation en dehors de Cissé, le locataire de Koulouba laisse plus d’un sujet perplexe quant à ses intentions.
Va-t-il enfin revoir sa copie en ouvrant une large concertation sur le fond du texte de la révision constitutionnelle ? Telle la question que se posent certains analystes qui rappellent que les Maliens n’ont jamais été aussi divisés qu’aujourd’hui. Le fait aggravant de cette division est sans doute le projet de révision constitutionnelle, une reforme qui a vite fait de rassembler des personnalités que tout opposait, il y a moins de trois mois.
On est peut-être en face d’un début de dialogue. Le président de la République a rencontré des leaders politiques au sujet du projet de révision constitutionnelle. Dans le lot, il y avait l’Alliance pour le Mali (APM), un regroupement de partis alliés au pouvoir. Ce regroupement a même créé la surprise en exprimant le souhait de voir une relecture du texte de la nouvelle Constitution. Des voix se sont aussi autorisées à évoquer l’abandon du projet qui a profondément pourri l’atmosphère politique.
Mais certains Maliens sont restés sur leur faim, les consultations du président de la République s’étant jusqu’ici limitées aux politiques et à certaines personnalités dont des leaders religieux. Hors, les contestataires sont tout sauf une masse homogène dirigée par une affinité politique. Pour cette raison, estiment des observateurs, les opposants à la révision constitutionnelle doivent être consultés par le président de la République dont l’agenda reste un secret bien gardé.
Pour l’instant, les positions restent figées sur le projet de révision constitutionnelle. La plateforme «Antè Abana, ne touche pas à ma Constitution» ne démord pas. Surtout pas après des agressions et de multiples menaces de mort à l’encontre de plusieurs responsables de leur camp depuis le début de la contestation.
Par contre, la télévision nationale ne diffuse plus en boucles les rencontres des partisans du oui il y a plusieurs jours de cela. Chez les proches du pouvoir, tout semble suspendu aux lèvres du président de la République qui est censé s’adresser à la nation au sujet de la reforme constitutionnelle.
Ce n’est pas la première fois que le président Keïta consulte les forces vives de la nation. Et à chaque fois, indique un opposant, la montagne accouche d’une souris parce que jusqu’ici le président n’arrive pas à rassembler les Maliens autour de lui. Cette fois-ci, l’occasion lui est donnée pour impliquer les différentes sensibilités dans la recherche de la paix en faisant des concessions sur les aspects litigieux du projet de révision constitutionnelle.
Soumaila T. Diarra