Tribune : Et tous ces morts ? Oubliés !

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Me Abdoulaye Garba Tapo

Pour une fois, je viens encore jouer aux troubles fêtes. C’est ma nature souvent d’aller à contre sens, une déformation professionnelle. Je ne partage pas, pas du tout l’enthousiasme de beaucoup d’entre nous face au dénouement boiteux de ces crises qui viennent de secouer notre pays. Je peux tout au plus marquer mon soulagement de voir cette tragédie s’arrêter, mais je ne peux pas faire un trait sur ce gâchis, ces souffrances pour les malades et scolaires, ou même les prisonniers en attente d’être juges qui n’ont certainement pas le même regard que nous de cette catastrophe, et cette frustration pour ce monde du football. Quand on regarde la facilité déconcertante avec laquelle ces dénouements ont eu lieu, le pouvoir acculé se couchant devant les syndicats et leur accordant l’essentiel de leurs revendications, on se dit combien de souffrances auraient pu être épargnées si le gouvernement avait pu être bien plus réactif au lendemain du déclenchement de ces crises que le pouvoir considérait comme un acte hostile et un crime de lésé majesté, sans se soucier le moins du monde du sort de tous ces malheureux. Ce gouvernement composé à quelques exceptions près des mêmes que ceux qui claironnent aujourd’hui victoire, et qui à l’exception du seul Bathily n’ont émis aucune réserve, et dont certains cherchent sans vergogne à s’attribuer les mérites et lauriers construits sur des décombres et une prouesse auto proclamée qui apparaît comme une véritable déculottée.
Normal quand nous devenons des automates prêts à se laisser souvent berner comme des moutons de Panurge par des marchands d’illusions et ayant perdu tout sens critique pour ne s’en tenir qu’aux apparences et au présent qui n’est souvent que superficiel. Je suis surpris que du jour au lendemain nous donnions l’impression d’avoir oublié tous ces morts, tous ces oublies dans les prisons, tous ces malheureux étudiants qui ont perdu tant de mois et se dirigent vers une année boiteuse qui sera rattrapée par des artifices comme d’habitude aux dépens des étudiants depuis des lustres d’une éducation digne de ce nom, et même les dégâts collatéraux subis par notre football. Facile d’accabler un Poulo ou cette malheureuse Ministre de la santé, ou même l’ancien PM qui en réalité n’avait aucune marge de manœuvre. Je n’ai strictement rien contre le nouveau Premier ministre qui pour moi ne saurait en rien incarner une sorte de Messie qui en un an viendrait redresser les errements de 4 années. Il était là durant toutes ces années et n’a fait preuve d’aucune singularité remarquable. Il ne serait jamais devenu PM s’il n’épousait pas les valeurs des véritables tenants du pouvoir. Donc wait and see avant de se lancer dans cette spécialité bien malienne, les éloges et les dithyrambes pour souvent bien peu. Nous avons un pouvoir impopulaire prêt à tout pour rempiler, et qui élection oblige, se lancera dans toutes sortes de surenchères et se fera tout sucre et tout miel pour nous endormir et nous remontrer de nouveau, une fois arrivé à ses fins, un visage bien plus méconnaissable que celui que nous connaissons déjà. L’heure reste à la vigilance, et à la remémoration de toutes les frustrations et déceptions vécues durant ces malheureuses années.

Abdoulaye Garba Tapo

Ancien ministre

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Tribune : Et tous ces morts ? Oubliés ! Eh bien oui Mr. Tapo, c’est la Republique des idiots.
    Le vrai Malien? C’est celui dont tu voles l’argent et qui t’applaudira quand tu viens parader devant lui.

  2. On en redemande. Mais cher Maître vous n’êtes pas seul à vous étonner de cette célérité avec laquelle une satisfaction fut accordée aux syndicats, oubliant au passation de faire le bilan du gâchis. Combien sont morts à cause de cette grève? Le cynisme fut poussé au comble avec le nouveau PM visitant les urgences du CHU Gabriel TOURE, le directeur de cet établissement claudiquant après lui, la blouse mal ajustée, nous assurant de la bonne marche du service. L’image comme à son habitude ne capte qu’un angle réduit pour ne pas révéler le sinistre des lieux et la vacuité des couloirs d’ordinaire bondés de malades. C’est encore et toujours le folklore qui se joue de nos misères.

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