Si un peuple sent, dans sa chair, les conséquences néfastes de la mal gouvernance en Afrique c’est certainement le peuple malien. En élisant Ibrahim Boubacar Kéïta, avec plus de 77% de voix, à la magistrature suprême, le peuple malien pensait avoir le bout du tunnel. Mais, la déception fut très grande. Jusqu’à l’arrivée d’un sauveur nommé Abdoulaye Idrissa Maiga à la tête de l’Exécutif.
Éprouvé par deux longues années de crises sécuritaires et institutionnelles qui ont mis en lumière les tares de son mode de gouvernance des 48 dernières années, le peuple malien n’est pas encore sorti de l’ornière, loin s’en faut.
Le retour à l’ordre constitutionnel normal qui marqua en fin août 2013, le grand retour du pays dans le chemin de l’apprentissage de la démocratie pluraliste, a suscité de large espoir dans le pays comme à l’étranger.
Mais le régime IBK qui nait de cet espoir s’est avéré être plus médiocre que ses prédécesseurs dans la recherche des solutions aux problèmes du pays.
Pire, il s’est adonné à des pratiques dignes de Bokassa ou de Mobutu au sommet d’un l’État malade et a laissé dans l’agonie un pays qui manque de tout. « Si tu sais que tu es faible tu te protèges et tu agis en circonstance. Mais si tu ne sais pas que tu es faible, tu t’exposes et tu t’affaiblis davantage ».
Cet adage sied désormais au triste sort de notre pays, malheureusement.
Le gaspillage à ciel ouvert de l’argent public depuis 4ans, a tari les caisses de l’État, sapé la confiance des partenaires (financiers et sociaux) et fragilisé davantage nos Institutions (l’armée en occurrence qui n’a reçu aucun moyen aérien alors que tout le monde sait qu’elle en avait besoin au nord).
C’est un État affaibli au maximum que Modibo Kéita a laissé à Abdoulaye Idrissa Maiga(AIM). C’est cet État affaibli que AIM a repris dans un contexte trouble, de grèves tout azimut et lourd de conséquences. Dès sa prise de fonction, le PM AIM a fait espérer les populations par son style de gouvernance (basé sur l’intégrité, la dignité, la droiture et le sens élevé du patriotisme) séduit les plus pessimistes d’entre nous. Dévoué à la tâche et à seulement 72 heures de sa prise de fonction, AIM établit le dialogue social. En le faisant, il a paré à un déficit qui a failli faire sombrer le régime. L’accord trouvé avec les syndicats de la santé mettant fin à plus d’un mois de grève peut être considéré comme un premier laurier que Abdoulaye Idrissa Maiga peut brandir avec fierté. La fin du calvaire des populations et le soulagement des travailleurs du secteur le plus sensible de la société est un acquis considérable dans le contexte actuel. Un deuxième laurier pour le PM Maiga, c’est la fin de la crise du football malien. Conscient de l’esprit du pragmatisme du ministre Abdoul Karim Konaté dit Empé il le confia le dossier. Ce dernier appuyé par son homologue de la Jeunesse et de l’Action Citoyenne, Amadou Koita tordent le cou des protagonistes(le ministre des Sports et le président de la Femafoot) et obtiennent un accord. Du coup, la crise du football malien est réglée pour le bonheur des Maliens. Après ce succès, le PM AIM s’est attaqué au dossier de la grève des enseignants. Ici aussi les négociations ont repris. Mais il n’y a pas eu d’accord pour le moment.
En tout cas, même s’il y a d’autres syndicats plus intransigeants qui attendent de pied ferme le nouveau Premier ministre et son équipe, on peut espérer que Abdoulaye Idrissa Maiga a réussi à réinstaurer le dialogue social sans lequel, aucune stabilité n’est garantie. Il a donc donné espoir au peuple et redoré le blason du président de la République IBK.
Aliou Touré