Transition malienne : La conquête de Koulouba tue la reconquête du nord Intérêts personnels, règlements de compte, positionnements politiques, etc… Au Mali l’opportunisme a pris le dessus sur le patriotisme !

4

Au Mali l’opportunisme a pris le dessus sur le  patriotisme ! Pour des intérêts personnels, des règlements de compte qui ne disent pas leur nom et des positionnements politiques pour le contrôle de l’appareil d’un Etat qui n’existe plus que de nom, parce que menacé de disparition si on n’y prend garde. Les autorités de la transition continuent à briller par leur amateurisme et le blocage est inévitable.

Cheick Modibo Diarra

Le feuilleton à la malienne continue. Malgré que le pays soit plongé dans une guerre qui ne dit pas son nom, les autorités intérimaires tergiversent et  risquent de plonger le pays, dans les jours à venir, dans d’autres crises qu’elles mêmes ont provoquées. Aujourd’hui le malaise  est trop profond entre le pouvoir ‘’primatorial’’ et celui de Koulouba. La dernière pomme de discorde est le renvoi par ce dernier des concertations nationales pourtant programmées et planifiées par le premier.  Or, votre journal avait conseillé, il y a deux semaines, de sursoir à ses assises qui sont inutiles, coûteuses et malvenues. L’unique priorité aujourd’hui étant de donner la possibilité à notre armée de reconquérir les territoires occupés du pays. Mais, pour l’heure, le Président Diondounda Traoré et le Premier ministre Cheick Modibo Diarra sont  malheureusement engagés  dans une guerre sans merci pour le contrôle du pouvoir et la sauvegarde d’intérêts personnels ou claniques inavoués. En période de guerre le patriotisme  exige de tous, mais surtout des dirigeants de l’Etat, de mettre la patrie au-dessus de toute autre considération. Ce que semble malheureusement ignorer les autorités de la République qui ne ratent aucune occasion pour se donner en spectacle.

Le vin est tiré il faut le boire. Le Mali ne peut pas prendre aujourd’hui le risque de se mettre  à dos la communauté internationale. Si, avant le retour à l’ordre constitutionnel, la tenue de  la convention nationale était nécessaire pour choisir les dirigéants organes de la transition; maintenant  elle ne l’est plus. Donc l’objectif était de permettre à  notre peuple, en toutes circonstances,  de décider souverainement de la conduite des affaires nationales. Cette  initiative louable de la junte a été torpillée par la Cédeao au profit de la légalité constitutionnelle et de l’accord cadre.  Vouloir tenir ces assises à l’heure actuelle, c’est engager le pays dans une voie de division et d’accentuation des déchirements de la classe politique au grand dam du contribuable malien. Ces concertations dites nationales n’apporteront aucune solution à la souffrance des populations déplacées ni aux refugiés,  encore moins aux assiégés des territoires nord du pays. Au moment où la seule perspective  acceptable par tous les maliens, c’est la récupération du nord et la justice pour les victimes, tout le reste peut attendre des jours meilleurs. Mais nos hommes politiques ne l’entendent pas de cette oreille, leur agenda caché faisant de l’organisation des élections et le positionnement de leurs états major politiques dans les hautes sphères de l’Etat, leur seule priorité du moment. Et c’est cette triste image que le PM et le Président intérimaire ou transitoire Dioncounda sont entrain de renvoyer aux observateurs du monde.

Si ce n’est pas l’amateurisme qui est entrain de s’exprimer au haut sommet de l’Etat, comment comprendre que le PM met en place une commission nationale d’organisation des assises, cette même commission fixe une date avec à la clé des affiches publicitaires et des communiqués diffusés pour annoncer l’événement, le Président Dioncounda arrête tout d’autorité et renvoie la tenue de la convention a une autre date à travers un communiqué signé par lui-même et lu à l’ORTM sans invoquer les raisons profondes de ce énième report. A titre de rappel cette fameuse concertation est à son sixième report (1er avril, après le 6 avril, ensuite le 15 avril, puis le 21 mai, le 26 novembre, le 8 décembre) et toujours boycottée soit par Dioncounda, soit par Cheick Modibo, si ce n’est pas le FDR qui boude. Cette nième cacophonie au sein de l’exécutif cache mal le malaise entre nos dirigeants.  Autre chose, cela fait bientôt plus de deux semaines que le gouvernement n’a pas tenu son traditionnel conseil des ministres des mercredis au motif qu’il n’ya pas de question urgente à l’ordre du jour. No comment ! Tout est fait pour ridiculiser le PM devant les maliens. Pour atteindre cet objectif, les révolutionnaires milliardaires de mars 1991 ne lésinent pas sur les moyens. Ils  en viennent même à tenter un rapprochement avec Kati, leurs meilleurs ennemis, histoire de noyauter les concertations nationales prévues probablement du 11, 12 et 13 décembre 2012 pour un contrôle sur la Transition. Donc la commission d’organisation que dirige M. Oumar Kanouté, non moins chef de cabinet du PM, dont les explications empruntées n’ont convaincu personne, se trouve présentement dans un dilemme parce qu’il n’a pas pu mobiliser les maliens autour de la table; et si le Pr Diondounda y arrive, s’en sera fini pour lui et son mentor. On ne fait pas la politique en montrant des biceps, mais en usant de subtilité et de stratégie.

Aliou Badara Diarra

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. Crise et respect du droit, les États-Unis exigent, le Mali s’entête et l’Onu se rebiffe

    Je vais une fois de plus regarder le problème du Mali sous l’angle du droit même si je sais que dans ce pays le respect du droit et de la légalité est passé au second plan aussi bien pour les populations que pour les autorités et cela depuis belle lurette.

    En 8 mois d’analyse de la situation socio politique, économique, géo stratégique, sécuritaire et institutionnelle de la crise multiforme qui traverse le Mali de manière violente et inouïe, je crois avoir donné à travers plus de cent articles moultes propositions de solutions de sortie de crises toutes basées sur le respect de la légalité constitutionnelle.

    Et en 8 mois de crise, j’ai été traité de tous les noms d’oiseaux et le plus souvent dépeint comme étant à la solde du régime défunt ou d’un regroupement politique dissident, mais les spéculations et supputations autour de ma modeste personne ne comptent pas à l’heure où le Mali, ce pays que j’espère qu’on aime tous, est dans les profondeurs abyssales d’un tréfonds sans nom.

    Ce pays a besoin d’une fédération de toutes les énergies de tous ses fils pour relever les défis qui se dressent devant lui car dirigeants et citoyens se sont depuis trop longtemps égarés dans le faux pour espérer atteindre le bonheur absolu sans presque rien faire.

    La crise actuelle aussi complexe soit telle, est une crise de non respect de nos règles établies dans notre société (règles de gouvernance et de citoyenneté mais aussi règles de conquête du pouvoir).

    Pour la résoudre il faut qu’on accepte pour une fois de respecter les règles même si ce respect va bousculer nos habitudes, habitudes qui constituent nos tares et qui nous conduisent à nos pertes.

    En matière de règle, la constitution est la loi fondamentale du pays, et elle doit être acceptée comme telle car c’est tout un peuple qui s’est exprimé par vote pour l’adopter.

    Actuellement au Mali après la démission d’ATT nous n’avons plus de président en exercice élu au suffrage universel direct, et l’instrument juridique le plus légitime pour définir les modalités de conquête et d’exercice du pouvoir au Mali reste la constitution.

    Elle prime sur la classe politique et elle prime sur la junte militaire que je désapprouve depuis le 22 mars 2012 puisqu’elle est l’incarnation même du non respect des règles dans la société.

    Une armée et toutes ses composantes sont faites pour défendre un pays, ce n’est ni une police de la démocratie ni une institution judiciaire.

    A ce titre les soldats de la garnison de Kati ne peuvent ni être juge ni procureur de la république au moment où nous avons des institutions judiciaires sensées exercer le pouvoir judiciaire en république du Mali.

    Si celles ci n’exercent pas leur profession comme cela se doit, si justice n’est pas faite dans le pays, c’est aux citoyens de le dénoncer et les pouvoirs exécutif et législatifs (dans un système de poids et contre poids garanti par la constitution) doivent faire en sorte que les juges fassent leur travail.

    Sinon ces mêmes pouvoirs, législatif (assemblée nationale) et exécutif (président et gouvernement) seront sanctionnés lors des consultations électorales.

    Les régimes Alpha et ATT ont mal géré le pays (corruption, débâcle de l’école, abandon de l’armée malienne…) mais ils devraient être sanctionnés par les citoyens à travers leurs votes voire par la justice à travers l’ouverture d’informations judiciaires à leur encontre et non par un coup d’état, encore moins par les militaires car ce n’est pas leur rôle, leur rôle se trouve au nord.

    Pour diriger la transition politique on doit s’en tenir à notre loi fondamentale et non aux conclusions de concertations nationales qui n’auront jamais autant de participants que le nombre de maliens qui ont voté la constitution de 1992.

    Pour le respect de cette même constitution nous devrons aller aux élections pour donner plus de légitimité au pouvoir exécutif (c’est un secret de polichinelle que le pouvoir de Dioncounda Traoré n’est reconnu par presque la moitié des maliens alors il le tient de la constitution).

    Mais ces élections en temps d’occupations des régions du nord posent le problème de la participation de nos compatriotes du nord.

    En même temps pour les libérer du joug des islamistes, nous n’avons pas une armée capable de le faire pour des raisons que chacun connait.

    Si nos partenaires internationaux qui doivent nous aider à récupérer le nord exigent les élections en échange de leur pleine participation dans la reconquête du nord nous devrons le faire sans hésiter car mieux vaut récupérer le nord avec un président élu par 90% des maliens que ne jamais le récupérer avec un président intérimaire dans une transition de chamailleries.

    Voilà la solution mère au problème du nord du Mali, mais elle a pourtant été balayée d’un revers de mains par les maliens, dans un sursaut de faux orgueil du genre de cet élu de Gao “Si le Mali va aux élections sans le nord je ne serais plus malien”.

    Mais mon cher, si le Mali ne récupère pas le nord tu seras élu où désormais?

    Absurde attitude malienne qui laisse pantois nos amis américains qui sont pourtant les seuls à mettre aux pas et algériens et l’Onu pour faire la guerre au nord et récupérer nos terres, et ils ont largement les moyens pour cela.

    Et les états-unis sont suffisamment amis avec le Mali pour ne pas se laisser prendre dans le jeu trouble et débile des touareg pour mettre à mal notre intégrité territoriale.

    Mieux ils ont une aversion totale du terrorisme et de l’islamisme puisqu’ils savent de quoi il s’agit, l’épisode de l’ambassade américaine de Libye après la sortie d’un film sur Mohamed, PSL, est là pour nous édifier.

    Donc mais chers amis, élections de pouvoirs légitimes au Mali et reconquête des régions du nord sont intimement liées et le Mali ne peut pas indéfiniment donner le mauvais exemple d’un pays qui régresse démocratiquement et espérer avoir toute la communauté internationale aux petits soins à son chevet (coopération financière, diplomatique et militaire).

    Nous devrons accepter les règles de la démocratie et abandonner l’opportunisme et le vagabondage politique et militaire (Copam, Mp22, IBK 2012, Yerewoloton, Cnrdre…) pour reconquérir le nord, et traduire devant la justice tous ceux qui ont abusé de la république et du Mali (anciens régimes et nouveaux voyous).

    C’est cela le droit chemin et pas autrement et c’est cela qui est demandé par les américains.

    Ceux qui s’y opposent à cela sont seulement tentés de s’éterniser dans les eaux troubles de cette transition incrédule pour leurs seuls desseins (soldats de Kati ,CMD et consorts et tous leurs supporteurs) et non pas la cause du Mali, encore moins ses régions nord sous occupation.

    Le Mali n’a rien à gagner dans cette transition, le Mali n’a rien à gagner dans des concertations ennuyeuses sachant qu’elles ne feront riens pour démultiplier les capacités opérationnelles de l’armée malienne car ce ne seraient que des guerres de positionnement et des querelles de chiffonniers pour rallonger la transition politique et voler sous une autre forme les maliens et rien d’autres.

    Donc je m’oppose catégoriquement aux “concertations nationales” comme je me suis toujours opposé au coup d’état du 22 mars 2012 puisque les deux sont sources de crises institutionnelles, les deux sont anticonstitutionnels, les deux enfoncent le Mali dans la crise au lieu de le sortir de l’ornière, les deux sont des voies sans issue.

    Le Mali n’a pas de problème de système politique ni de problème de textes juridiques, mais nous avons un problème d’application des textes et un problème d’hommes intègres et totalement dévoués pour le pays.

    Et cela est ressenti jusqu’à l’Onu, c’est pour cela qu’elle hésite et regarde par plusieurs fois ce dossier malien pour ne pas être comptable d’une quelconque faute de droit malgré l’imminence de la menace islamistes qui va largement au delà du Mali et des maliens.

  2. “Au Mali l’opportunisme a pris le dessus sur le patriotisme !”

    DEPUIS QUAND LE PATRIOTISME À EU LE DESSUS CHEZ NOUS????

    Moussa Ag, très surpris d’apprendre que le patriotisme avait le dessus au Mali…

  3. Hé oui! Le Mali brûle au Nord et on s’amuse au Sud. Pendant ce temps, ce sont les imposteurs du MNLA et leurs complices islamistes qui se frottent les mains

    • Le patriotisme n’existe que dans nos bouches les masques sont entrain de tomber et beaucoup de maliens qui croyaient que le coup d’état était la solution commencent à comprendre la dure réalité de ce pays . ” chacun pour lui sa famille et ses proches les autres c’est l’enfer ” .Après tout Dieu aime bien ce pays , imaginez une seconde qu’on ait un président démocratiquement élu le pays soit sous occupation à deux tiers pendant huit mois et que rien n’a été fait depuis , je pense que ça aurait même pu nous précipiter dans une guerre civile mais comme ce sont les militaires qui sont aux manettes depuis huit beaucoup ont compris depuis qu’on peut toujours régler n’importe problème au “grin” en famille , quand on est aux commandes c’est autre chose le CNRDE en sait quelque chose .
      Le lendemain du coup d’état j’étais très malheureux pour mon pays parce que le coup d’état pour toute personne qui comprend le fonctionnement du monde aujourd’hui en 2012 saura que c’est un vrai désastre ,mais en même temps j’étais content parce qu’à chaque problème les masses populaires réclament la solution simpliste ” une jambe fait mal on la soigne pas , on l’ampute ” , beaucoup ont accusé le régime déchu de n’avoir pas régler un problème fastoche , ATT n’a pas donné les armes, cacher les munitions, donner des renseignements à l’ennemi en personne comme un vulgaire ouvrier et j’en passe que c’était juste un problème de volonté, mais depuis le coup de force chacun a compris notre triste réalité . Le coup d’état qui était censé libérer tout le pays jusqu’au dernier cm2 , précipite la perte des deux tiers du territoire sans combats en quelques heures , qui mieux que les militaires peut s’occuper du problème actuel de ce pays , mais pourtant rien.
      Le prochain président démocratiquement élu sera tranquille , parce que je suis sure que même si il perd 90% du territoire on lui laissera le temps .
      Les militaires sont bons dans les casernes ou pour faire la guerre , si ils sortent de ce cadre ça va conduire au désastre comme ce que nous vivons.

Comments are closed.