Tandem Dioncounda-Cheick Modibo : Aller au-delà de l’Accord-cadre

© AFP[/caption] Dans cet engagement solennel (Accord- cadre du 1err avril 2012), le Médiateur de la CEDEAO et le CNRDRE (Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat) ont convenu de la mise en place des organes de transition chargés de conduire le processus de transition et cela, jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle avec un fichier électoral dûment révisé et accepté de tous. Le respect de l’Accord-cadre qui définit la transition Enumérés à l’Article 6 de l’Accord-cadre, ces organes de transition sont , entre autres, un Premier ministre de transition, chef du gouvernement, disposant de pleins pouvoirs et ayant pour mission de conduire la transition, de gérer la crise du nord et d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques. L’autre organe défini dans l’Accord-cadre , c’est le gouvernement d’union nationale de transition composé de personnalités consensuelles chargés de mettre en œuvre la feuille de route de sortie de crise. Dans le même Accord-cadre, il a été décidé, à l’Article 7, au regard des circonstances exceptionnelles que connaît le pays, d’élaborer un certain nombre de textes législatifs d’accompagnement du processus de transition. Il s’agit d’une loi d’amnistie générale au profit des membres du CNRDRE, une loi portant indemnisation des victimes de la guerre, une loi portant du mandat des députés... Rien qu’à la lecture de ces passages de l’Accord-cadre, il est aisé de comprendre qu’il n’y a pas et qu’il ne doit pas y avoir confusion dans les rôles. En aucune manière, le débat ne doit p être au niveau de la contestation du Président intérimaire ou du maintien ou pas du Premier ministre. Ceux qui pensent que l’Accord-cadre est tombé en désuétude doivent se détromper dans la mesure où il n’y a eu aucune nouvelle disposition abrogeant cet Accord-cadre. Or, juridiquement, tant qu’il n’y a pas eu de nouveaux accords l’anéantissant, il est supposé être toujours en vigueur. Donc, l’Accord-cadre est loin d’être caduque et s’applique aux différentes parties prenantes. Le Président de la République et le Premier ministre doivent former un duo de choc sur la base de cet Accord-cadre pour tirer le Mali du gouffre dans le quel il pourrait tomber. Aujourd’hui, le mandat des députés est prorogé et une amnistie générale a été votée en faveur des membres du CNRDRE, le tout dans le cadre de l’Accord-cadre. Alors, qu’est-ce qui empêche Le Président Dioncounda et le Premier ministre de s’entendre et de faire leur le même Accord ? Pratiquement rien ! Un duo de choc à base de nos convenances sociétales Dioncounda Traoré doit avoir constamment à l’esprit que la Présidence de la République est une fonction honorifique, et qu’il n’a pas à rentrer dans les petits jeux de ceux qui tentent de le faire croire qu’il a un supra Premier ministre. Peu importe la sémantique des mots. En tant que Président de la transition, il a des attributs. Le fait de relever Cheick Modibo Diarra ne sert à rien, et le Président connaît mieux que quiconque le contexte difficile dans lequel son Premier ministre a été nommé. Il n’empêche que Cheick Modibo Diarra a accepté « d’aller au charbon » avec lui et de prendre des coups au même titre que lui. Pourquoi changer coûte que coûte cet homme dont le seul tort a été de se tenir à distance des partis politiques ? Le Premier ministre a déjà pris la température des choses et rien qu’avec cela, il dispose d’une nette avance et d’une certaine expérience plus qu’un autre nouveau Premier ministre. Il n’est plus novice et il est au parfum des choses. Pour le respect strict de l’Accord-cadre, il doit être maintenu dans ses fonctions pour conduire le gouvernement de transition et organiser des élections apaisées. Supposons qu’un nouveau Premier ministre débarque à la Primature. Il va forcément chercher à se familiariser avec des hommes et les dossiers. Pourtant, le temps presse et il joue contre nous. Pour toutes ces raisons, le Premier ministre, qui tire toute sa légitimité de l’Accord-cadre, ne doit pas être traité comme un mal voué aux gémonies : il y va de la cohésion sociale et de l’unité nationale. Cela dit, le Premier ministre doit également savoir qu’il y a un Président de la République. De ce point de vue, dans tout ce qu’il fait ou dit, il doit s’adosser sur le Président intérimaire. Dans ses faits et gestes, il doit laisser transparaître qu’il y a une certaine complicité entre eux. Il ne doit pas parler en son seul nom, mais au nom d’une équipe chapotée par un Président de la République. Il ne lui appartient pas de faire le jeu de ceux qui veulent le mettre dos à dos avec le Président de la transition. Qu’il sache qu’au-delà de tout, celui-ci reste son grand frère. Indépendamment de l’Accord-cadre, le Président de la République et le Premier ministre sont unis par des valeurs sociétales de notre pays, dont le cousinage à plaisanterie : le premier est Traoré tandis que le second est Diarra. Rien qu’avec ce statut, ils peuvent tout se dire et se faire des concessions mutuelles. Ils peuvent se taper sur les épaules et se permettre beaucoup de choses au nom de ce cousinage à plaisanterie. A la limite, Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra constituent une chance pour le Mali. Etant des cousins à plaisanterie, les deux doivent transcender les problèmes et se mettre au dessus de la mêlée. Pourquoi ne pas alors en faire usage s’il le faut pour sauver le Mali ? L’autre fait marquant, c’est l’attitude du chef de l’ex-junte, le Capitaine Sanogo, qui a laissé entendre, le vendredi 27 juillet à l’aéroport, à l’occasion du retour de Dioncounda qu’il est venu accueillir le Président de la République de tous les Maliens. Autant dire que l’Accord-cadre est bel et bien en marche, du moment que le CNRDRE reconnaît ouvertement à Dioncounda Traoré la qualité et le titre de Président de la République. Pour la formation du gouvernement d’union nationale, le Président et le Premier ministre sont disposés à aller dans ce sens. Pour ce faire, les premières consultations avec les partis politiques ont été bouclées il y a seulement deux jours. La machine de l’Accord-cadre est donc en marche et rien ne doit pouvoir l’arrêter. Oumar Diakité
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