Depuis samedi, à Ougadougou au Burkina Faso se tient la table ronde de sortie de crise au Mali. Présidée par le médiateur Blaise Compaoré, Président du Faso, cette rencontre regroupe les leaders religieux et traditionnels, les acteurs politiques et sociaux, les représentants du CNRDRE.
Dans son discours d’ouverture, le Président Blaise Compaoré a d’abord salué les efforts accomplis par les uns et les autres dans la recherche d’une solution durable à la crise malienne : “ En tant que médiateur dans ce processus, je salue les acquis enregistrés avec la restauration de l’ordre constitutionnel et le respect des principes républicains, grâce à l’action conjuguée de toutes les forces vives, de la diaspora ainsi qu’au sens élevé du devoir des membres du directoire militaire. Je saisis cette occasion pour rendre un hommage mérité aux leaders religieux et traditionnels, aux acteurs politiques et sociaux qui ont eu une responsabilité particulière pour le retour à la paix et à la stabilité au Mali. J’adresse mes vives félicitations au Président Dioncounda Traoré et lui renouvelle le soutien du Burkina Faso dans l’accomplissement de sa lourde mission au service de la paix, de la stabilité du Mali “.
Cette réunion de concertation a pour objectif de parachever la mise en œuvre de l’accord cadre du 06 avril, élaborer une approche de sortie de crise au Nord Mali, assortie d’une feuille de route. Et pour le médiateur, c’est la Mali qui doit compter, et encore le Mali : “ Je souhaite qu’au cours de la présente réunion, nous puissions donner une impulsion forte à la dynamique instaurée pour une sortie définitive de crise. Aujourd’hui plus qu’hier, ce qui doit compter dans l’action de tous, c’est le Mali. Ce qui doit guider et orienter les réflexions de tous, c’est encore le Mali. C’est pourquoi, il nous importe d’œuvrer à rassembler toutes les parties et à les mobiliser autour des objectifs de la transition “.
Aujourd’hui, tous sont mobilisés pour aider le Mali, témoigne le médiateur : ” La communauté internationale, très attachée au retour de la paix, apportera sans réserve son soutien au rétablissement de la stabilité menacée par la rébellion armée dans le nord et dont les conséquences sont désastreuses au plan socioéconomique et humanitaire “.
Ainsi démarraient les travaux en ce samedi 14 avril 2012 à Ouagadougou, sous de bons auspices. Mais ce n’était qu’un début. La réunion a continué jusqu’à la nuit.
Pas d’accord ce samedi soir 14 avril à Ouagadougou. Le médiateur de la Cédéao tente de mettre tout le monde d’accord sur les prochaines étapes de la feuille de route, à savoir : la formation d’un gouvernement et la nomination d’un Premier ministre. Pour le moment, chacun campe sur ses positions.
En début de soirée, chacun affichait sa confiance mais cette première journée de la réunion de Ouagadougou sur la Mali s’est effectivement terminée sans accord. Les discussions restent difficiles notamment sur la question du président par intérim.
Certains comme les militaires souhaitent son départ après le délai d’intérim de 40 jours avec ensuite la mise en place d’une instance qui serait chargée avec le Premier ministre de mener la transition politique.
D’autres, notamment le Front du refus, cette coalition de partis hostiles à la junte, souhaitent que Dioncounda Traoré reste aux commandes jusqu’à la tenue de nouvelles élections dans un délai de douze à dix huit mois.
Concernant le nord du Mali, des élus du Nord ont annoncé l’ouverture de corridors humanitaires, peut-être dès la semaine prochaine. Un accord aurait été passé avec certains rebelles armés islamistes, notamment ceux d’Ansar Adine, un accord obtenu sur des critères extrêmement précis. Les rebelles laisseront passer cette aide en nourriture, médicaments et eau essentiellement, à la condition qu’elle soit cent pourcent malienne et qu’elle soit acheminée par des personnes connues des rebelles. Toute aide occidentale d’ampleur est donc exclue pour le moment.
Et ces discussions sous la médiation burkinabè ont repris ce dimanche à 11h, heure locale.
La première urgence pour les nouvelles autorités maliennes sera de rétablir la sécurité dans le nord du Mali, contrôlé en grande partie par des rebelles touaregs et des groupes islamistes. L’un de ces groupes, Ansar Dine a annoncé la libération de 160 militaires faits prisonniers depuis janvier et la reprise des combats dans la région.
“En dénonçant son retard à intervenir au Mali, nous sommes tous d’accord que la Cédéao intervienne aux côtés des troupes maliennes pour régler le problème du Nord “, affirme Tieman Coulibaly, vice-président du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la république.
Quant au colonel Sinko Coulibaly, représentant de l’ex-junte, il s’est dit totalement satisfait des échanges, et révèle que les discussions ont permis de savoir qu’il y avait beaucoup de points positifs dans l’accord-cadre, mais qu’il y a aussi quelques corrections à apporter sur certains points.
Ni le profil ni le nom du futur Premier ministre n’ont été cités. ” Ce qui est important pour le Mali, ce sont les institutions, leur mission et leur durée. Une fois cela défini, le profil du futur Premier ministre se dessinera automatiquement”, selon Soumailla Cissé de l’URD, Union pour la république et la démocratie.
Tout compte, la réunion purrait prendre fin dans les 48 h à venir, avec des accords déterminants pour l’accomplissement de la transition.
Mamadou DABO