Depuis près de trois semaines, le Mali n’a plus de président actif. La communauté internationale s’est saisie de la question et demande la dissolution du Cnrdre, coupable à ses yeux des blocages. Mais le gouvernement préfère tergiverser et divertir.
La semaine dernière, après moult autres rencontres sur le « cas » malien, un sommet de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) élargi à la « crème » internationale, a conclu, sur proposition de la Cédéao, à la dissolution du Cnrdre (Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat).
Le Premier ministre de transition, le Martien pour les intimes, était à Lomé, mais ne pouvait que prendre acte de la décision internationale. Peut-il en faire autrement ? Certes plein de pouvoirs, mais ni président de la République ni chef de junte, Cheick Modibo Diarra va rendre compte et chercher solution. Eurêka ! Il faut créer un machin consultatif pour caser le maximum des membres connus de la junte. Avec quelques civils, l’habillage fera illusion. Car le gouvernement se refuse à comprendre ce que veut la Cédéao en parlant de dissolution. De fait, cela pourrait surprendre plus d’un si l’on tient compte du fait que la Cédéao est justement la seule institution à avoir accordé une légitimité à la junte, en cosignant avec elle l’Accord-cadre du 06 avril, devenu depuis la «loi fondamentale» du Mali. Or, le Cnrdre n’a aucune existence légale ni statut juridique. Un petit rappel s’impose.
Le Cnrdre n’a aucune existence légale ni statut juridique.
Le 21 mars dernier, le président démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré, est chassé de son palais par une troupe en colère, dont les responsables prétendaient redresser la démocratie, restaurer l’Etat de droit et résoudre la crise du nord. Pour formaliser leur irruption sur la scène politique nationale, les mutins pustchistes du 22 mars ont créé leur machin, Cnrdre, dont personne, à part celui qui l’a inventé et quelque initiés, ne connait ni les noms de ses membres ni sa taille réelle ou sa composition véritable.
Mais ça c’était le 22 mars, quand la junte ne mesurait pas encore toute la portée de son acte. Un acte intervenu dans une sous-région où les responsables au sommet (pour la plupart des chefs rebelles, putschistes et/ou autocrates) ne veulent plus entendre parler que de légalité institutionnelle ou d’orcre constitutionnel. Encouragé par quelques «losers», le Cnrdre va résister et se battre. Il va plier alors qu’on lui demande de rompre en retournant dans les casernes ou allant voir ailleurs. Au nord, par exemple. Pour cela, on est prêt à lui prêter une force en attente d’emploi. Dans tous les cas, il faut que le capitaine Amadou Haya Sanogo disparaisse de la scène parce que la Cédéao n’a pas besoin d’ancien chef d’Etat, mais d’un président actif vrai de vrai.
Or ce poste est resté vacant trop longtemps, ce qui n’est pas prudent pour un pays infesté de rebelles, jihadistes, terroristes, trafiquants et contrebandiers en tout genre, qui menace ses voisins et les généreux bailleurs de fonds. On va remédier à cette vacance.
Poste à pourvoir : présidence de transition
Mais d’emblée cette précision : l’information n’a rien d’officiel, mais pourrait bientôt faire la Une de la presse. De quoi s’agit-il ? D’un curieux avis de recrutement pour pourvoir le poste de président transitoire resté vacant depuis la fuite précipitée de Bamako de son titulaire. En effet, depuis le 23 mai, Dioncounda Traoré a pris la tangente, suite à l’agression dont il a été victime dans son palais présidentiel. Certaines personnes ont été arrêtées pour «troubles graves à l’ordre public» et d’autres pourraient être poursuivies pour tentative d’assassinat sur la personne du président de la République. Mais ce dernier n’est pas rassuré. Très âgé et de santé fragile, Dioncounda Traoré ne veut pas prendre le risque d’un retour au pays natal alors que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies. Surtout que la «Maison du Mali» n’est plus une sinécure pour président, pas plus que d’autres résidences de luxe. Car, pour être juste, le président de l’Adéma n’est pas le seul fuyard de ce pays. Avant lui, beaucoup d’hommes (et de femmes), et pas des moindres, ont dû faire de la gymnastique «grâce» aux bruits de bottes et de kalachs. Le plus récent et plus illustre est le général ATT dont le grand public ne connait toujours pas le refuge. Il est le tombeur d’un autre général, Moussa Traoré, qui lui-même a fait fuir des hommes dont le contemplateur du Soleil levant. Cet avocat habitué à la fuite postulera-t-il à la succession du Prof ?
Cheick Tandina