Le Sommet de Bamako pour le Partenariat, la Paix et l’Emergence, a vécu, sans anicroches. Les chefs d’Etat attendus ont été tous ou presque au rendez-vous qui, au-delà de remémorer les liens forts et séculaires liant la France au continent africain, et singulièrement le Mali, a bâti un nouveau socle de partenariat gagnant-gagnant. Co-présidé par les présidents François Hollande de la France, et Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, la rencontre a réuni plus de 35 chefs d’Etats qui ont épluché deux thèmes majeurs : l’actualité politique et la situation sécuritaire, d’une part, et les enjeux économiques et de développement, d’autre part. La rencontre a été sanctionnée par une déclaration. Reportage.
Samedi 14 janvier 2017, le Cicb paré aux couleurs de la France et de l’Afrique. Outre que la cinquantaine de drapeaux, qui flottent ou collés aux murs d’enceinte, le Centre de conférence de Bamako a également « soigné » ses jardins entre lesquels des pots de fleurs meublent le vide. Les agents de sécurité, en centaine et pour la plupart habillés en costume, font aussi parti de ce décor.
Aux environs de 9 heures, le calme relatif qui régnait est troublé par le vrombissement de gros cylindrés, chacun transportant un président ou un chef de délégation. Le président IBK est le premier chef d’Etat à poser les pieds sur le pied rouge, déroulé pour accueillir les hôtes. Et 15 minutes plus tard, François Hollande, président de la République française. Ensemble, ils vont accueillir les chefs d’Etat et de gouvernement qui commencent à arriver au compte-gouttes. Auparavant, ce sont les ministres des Affaires étrangères qui ont fait leur entrée au CICB.
Plus d’une trentaine de chefs d’Etat -certains accompagnés de leur épouse- du continent et des chefs de délégation sont ainsi accueillis. Roch Marc Christian Kaboré, président du Burkina Faso, Fausatin Archange Taoudera, président de la République centrafricaine, Azali Assoumani, président de l’Union des Comores, Denis Sassou-N’Guesso, président de la République du Congo, Philémon Yang, Premier ministre de la République du Cameroun, Aubin Minako, président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, Daniel Kablan Duncan, vice-Président de la République de Côte d’Ivoire, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président de la République du Ghana, Alpha CONDÉ, président de la République de Guinée, José Mario Vaz, président de la République de Guinée-Bissao, Teodor Obiang Nguema, président de la République de Guinée équatoriale, Uhuru Kenyatta, président de la République du Kenya, Faiez Mustafa Serraj, président de l’Etat de Libye, Olivier Solonandrasana Mahafaly, premier ministre de la République de Madagascar, Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République islamique de Mauritanie, Hage Geingob, président de la République de Namibie, Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger, Muhammadu Buhari, président de la République fédérale du Nigéria, Yoweri Kaguta Museveni, président de la République d’Ouganda, Paul Kagame, président de la République du Rwanda, Macky Sall, président de la République du Sénégal, Vincent Meriton, Vice-président de la République des Seychelles, Ernest Bai Koroma, président de la République de Sierra Leone, Idriss Deby Itno, président de la République du Tchad, Faure Essozimna Gnassingbe, président de la République togolaise, Abdelmalek Sellal, premier ministre de la République algérienne démocratique et populaire, Abdoulkader Kamil Mohamed, premier ministre de la République de Djibouti, Patrice Emery Trovoada, président de la République démocratique de Sao Tomé et Principe, Hailemariam Dessalegn, premier ministre de la République fédérale démocratique d’Ethiopie, Barnabas Sibusiso Dlamini, premier ministre du Royaume de Swaziland, Samia Hassan Suluhu, vice-présidente de la République unie de Tanzanie.
Selon le protocole, le jeudi soir, au dîner organisé au palais de Koulouba, il y avait 35 chefs d’Etat et de gouvernement présents. Ils n’étaient « plus » que 34 ce samedi au centre de conférence. En effet, le président gabonais Ali Bongo est reparti tôt ce matin en raison du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations qui doit être donné à 16 heures temps universel à Libreville.
Si l’arrivée de ces personnalités à être sembler normal, celle de d’Adama Barrow, le président élu gambien, a été surprise. Il n’était pas prévu au programme, mais la crise politique dans son pays devait être au cœur des discussions de ce sommet. Faut-il rappeler, c’est le 19 janvier prochain que Adama Barrow devait prêter serment après son élection au mois de décembre dernier. Contre toute attente, le président en exercice Yahya Jammeh avait reconnu sa défaite, avant de faire la volte-face en contestant les résultats. Depuis, la situation est complètement bloquée à Banjul.
Notez au passage que plusieurs responsables d’institutions internationales ont aussi fait le déplacement à Bamako: Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine, Michaelle Jean, Secrétaire générale l’Organisation Internationale de la Francophonie, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de Développement…
Aussitôt l’accueille terminé, les hôtes du jour se sont mis en place pour la photo de famille.
Après quoi, ils se dirigent vers la salle Djeli Baba Sissoko où se tient la cérémonie inaugurale du Sommet de Bamako pour le partenariat, la paix et l’émergence. Plusieurs chefs d’Etat doivent s’exprimer à la tribune : Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République du Mal, François Hollande, président de la République française, Idriss Deby Itno, président de la République du Tchad, président de l’Union africaine.
IBK ouvre le bal des discours. Il rend hommage à François Hollande qui, de tous les chefs d’Etat français, « a eu les relations les plus sincères et loyales avec le continent ». Les peuples africains… vous sauront gré d’avoir changé radicalement la nature et l’objet des interventions françaises en Afrique. Tout au long de votre mandat, la France et son armée ne seront jamais intervenues qu’au chevet de la démocratie en Afrique et non plus au secours de quelque autocrate ou despote », adresse-t-il à Hollande. Puis, IBK est revenu longuement sur les raisons de l’intervention française au Mali, il y a 4 ans ; avant de d’aborder la thématique choisie pour cette rencontre.
Le choix de l’optimisme
Dans la conjoncture actuelle, pouvait-on trouver pour notre sommet un thème plus pertinent que celui qui est proposé à notre réflexion, à savoir « partenariat, paix et émergence » ? s’interroge-t-il. Et d’expliquer que ces « trois exigences s’imbriquent les unes dans les autres ». Pour le président IBK, l’Afrique et la France ont la possibilité de les prendre en charge, s’appuyant sur leur longue tradition de coopération et sur leur volonté éprouvée de cheminer ensemble.
IBK déplore, cependant, un état de fait malheureux, celui relatif à la situation sécuritaire dans la quasi-totalité des régions africaines. Une caractérisée par la sédimentation de la menace terroriste qui répand plus particulièrement ses métastases dans les zones transfrontalières. « Les bandes armées qui s’y installent font preuve d’une inquiétante capacité de reconstruction malgré les coups qui leur sont portés par les forces armées et de sécurité. Le caractère transversal de la menace et la dimension régionale, voire continentale, des enjeux mettent donc la coopération au cœur des réponses à apporter. L’Afrique a déjà fait des pas importants en ce sens avec le CEMOC, le G5 Sahel, le Processus de Nouakchott, la Force multinationale contre Boko Haram… », affirme-t-il.
En construisant un espace commun de sécurité, selon IBK, « nous devons édifier également un espace commun de développement et de promotion humaine ». En laissant Bamako accueillir ce commet Afrique-France, vous avez fait le choix de l’optimiste », déclare IBK à ses homologues vers la fin de son discours.
Ce déplacement au Mali a permis à Hollande de faire le bilan de sa politique menée avec l’Afrique depuis 2012, et notamment sur la résolution des crises au Mali et en République Centrafricaine, sur le plan militaire, mais aussi politique et institutionnel. Le Mali, souligne Hollande, depuis le déclenchement de la contre-offensive, a rétabli son ordre constitutionnel, lancé la restructuration de son armée, et entamé un processus de réconciliation nationale, retrouvé le chemin de la croissance économique. « L’exemple malien démontre que la détermination, la patience et la constance permettent de surmonter les plus graves crises. Si l’Afrique est confrontée à de nombreux défis -terrorisme, pauvreté, démographie, migrations forcées, changement climatique- elle a aussi des atouts qui en font un Continent d’avenir », dit-il.
Le discours du président Hollande a été aussi marqué par des annonces d’importance égale.
En effet, en matière de lutte contre le terrorisme et de sécurité, l’objectif initial de formation de 20 000 soldats africains pour une autonomisation progressive des armées africaines a été largement dépassé, s’en félicite Hollande. Qui a annoncé un nouvel objectif de formation de 25 000 soldats par an, soit 25% de plus que l’objectif fixé en 2013. Le président français sur le défi sécuritaire. Mais, reconnait-il, « il ne peut y avoir de sécurité sans progrès politiques ». Il a à cet égard, félicité le nouveau président du Ghana et indiquer que le choix des Gambiens, lors de la dernière élection présidentielle, soit « respecter ».
Sur les plans économique et développement, l’objectif qui était d’engager 20 milliards d’euros sur 5 ans pour le développement de l’Afrique a également été respecté, puisque 4 milliards d’euros ont été alloués chaque année depuis 2013. A ce niveau également, le Président de la République française a annoncé l’allocation supplémentaire d’1 milliard d’euros par an pour des projets de développement sur le continent, soit une augmentation également de 25% en trois ans. Un fond d’investissement franco-africain à destination des PME doté de 76 millions d’euros sera également créé.
En matière de climat, l’objectif a également été atteint avec la conclusion de l’Accord de Paris et un soutien de 2 milliards d’euros avant 2020 pour le développement des énergies renouvelables en Afrique. Ce montant est aussi revu à la hausse : 3 milliards d’euros par an, soit 50% de plus que les objectifs initialement fixés.
L’action de la France
L’innovation et la numérisation ne sont pas en reste. Elles vont profondément changer nos sociétés, d’abord pour les jeunes. Il faut réfléchir aux meilleurs moyens de les accompagner.
François Hollande promet de revenir en Afrique. « Je n’oublierai jamais les liens que nous avons tissés ».
Dernier discours prononcé, celui d’Idriss Déby, à la fois président tchadien, mais aussi président en exercice de l’Union africaine. Lui aussi rend hommage au président Hollande, avant d’indiquer que le triptyque « Partenariat – Paix – Emergence » n’est pas seulement dans l’aire du temps mais il est, également, en totale adéquation avec les préoccupations les plus légitimes. L’Afrique est en butte à une profonde crise économique et sécuritaire…Et la France reçoit elle aussi, parfois douloureusement, les fragmentations du désordre et des défis mondiaux. « Nous sommes donc face aux mêmes adversités. Nous n’avons d’autres choix que d’unir nos forces », estime le président tchadien. Et de poursuivre : « Notre partenariat est notre atout majeur pour assurer la paix et la sécurité, non seulement au sein de notre ensemble mais également à l’échelle mondiale. C’est seulement à ce prix que notre émergence forgera son chemin vers la grandeur, pour le plus grand bien de nos peuples (…) Mais le nouveau partenariat que nous appelons de tous nos vœux, ne saurait se construire que dans le respect mutuel, la confiance réciproque, l’égalité, loin du double méfait du complexe d’infériorité et des velléités de domination ».
La cérémonie inaugurale a pris fin par la remise de prix par IBK et François Hollande aux lauréats du concours Challenge Digital Africa. Il s’agit d’un concours d’innovation en faveur du développement des startups numériques en Afrique. Au total 10 startups ont été récompensées.
La déclaration de Bamako
Après cette remise, les chefs d’Etat et de gouvernement sont entrés dans le vif du sujet. Deux réunions à huis clos étaient au programme. Une première séance de travail sur le thème « Paix et sécurité » où il devrait surtout être question de la Gambie, mais aussi de la RDC. Et un autre huis clos sur l’économie et le développement.
Les travaux ont été sanctionnés par une déclaration, dans laquelle, les Chefs d’État et de Gouvernement affichent leur volonté de consolider la paix et la sécurité en Afrique, en unissant davantage leurs efforts pour lutter contre le terrorisme et les trafics illicites. Ils ont dressé un bilan positif des actions opérationnelles conduites par les États africains et les organisations régionales du continent dans la lutte contre ce phénomène, notamment au Sahel, en Afrique du Nord, dans la Corne de l’Afrique et dans la région du Bassin du lac Tchad ainsi que dans la région des Grands lacs. L’appui de la France aux opérations en Afrique, depuis le Sommet de l’Élysée de 2013, a été mis en relief et salué.
Conformément au Programme de développement durable des Nations Unies, les Chefs d’État et de Gouvernement ont affirmé la nécessité d’intensifier les efforts pour prévenir et combattre les phénomènes de radicalisation violente pouvant conduire au terrorisme, en en traitant les causes profondes. Ils se sont engagés à renforcer l’appui apporté à l’échelle locale, nationale et internationale aux systèmes d’éducation et aux mesures visant à répondre aux défis que représente la jeunesse en termes de formation, d’emploi et d’inclusion sociale.
Ils ont, outre, souligné les enjeux de la coopération policière, judiciaire et de la surveillance des frontières dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Et sont convenus de mettre en place des moyens adéquats et d’accroître leur coopération en matière de lutte contre la cybercriminalité et plus généralement, pour renforcer la cybersécurité.
Les Chefs d’État et de Gouvernement ont rappelé le caractère central de la formation des soldats africains pour les besoins de la sécurité nationale et des opérations de maintien de la paix. Réitérant les engagements pris lors du Sommet de l’Élysée de décembre 2013, la France développera son offre de formations spécialisées au profit des pays africains, telle que la formation des officiers et des forces spéciales, ainsi que les formations en cybersécurité, en traitement de l’image, en déminage et en contre-terrorisme. Elle attachera une attention particulière au renforcement des capacités africaines de maintien de la paix dans l’esprit de la conférence ministérielle de Paris d’octobre 2016 sur le maintien de la paix en environnement francophone.
Ils ont souligné la priorité à donner au développement des opérations conjointes aux frontières menées notamment dans le cadre du G5 Sahel, du processus de Nouakchott et de la force multinationale mixte (FMM) de lutte contre Boko Haram ainsi que du processus de Djibouti.
Notant avec satisfaction les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les décideurs politiques ont appelé à la restauration et au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, conformément aux dispositions de l’Accord. Ils ont condamné le terrorisme sous toutes ses formes et exprimé leur solidarité au Mali face à la recrudescence des attaques terroristes qui ont visé les forces de défense et de sécurité du Mali, les forces des Nations Unies, la Force française Barkhane et les populations civiles. Cette situation constitue une menace pour l’ensemble de la sous-région.
Tout de même, les participants ont réaffirmé leur soutien à l’accord politique libyen signé à Skhirat le 17 décembre 2015 en le considérant comme la réponse à la crise libyenne, avant d’appeler toutes les parties libyennes à contribuer activement à la mise en œuvre de cet accord.
Afin de doter les opérations africaines de soutien à la paix de sources de financement pérennes et prévisibles, les Chefs d’État et de Gouvernement ont salué la décision de l’Union africaine de trouver un mécanisme de financement durable permettant d’abonder le Fonds pour la paix. Ils ont également salué la contribution de l’Union européenne au financement de ces opérations et rappelé la nécessité de diversifier l’appui international.
Autre déclaration importante, les participants ont rappelé la nécessité d’une réforme des Nations Unies, notamment de son Conseil de Sécurité, par un élargissement de sa composition dans les deux catégories de membres, avec une présence accrue de l’Afrique y compris parmi les membres permanents, afin de le rendre plus représentatif du monde contemporain.
S’agissant du chapitre économie et développement, les conférenciers se sont accordés sur l’objectif de favoriser l’émergence du continent africain et d’agir en faveur d’une croissance solidaire. Ils sont convenus d’inscrire leur action dans le cadre du Programme international de développement durable – le programme d’Action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, les objectifs de développement durable des Nations Unies, l’Accord de Paris sur le changement climatique, et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Et appelé au renouvellement d’un partenariat ambitieux, modernisé et mutuellement bénéfique entre l’Union européenne, l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique pour continuer à promouvoir des valeurs partagées, relever les défis du développement durable tout en démultipliant les échanges commerciaux et en faisant face, de manière solidaire, aux défis communs (post-Cotonou). Aussi, à poursuivre et à approfondir le dialogue sur la question de la migration à travers une concertation régulière fondée sur les principes de solidarité, de partenariat et de responsabilité commune et partagée, conformément à la Déclaration politique et au Plan d’action conjoint du Sommet de La Valette de novembre 2015. Reconnaissant également le plan d’action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains et la Déclaration de Charm el-Cheikh, ils ont réitéré la nécessité d’une approche globale prenant en compte tous les aspects de la migration, notamment la gestion efficace et ambitieuse des causes profondes de la migration irrégulière et des déplacements forcés. Ils se sont en outre engagés à renforcer leur appui multidimensionnel aux pays qui font face à l’afflux de réfugiés, de personnes déplacées à l’intérieur du pays et de personnes rentrant dans le pays.
Aussi, les conférenciers, conscients du fait que la faible représentation des femmes dans les structures de prise de décisions sociales, économiques et politiques et la féminisation de la pauvreté ont un impact négatif sur la capacité des femmes à participer pleinement aux économies de leurs pays, se sont engagés à investir dans l’autonomisation économique des femmes en vue d’assurer l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique solidaire.
Ils ont également souligné l’importance de l’innovation et de la numérisation pour favoriser la diversification des économies. Ils soutiendront, à cet effet, des politiques incitatives visant à faciliter l’innovation, notamment des programmes d’incubation et d’accélération de la création de start-ups et de clusters, ainsi qu’un accès aux financements et au capital investissement. Ils tâcheront de renforcer les liens entre les secteurs privé et public afin d’accélérer la transition numérique des économies, y compris par le transfert de technologies. Ainsi ont-ils réaffirmé leur engagement de faciliter l’autonomisation des jeunes par une formation scolaire, professionnelle et entrepreneuriale afin de créer une nouvelle génération de citoyens utiles pour l’Afrique et le monde. À cet égard, ils ont souligné la nécessité pour l’Afrique et la France de coopérer à la mise en œuvre de la feuille de route élaborée par l’Union africaine pour bénéficier du dividende démographique.
Les Chefs d’État et de Gouvernement ont noté que la dépendance de la plupart des économies africaines à l’égard du secteur primaire et de l’exportation de matières premières les rendaient vulnérables aux chocs externes. Ils ont donc souligné la nécessité de promouvoir une croissance solidaire permettant l’industrialisation, la création de valeur, le développement de contenus locaux et la diversification des économies africaines de manière à créer des industries et des emplois réels.
Pour accroître la visibilité des flux de ressources pour le développement entre la France et l’Afrique et pour apporter un soutien à des relations commerciales et d’investissement qui tiennent suffisamment compte des priorités des pays africains en matière de développement, les chefs d’État et de Gouvernement ont souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes de suivi afin de surveiller la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre des décisions des Sommets Afrique-France.
Compte tenu de l’importance de l’autosuffisance en produits agricoles et en marchandises, ainsi que des effets du changement climatique sur les récoltes, les participants ont décidé de travailler ensemble en réalisant des transferts de technologies pour améliorer les récoltes et ajouter de la valeur aux produits frais, ainsi qu’améliorer les systèmes de stockage, de transport et de distribution.
Le secteur de l’agriculture constitue une priorité pour l’Afrique, non seulement du fait de son importance pour la sécurité alimentaire du continent mais aussi plus largement pour son développement économique et social. Dans ce cadre, l’initiative AAA (Adaptation de l’Agriculture africaine) vise une transition vers une agriculture résiliente aux changements climatiques.
Les investissements en Afrique étant indispensables à l’émergence du continent, il a été décidé d’accroître leurs efforts pour permettre l’accès au financement des entreprises désireuses d’investir en Afrique.
Ils ont, par ailleurs, souligné la nécessité de prendre en compte la responsabilité sociale et environnementale dans l’aide au développement. Cette démarche contribue, en effet, à renforcer l’impact de l’aide sur l’emploi, l’environnement, les conditions de travail et le progrès social et donc à favoriser une croissance durable et solidaire.
Enfin, reconnaissant le caractère stratégique des filières culturelles et créatives pour le développement, François Hollande et ses homologues d’Afrique appellent à la mise en place de cadres réglementaires et de structures adaptées à une gestion efficace des droits d’auteur en Afrique pour permettre une juste rémunération des artistes du continent et le financement de la création à travers un soutien aux jeunes artistes.
Issa B Dembélé