Situation au Mali : Le flou autour de la Transition

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Au Mali, les populations ne doutent pas du fait que leur pays est béni de Dieu et que  la paix qui fait défaut ailleurs sera toujours consolidée chez nous. Mieux, on affirme ou pense qu’au Mali, toute personne voulant « tirer le diable par la queue » subira la colère divine ou celle des mânes de nos ancêtres, sans oublier celle du peuple bien sûr. Mais depuis quelque temps, on assiste à une sorte de léthargie ou d’immobilisme concernant la période de transition et l’envoi de forces militaires par la CEDEAO au Mali.

Pourtant habilitée à prendre les décisions qui feront bouger les choses, l’organisation ouest-africaine joue subrepticement ou dangereusement les prolongations.       Parallèlement, la dernière phase des négociations a suivi son cours au Burkina Faso et au Sénégal. Toujours est-il que depuis un certain temps, la CEDEAO focalise les regards des uns et des autres. Bref, l’attente des Maliens est longue concernant la gestion de la période de transition et de la crise dans le Nord du pays. Partout, on s’interroge sur la transition au Mali et sur l’envoi de forces étrangères par la CEDEAO, vu tout le flou qui règne autour de la question. En effet, la communauté ouest-africaine qui maintient à l’unisson la pression sur la junte dont le président, le Capitaine Sanogo, est sur le qui vive. Il est vrai que l’heure de Dieu est la meilleure, qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et qu’au Mali, il n’y a pas de quoi s’alarmer pour  autant. Mais on sait que depuis très longtemps, la communauté internationale suit ce qui se passe dans notre pays.

Les décisions de la CEDEAO au « placard »  

D’ailleurs, la semaine dernière, la CEDEAO s’est penchée sur la situation au Mali.  Après deux entretiens en trois jours entre la délégation de la junte et le Président  Blaise Compaoré, Médiateur dans la crise malienne, il n’y a toujours pas d’accord sur la durée de la transition, ni sur l’envoi de soldats ouest-africains au Mali. Autrement dit, c’est un dialogue de sourds qui prédomine entre les différentes parties. Alors que la CEDEAO a fixé la période de transition à 12 mois, la délégation de la junte se dit disponible à poursuivre le dialogue avec le Médiateur pour trouver une solution définitive concernant la Présidence et la durée de la transition. Et elle souligne la nécessité de tenir compte, dans la détermination de la durée de la transition, du temps nécessaire à la restauration de l’intégrité territoriale et au   parachèvement du processus électoral. A en croire le chef de la diplomatie burkinabé, Djibril Bassolé, à ce niveau, les premiers contacts sont en cours avec les mouvements armés qui occupent le Nord du Mali : « Quant au dialogue lui-même entre le gouvernement de transition du Mali et l’ensemble des mouvements armés, aux fins justement, de les amener à accepter l’objectif premier qui est de réunifier le pays, les contacts sont en cours, et je pense que très bientôt, nous aurons les premiers entretiens », a-t-il ajouté. Jusque-là, les ex-putschistes ne se sont pas encore exprimés après la rencontre d’Ouagadougou. Mais M. Bassolé juge tout simplement que les premiers entretiens avec le Médiateur ont permis de lever les incompréhensions et qu’ils devaient à présent revenir vers leur base pour échanger sur l’adoption d’une stratégie commune avec la CEDEAO.

La transition doit se clore par  la présidentielle et les législatives. La tâche principale des organes de transition est de trouver une solution à la crise dans le Nord du pays tombé aux mains de rebelles touaregs et d’islamistes armés à la faveur du putsch du 22 mars. Déjà, le chef de la junte, le Capitaine Sanogo, rejette les décisions de la CEDEAO fixant la période de transition à douze mois, ainsi que l’envoi de soldats au Mali, sans demande du gouvernement malien. Et lors du sommet de Dakar le jeudi dernier, les Chefs d’Etat de la CEDEAO ont « révisé leurs copies » en annonçant l’envoi d’une force militaire régionale au Mali dès que le pays en fera la demande. Mais ils n’évoquent pas la durée de la transition ni ne   précisent si les forces militaires à envoyer au Mali devront aller au Nord où rester à Bamako. Toutefois,  la délégation des ex-putschistes à Ouagadougou  réaffirme sa  volonté de poursuivre le dialogue avec la CEDEAO sur la base de l’accord conclu avec elle le 6 avril 2012 qui a cadré le transfert du pouvoir aux civils et promis l’adoption, dans les meilleurs délais, d’un calendrier pour sa mise en œuvre. Les entretiens de Ouagadougou sont survenus alors qu’à Bamako, des militaires fidèles au Président ATT renversé le 22 mars ont vainement tenté, lundi et mardi, de reprendre des positions tenues par les ex-putschistes qui restent omniprésents, bien qu’ayant accepté de rendre le pouvoir aux civils.

Les ex-putschistes rappelés à leurs rôles

Par ailleurs, la CEDEAO appelle les militaires de la junte à se consacrer à leurs « missions régaliennes » de défense et de protection des frontières et des populations et  « de s’abstenir de toute action susceptible de perturber la transition ». En clair, la CEDEAO opte pour « la revue du rôle » des militaires de la junte dans la transition et renouvelle surtout  son appel aux forces armées du Mali pour qu’elles se consacrent à leurs missions régaliennes. L’Etat malien est dans la tourmente depuis l’occupation du Nord du pays par une rébellion sécessionniste, le MNLA qui y revendique l’indépendance. Aujourd’hui, le pays est à nouveau confronté à des troubles dus à des affrontements fratricides entre des compagnons d’arme : les Bérets rouges  proches du  Président déchu, et les Bérets verts proches de la junte dirigée par le Capitaine Sanogo. Même si les militaires ont accepté de céder le pouvoir aux civils sous la pression de la CEDEAO, consacrant ainsi le retour à l’ordre constitutionnel normal, ils s’opposent à la décision prise le 26 avril par les Chefs d’Etat de la sous-région de fixer, « de façon unilatérale », la durée de la transition à 12 mois. Toute chose qui confirme que le bout du tunnel est loin au Mali. Attention donc aux « apprentis-dictateurs », véritables pyromanes et génocidaires des libertés publiques et des règles démocratiques et républicaines !

Jean Pierre James      

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