Nombreux étaient les sceptiques qui ne croyaient à la bonne foi du capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’autorité de l’Etat quand il disait, au lendemain du coup d’Etat, qu’il n’était pas venu pour s’éterniser au pouvoir et qu’il était ouvert à toutes les solutions possibles susceptibles de faire sortir le Mali de la crise qu’il traverse aujourd’hui.
Cependant, il vient de coup court à toutes les mauvaises langues qui présageaient déjà le retour à un régime militaire en acceptant de céder le pouvoir au gouvernement civil. Du jamais vu dans l’histoire des coups d’Etat en Afrique. Ce qui est à notre avis une véritable leçon de patriotisme à nos chers politiciens.
En effet, le coup d’Etat du 22 mars avait causé la tourmente au sein de la classe politique qui se voyait obligée de revoir ses notes. C’est pourquoi, au lieu d’être préoccupée par l’occupation des 2/3 du pays qui constitue les régions du Nord par les vandales, elle voyait plutôt leur horizon assombri, leur espoir s’envolé par l’arrivée des militaires au pouvoir. Ce qui expliquerait leur silence face à la main tendue.
Cependant, la prise des villes de Kidal, de Gao et de Tombouctou par les groupes rebelles a plongé le pays dans une situation critique. A cette situation dramatique, vient s’ajouter l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ouvrant directement le pays vers le KO complet.
Face à ces équations à plusieurs inconnues, le capitaine a été le premier à comprendre que la priorité des priorités était de sauvegarder l’intégrité du pays. C’est pourquoi il a privilégié l’intérêt supérieur de la nation, Mali en acceptant de céder au chantage de la CEDEAO par la signature d’un Accord Cadre dans lequel il s’engage à remettre le pouvoir au gouvernement civil.
Alors, si le monde entier s’est réjoui de la leçon de la démocratie donnée par le Sénégal lors de l’élection présidentielle, nous estimons aussi que cette décision du capitaine et le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’autorité de l’Etat (CNRDRE) est également une leçon de patriotisme à la classe politique malienne et à toute l’Afrique en général.
A travers ce geste, le capitaine et ses compagnons viennent de prouver à l’opinion nationale et internationale que le but de leur coup de force n’était pas de conquérir le pouvoir, mais plutôt d’ouvrir de nouvelles pistes pour conduire le bateau Mali vers un avenir radieux.
Par ailleurs, même s’il fut unanimement condamné par la communauté internationale, ce coup d’Etat du 22 mars a eu quand même le mérite de lever le voile sur la situation réelle du pays, après vingt ans de démocratie.
A travers ce coup de force, les Maliens ont appris à leurs dépens la situation catastrophique de l’économie de leur pays, la mort lente de leur école, l’instrumentalisation et la généralisation de la corruption à toutes les échelles et surtout l’état de délabrement total de leur armée.
Grâce à cet éveil de conscience, ils sont désormais avertis et resterons convaincus que rien ne sera plus comme avant.
Car, comme on le dit «Un homme averti en vaut deux».
Daouda DOMBIA