Des responsables africains et des représentants d’organisations internationales se sont réunis vendredi à Bamako pour chercher une réponse à l’occupation du Nord du Mali par des combattants islamistes liés à Al-Qaïda, sans parvenir à surmonter leurs divergences sur les moyens à mettre en œuvre.
“Le principal enjeu aujourd’hui est la réponse à apporter d’urgence à la situation dangereuse dans le Nord”, a plaidé le nouveau président de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma, lors de la réunion du Groupe de soutien et de suivi sur le Mali. “C’est une menace que nous ne pouvons pas nous permettre de prendre à la légère et le danger qu’elle pose va bien au-delà du continent africain. Plus vite nous agirons, mieux ce sera”, a-t-il insisté.
Les représentants des pays voisins du Mali, de l’UA, de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union européenne et des Nations unies ont adopté un texte qui appelle à l’adoption de sanctions contre les groupes terroristes et les rebelles qui refuseraient de rompre les liens avec les islamistes.
Mais peu de progrès ont été enregistrés pour rapprocher les positions des pays qui plaident pour une intervention militaire, dont la France et certains Etats d’Afrique de l’Ouest, et de ceux qui veulent laisser une chance au dialogue politique, Algérie en tête.
Des rebelles touaregs ont pris, fin mars et début avril, le contrôle du Nord du Mali en profitant du désordre provoqué à Bamako par un coup d’Etat militaire. Ils ont toutefois été supplantés depuis par leurs alliés islamistes, qui ont entrepris d’appliquer la charia dans les zones qu’ils contrôlent.
Les pays européens, la France en tête, et les Etats-Unis craignent la création dans le Nord du Mali d’un sanctuaire pour les islamistes radicaux d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui retiennent six Français en otages.
“Discuter ? Mais avec qui ?”
En adoptant le 12 octobre à l’unanimité la résolution 2071, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est donné 45 jours pour éventuellement approuver un projet d’intervention militaire dans le Nord du Mali, dont l’élaboration a été confiée aux responsables africains.
Mais la plupart des diplomates estiment qu’il faudra des mois pour organiser une telle opération, ce qui prolonge d’autant l’instabilité politique à Bamako, où les autorités transitoires excluent d’organiser des élections dans la seule partie sud du pays.
“Nous ne voulons pas organiser d’élections alors que le Nord du pays est occupé. Nous avons été très clairs avec nos partenaires sur ce point”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Tieman Hubert Coulibaly, répétant la position de principe du président par intérim Dioncounda Traoré.
Outre les pays occidentaux, cet immobilisme exaspère certains voisins du Mali, qui craignent une contagion des violences sur leur territoire.
“Sommes-nous censés négocier avec des terroristes?”, a interrogé mercredi le président guinéen Alpha Condé à la télévision publique. “Nous n’avons pas d’autre solution que l’usage de la force”.
La France est également de cet avis. Pour Paris, les responsables à Bamako doivent certes engager un dialogue politique avec “les groupes rebelles maliens non terroristes”, mais il est en revanche hors de question de discuter avec les islamistes et il est donc inutile de retarder une éventuelle intervention militaire.
François Hollande a exprimé le même point de vue le 11 octobre avant son voyage en Afrique. “Discuter ? Mais avec qui ? Avec des terroristes qui sont installés dans le Nord du Mali ? Qui imposent une loi, la charia, qui coupent les mains et qui détruisent des monuments patrimoine de l’humanité ?”, a demandé le président français.
Son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a pour sa part affirmé mardi que le déclenchement d’une intervention militaire dans le Nord du Mali était “une question de quelques semaines”.
Rassemblés par AD