Retour à l’ordre constitutionnel : Qu’est-ce qui bloque la machine ?

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En dépit des faisceaux d’espoir annoncés par la budgétisation des élections ainsi que par la reprise des échanges entre la tutelle et les partis politiques, le retour à l’ordre constitutionnel peine encore à sortir de la zone d’incertitudes. Et pour cause : alors que les attentes convergeaient sur une ébauche de calendrier électoral, l’horizon s’est à nouveau assombri avec l’intrigante absence de toute référence aux dites joutes dans l’adresse du président de la Transition à la Nation, à l’occasion du nouvel an 2025. De quoi défrayer la chronique et alimenter à nouveau la polémique sur fond d’interrogations et de préjugés sur la volonté de quitter la Transition. La cristallisation des suspicions transparaît notamment dans un nouveau lever de bouclier d’une certaine frange de la classe politique. L’Adema – PASJ et son format associatif, le Parti Yelema, le M5-Mali Koura, entre autres, sont en effet porteurs d’une déclaration rendue publique, la semaine dernière, avec des exigences réclament de gages plus rassurants et moins aléatoires dans la conduite de la Transition actuelle à son terme, au moyen d’un processus électoral après 5 ans environ de régime d’exception. Tout en prévenant de l’usage de tous les moyens légaux pour parvenir à cette fin, les signataires du document suggèrent aux autorités la diligence d’une démarche inclusive dans l’élaboration d’un chronogramme électoral en bonne et due forme, dès ce premier trimestre 2025.

En donnant ainsi de la voix par cette sonnette d’alarme, «les parties signataires» reflètent le ressenti de nombreux observateurs de plus en plus agacés tant par la persistance d’un pouvoir non redevable que par les dérobades infantilisantes avec lesquelles sont déjoués les rendez-vous et attentes d’un lendemain moins incertain. En effet, des engagements pris avec la CEDEAO au léger report proclamé par le ministre de tutelle, en passant par la manipulation des textes y afférents et le bâillonnement des voix gênantes, la durée de la transition est passée par trop de péripéties et manœuvres suspectes pour que les raisons et natures de sa lenteur épique soient au cœur des questionnements. L’un des facteurs de blocage les plus évoqués, par-delà les obstacles sécuritaires, a trait aux préparatifs techniques et matériels du processus électoral sur lesquels l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections avait donné tous les gages, lors de sa dernière concertation avec les acteurs politiques et la société civile. Rien à voir, toutefois, avec les contraintes financières à juguler et qui sont consubstantielles au choix de l’autarcie et de la résilience comme doctrine économique. Avec moins de 15% d’ouverture de crédits pour certains secteurs, en effet, il sera difficile de miser sur les seules ressources endogènes pour la mobilisation des 80 milliards d’inscriptions budgétaires qui annonçaient l’année électorale. Un tant soit peu d’ouverture et de flexibilité aurait certes élargi les marges de manœuvres dans le sens d’une levée de cet écueil. Sauf qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, au regard des artifices, stratagèmes et calculs politiques en sourdine. Il n’est guère exclu, en définitive, qu’une des explications plausibles réside dans les enjeux existentiels de conservation du pouvoir et qu’au nombre des facteurs bloquants du retour à l’ordre constitutionnel figure les laborieuses manœuvres de mutation d’une légitimité imposée à un mandat électif plus consensuel. Tant d’acrobaties s’en faillent, en tout cas, et se traduisent par moult tentatives de positionner, à coups d’habilités alchimiques, le chef de l’Etat sortant comme porteur d’un destin national moins artificiel. En témoigne, entre autres, le passage en force par lequel le scénario d’une candidature du président de la Transition a éclipsé la consistance du Dialogue National Inter-Maliens). Sans figurer dans ses termes de référence du DNIM, les ambitions présidentielles du numéro 1 des anciens colonels sont néanmoins portées à bout de bras par des légitimités coutumières, tandis qu’aucun espace public n’est épargné par des générations spontanées de soutiens tous azimuts. Il en faut peut-être plus pour rafler l’adhésion de ses propres frères d’arme, apparemment rétifs quant à adouber un agenda aux nombreuses inconnues. Tout porte à croire, en effet, que le calendrier électoral n’aurait jamais souffert d’une lenteur de telle ampleur si les nouveaux généraux ne s’entendaient sur tout sauf la démarcation d’un des leurs comme porte-étendard à une hypothétique présidentielle. Un obstacle engendrant un autre, il va sans dire que le chemin du retour à l’ordre constitutionnel sera davantage rallongé par l’intangibilité des verrous d’ordre légal et constitutionnel auxquels se heurteraient une candidature éventuelle du président de la Transition et auxquels aucune issue exploitable ne se dessine pour l’heure. Faute de quoi, il ne lui reste qu’une carte maîtresse qu’est la brèche subtilement laissée ouverte par le DNIM pour servir d’ultime instrument de conservation du fauteuil présidentielle : une rallonge de 5 années supplémentaires.

A. KEÏTA

 

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10 COMMENTAIRES

  1. Keitakeni, il faut sécuriser notre pays d’ abord, ramener les déplaces chez eux pour pouvoir voter, reviser la charte des partis politiques conformément aux resolutions du dialogue inter- Maliens et reviser les listes electorale s et les actualiser. Pour toutes ces raisons nous serons prets en 2035 pour le retour a l’ ordre constitutionnel.

    • Kinguiranke, Je vois que quelqu’un a utilisé mon pseudo pour vous insulter avec le Pseudo MaliMali (cf. article du Journaliste Youssouf Sissoko du 27 janvier 2025). Le site peut-il au moins sécuriser nos données en détectant les doublons. Comment plusieurs personnes pourraient-elles utiliser le même pseudo alors qu’il nous est demandé de saisir notre adresse e-mail avant de poster un message?. Cela démontre à quel point certains médiocres de ce pays sont bas et à court d’idées et veulent que des élections soient organisées pour qu´ils puissent revenir aux affaires.

  2. Ils doivent justifier l’argent qu’ils prennent auprès de leurs maîtres. Sinon, tout citoyen conscient de la situation du pays ne se formaliserait pas de jeter 80 milliards par la fenêtre juste pour organiser des élections sans aucune garantie de souveraineté et de sécurité. Je ne sais pas pourquoi les autorités ne tuent tout suspense en prolongeant la transition pour 10 ans encore et en interdisant toutes les activités politiques. Au moins, il faudrait se conformer aux autres pays de de l’AES sur cette question des élections. Lorsque l’existence de la nation est menacée, on ne s’accommode pas de tout et n’importe quoi, et on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ceux qui poussent nos politiciens sont les mêmes qui encouragent les autres dans d’autres pays à ne pas aller au voter et à se battre par exemple contre la Russie.

  3. Il faut securiser notre pays d” abord, ramener les deplaces chez eux, reviser la charte des partis politiques conformement aux resolutions du dialogue inter- Maliens et reviser les listes electorale s et les actualiser. Pour toutes ces raisons nous serons prets en 2035 pour le retour a l’ ordre constitutionel.

  4. Ne soyez pas les chèvres des occidentaux.
    Les élections la majorité des Maliens s’en fichent pas mal.
    Qui peut battre Assimi, Traoré et Tiani en cas d’elections Demain?
    AES doit être mis sur les rails.Un chemin de non retour.
    Tous ceux qui sont opposés a AES doivent être identifiés et traités.
    L’esprit de AES prime sur tout.
    Qui vous garantit que à l’état actuel des choses la démocrtaie au Mali ne sera pas comme en 1992?
    Faudra d’abord démocratiser la justice.Justice du peuple.Justice indépendante et forte qui fait peur à tous les citoyens, président et ministres y compris.Justice qui peut dire ‘fuck off’ à un président et à ses ministres.Si cela n’est pas fait nous aurons une démocratie comme en rci, Benin, Cameroun, Congo…c’est la dictature autorisée.l’horreur.

    • “Tous ceux qui sont opposés a AES doivent être identifiés et traités.”
      Puis
      “Faudra d’abord démocratiser la justice.Justice du peuple.Justice indépendante et forte qui fait peur à tous les citoyens, président et ministres y compris”
      C’est ce qui s’appelle se contredire…

      C’est ce qui arrive toujours lorsque l’on essaye de justifier une dictature…

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