Le président de la République a remis le jeudi 03 novembre 2016 un chèque géant de 300 millions aux femmes candidates aux élections communales du 20 novembre. Ce geste d’un symbole politique fort, a suscité beaucoup de commentaires dans les milieux politiques. Malgré qu’il ait lui-même affirmé que son geste est sans arrière-pensée électoraliste ou politicienne. Par cet acte qui ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins vu le nombre très élevé des femmes candidates, estimé à des milliers, n’en demeure pas moins d’une rare élégance politique. Est-ce un appel du pied du Président IBK aux femmes candidates pour qu’elles soutiennent sa candidature en 2018 ?
Après s’être bunkérisé pendant plus de trois ans, le Président IBK semble finalement sortir de sa tour pour multiplier les actions de séduction à l’endroit de l’électorat à quelques deux ans qui nous séparent des présidentielles. C’est par la classe politique, toutes tendances confondues, qu’il a commencé sa série de rencontres avec toutes les forces vives de la nation. Ensuite ce fut le tour de la société civile dans sa diversité d’être reçue par le Président de la République avant qu’il ne prît son bâton de chef pour se rapprocher des familles fondatrices de Bamako. Les Touré, Niaré et Dravé ont rappelé à leur hôte de marque le devoir moral auquel il s’était astreint alors qu’il était Premier ministre de AOK. On se rappelle que son opération de séduction avait commencé avec l’octroi contesté, à l’époque, des 300 lots aux familles fondatrices de Bamako. Elles se plaignirent alors à leur hôte que ce IBK n’était plus venu les voir depuis plus de deux ans et qu’ils n’avaient plus eu la chance de lui serrer la main.
Aujourd’hui, c’est au tour des femmes candidates aux élections communales d’être reçues et cela en grandes pompes par IBK, assortie d’un chèque géant de 300 millions remis à seulement 48 heures de l’ouverture de la campagne et à moins de deux ans des prochaines élections générales. Qu’on le dise ou pas, cet acte quelque beauté qu’il puisse révéler, est loin d’être fortuit. Il porte en lui les germes d’un message qui n’est pas encore éclos, celui de dire implicitement qu’il compte sur le soutien des femmes du Mali en général et des femmes élues en particulier, pour espérer rempiler pour un second et dernier mandat.
En définitive, en commençant sitôt la précampagne pour des élections qui n’auront lieu que dans deux ans, le risque est grand de voir l’attention du Peuple se détourner des vrais problèmes auxquels le pays reste confronté. Une précampagne avant la lettre qui a tous les ingrédients de provoquer une levée de bois verts au sein des autres états-majors des partis politiques.
Youssouf Sissoko
