Putsch militaire au Mali: Trois mois après…

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Retranchés au camp militaire de Kati, quartier excentrique de Bamako, le chef de la junte militaire, Amadou Haya Sanogo et « ses hommes » continuent de peser sur le processus de transition politique. Ensuite, il y a le palais présidentiel de Koulouba abandonné par son locataire, Dioncounda Traoré, en convalescence à Paris, dont le retour semble redouté. Il y a également le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra qui est en train de parcourir la zone CEDEAO pour faire reconnaître la légitimité et la légalité de son gouvernement “en sursis”. A côté de ces centres d’intérêt, il y a la population malienne, indifférente et éprouvée par une crise politico-militaire dont la solution finale tarde à venir.

Le QG de la Junte à Kati (photo: AP)

Kati, 4 juin 2012. Quartier général de la junte militaire avec à sa tête, le capitaine Amadou Haya Sanogo, arrivé au pouvoir au Mali, suite à un putsch, le 22 mars. Un impressionnant cortège présidentiel en positon de départ : motards de gendarmerie, véhicules dernier cri, haute sécurité maximum… « Son excellence voyage-t-il ? », question à un proche du capitaine Sanogo. « Non… il se rend à Bamako », répond laconiquement l’interlocuteur qui ne donne pas les raisons du déplacement du « président ». De fait, Kati est une ville dans la ville. C’est un quartier excentrique situé à quelque 15 km de Bamako (c’est comme si l’on quittait le centre-ville de Ouagadougou pour se rendre à Kamboinsin).

Zone de haute sécurité abritant, entre autres, une garnison et la célèbre école, le Prytanée militaire, elle est située à quelques encablures du palais présidentiel de Koulouba. Au lendemain du putsch militaire, le mythe de cette ville-quartier a été encore renforcé aux yeux des populations bamakoises : barrages militaires, fouilles discrètes et courtoises de véhicules, tags d’un certain âge dissimulés dans les coins de rue du quartier… Après renseignements, l’on se rend compte que le chef de la junte se rendait ce matin du 4 juin 2012 à l’état-major général des armées. En réalité, depuis trois semaines, le capitaine Amadou Sanogo, affectueusement appelé « Haya » par les populations, se fait très discret. «

Moi, je n’ai vu qu’une seule fois le capitaine Sanogo à Bamako, c’était le 12 avril dernier lors de l’investiture de Dioncounda Traoré comme président intérimaire de la république du Mali », se rappelle un confrère malien. En ville, les Bamakois approchés affirment, en effet, qu’il « parle de moins en moins et ne sort plus trop à la télé comme avant ». « Il ne vient pas assez souvent à Bamako, il me semble qu’il se sent à Kati parmi les siens », constate Ibrahim Cissé, un cadre de banque rencontré à Bozala, le quartier du grand marché de Bamako. Du reste, cette omerta a été confirmée par les services de presse du chef de la junte militaire qui ont confié que le capitaine Amadou Haya Sanogo a décidé de se faire très discret « pendant un certain temps ». « Depuis qu’il a consenti de lâcher les leviers du pouvoir, il ne souhaite plus s’exprimer dans la presse pour ne pas gêner le processus de transition politique auquel lui-même adhère pleinement », explique une source proche du capitaine Sanogo.

Plusieurs présidents à Bamako !

Auréolé de son statut d’ancien président de la République avec tous les avantages y afférents, le chef de la junte militaire semble bien en profiter pour se mettre particulièrement en vedette à Kati. Une présence si marquée au point que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) ont exigé, le 6 juin dernier à Abidjan, la « dissolution immédiate » du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), comité au nom duquel et au sein duquel le chef de la junte militaire et ses hommes agissent à Bamako. Jusqu’au 8 juin 2012, le capitaine Sanogo n’avait pas encore réagi à ce haussement de ton de l’organisation ouest-africaine.

Quelques jours plus tôt, le Premier ministre malien de la transition, lui, parcourait les pays membres de la CEDEAO pour prêcher « sa bonne parole ». En effet, pendant notre séjour, Cheick Modibo Diarra était successivement au Bénin et au Togo. Quant au chef de l’Etat, Dioncounda Traoré, plus son séjour parisien se prolonge, plus les Maliens semblent l’oublier. A tous ces « présidents intérimaires de la transition politique », vient s’ajouter la nouvelle palabre politique entre l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA, le parti ayant porté l’ancien président Alpha Omar Konaré au pouvoir en 1992) et l’Union pour la République et la démocratie (URD) qui se battent, elles aussi, pour contrôler la présidence de l’Assemblée nationale laissée vacante suite à la désignation constitutionnelle de Dioncounda Traoré à la tête de l’Etat malien. Le président de l’Assemblée nationale malienne était Dioncounda Traoré, issu de l’ADEMA, qui s’est empressé, fulmine l’autre parti allié, de proposer encore maître Kassoum Tapo au poste de la présidence de l’Assemblée. Quant à l’URD, elle estime que la présidence de cette auguste institution doit lui revenir de droit, ce d’autant qu’elle a en charge la 1re vice-présidence. Aussi, ce parti a-t-il jugé légalement opportun, de proposer son candidat, en la personne de Younoussi Touré qui assure déjà l’intérim de l’Assemblée nationale. Ces moments difficiles pourraient fragiliser ces deux grandes formations politiques-alliées, majoritaires à l’Assemblée. En attendant, le Mali a plusieurs présidents aux multiples destins.

L’incertitude demeure à Bamako

Le climat est doublement lourd à Bamako. D’abord, il y fait très chaud comme à Ouagadougou. Ensuite, il y a cette indifférence des Maliens face à cette crise politico-militaire dont ils ne semblent détenir, pour l’instant, ni les moyens, ni les solutions. La preuve : le capitaine Amadou Haya Sanogo « gouverne » à Kati, le Premier ministre « tient » à Bamako, le président Dioncounda Traoré est « coupé » de la realpolitik. D’ailleurs, le 6 juin dernier, le ministre de la Justice, Maick Coulibaly, est apparu à la télévision malienne pour souligner qu’une information judiciaire a été ouverte contre X pour « tentative d’assassinat sur la personne du président de la République, Dioncounda Traoré ». Beaucoup d’inconnues se cachent dans cette crise majeure au Mali. Selon un confrère malien, la zone de l’ORTM est en état de siège permanent depuis le putsch militaire. On se rappelle, en effet, que le programme de ce média d’Etat a été, dans un premier temps, perturbé par le putsch du 22 mars. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai dernier, l’ORTM a été encore l’objet de contrôle entre les hommes du chef de la junte militaire (symbolisant le béret vert) et les éléments de la garde présidentielle (appelés bérets rouges) restés fidèles au président déchu, Amadou Toumani Touré.

Selon un officier proche du capitaine Sanogo, il n’existe plus de bérets rouges au Mali. « Ils ont été neutralisés… Après enquête, ceux qui n’étaient pas mêlés dans cette guerre de la honte, ont été affectés dans les différents camps militaires du pays ». Selon toujours la même source, de nombreuses personnalités politiques et militaires ont quitté le Mali après le putsch militaire mené par le capitaine Sanogo et ses « camarades ». En attendant, toutes les personnalités les plus en vue, semblent faire profil bas présentement. La classe politique, la société civile, la junte militaire…font modus vivendi et bouche cousue. Quant à la population, elle a repris son train-train quotidien marqué par la cherté de la vie. Un plat de riz accompagné de poisson coûte à peu près 1500 FCFA. Du centre-ville à l’aéroport, le prix du taxi varie entre 3 000 et 5 000 FCFA.

Entre Bamako et Kati, il est « négocié » entre 3 000 et 5 000 FCFA. Si vous optez pour la Sotrama, les « gbaka » maliens, ils sont moins cher (150 FCFA), mais soyez patients car ces « woro-woro », pleins comme un œuf avec une chaleur étouffante à l’intérieur, s’arrêtent en chemin à tout instant, à la recherche du client. Comme au Burkina, les Maliens vivent des périodes infernales de délestage d’électricité de jour comme de nuit. Le fondateur d’un bihebdomadaire malien confiait que si la crise perdure, l’Etat ne pourra pas honorer les prochains salaires des fonctionnaires.

Par Idrissa NOGO (de retour de Bamako au Mali)

Journal Sidwaya – Burkina Faso – jeudi 21 juin 2012 (via lefaso.net)

 

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13 COMMENTAIRES

  1. Nous demandons au peuple malien, aux leaders des partis politiques, aux leaders d’association ,a tous les maliens, de se lever . de marcher pour demander a l’armee qui se cache dans la caserne de Kati, d’aller liberer nos parnets sous occupation au nord du Mali.L’etant malien ne paie pas ces poltrons pourqu’ils dorment pendant que le pays est divise en deux, pendant que nos parents souffrent au nord, c’est leur devoir en tant que soldats de proteger l;intregrite du territoire, et la vie de nos paisibles citoyens. Deamnder a ces soldats sans dignite, sans honneur, sans coeur, sans conscience, d;honorer leur serment de servir la nation.

  2. Le CNDRE bourreau du peuple malien

    Trop c’est trop. Chers confrères, le personnel du Commissariat à la Sécurité Alimentaire vient de vivre l’incroyable.
    Des énergumènes en uniforme policier et militaire, payés et engraissés aux frais du contribuable malien, se présentant comme des envoyés du si tristement célèbre Comité National de Redressement de la Démocratie ont molesté et embarqué le garde du corps du Commissaire à la Sécurité Alimentaire après avoir tiré des coups de feu. L’enlèvement a eu lieu ce matin au siège du CSA sous les yeux ahuris du personnel et des badauds.
    Quelle est la faute du sergent Makamba sissoko ?
    Seuls les fameux ‘’redresseurs de la démocratie’’ pourront répondre. A notre connaissance, Makamba Sissoko, élément du prestigieux 33ème régiment des commandos parachutistes, appelés bérets rouges est le frère cadet du Général Hamidou Sissoko dit Man, lui aussi victime de l’arbitraire du ridicule CNDRE qui n’a eu d’autre mérite que d’offrir sur un plateau d’argent, les trois régions du nord du pays à ses ennemis.
    Sûr de son FORFAIT qu’il essayait de faire passer pour un sauvetage du Mali de sa noyade programmée, pensant ainsi berner le peuple dans sa totalité, le fameux CNDRE n’a trouvé d’autre occupation à ce jour que celle de traquer et d’humilier des fils de ce pays qui parfois sont plus méritants que ceux veulent usurper aujourd’hui le pouvoir et asservir les maliens : triste exploit.
    A quand la fin de cette anarchie ?
    L’adage dit : quand la case de ton voisin brûle, il faut l’aider à l’éteindre. Au rythme des arrestations et kidnapping auxquels nous assistons aujourd’hui, surviendra indubitablement le tour de chacun, si rien n’est fait. Si cette mainmise sur NOTRE ARMEE et cet exercice de fait du pouvoir du monstre CNDRE n’est pas freiné, personne n’est à l’abri de la vendetta et de l’aigreur manifeste de la junte.
    Jusqu’à preuve du contraire, le Mali appartient à chacun de ses fils. Aucun, pour une raison que ce soit, n’a le droit d’oppresser, à fortiori, torturer ou assassiner d’autres maliens impunément. Le peuple magnanime du Mali a déjà été plus clément que la clémence elle même envers le CNDRE en acceptant d’accorder l’amnistie à ces putschistes du dimanche pour leur crime imprescriptible. En réponse, eux continuent de semer la division et la terreur au sein de l’armée et du peuple malien.
    Cependant, une chose est claire et immuable : la vérité rattrape toujours le mensonge et la roue de l’histoire tourne, nul ne peut l’arrêter ou la torpiller. Le peuple veille et n’oublie jamais

  3. @COCO,

    Tu m’as force la main cette fois ci et voila ce que j’ai trouve apres un peu de recherche….

    http://flic.kr/p/ci9vFm

    Attention…celle la peut etre un peu offensive surtout pour les HOMMES OU FEMMES DE FOI comme mon grand frere Lynx22 qui m’a traite D’HOMME DE FOIRE…UN COMPLIMENT TRES APPRECIE….

    Moussa Ag, qui trouve qu’un peu d’humour n’a jamais fait de mal…meme dans les contextes les plus difficiles…

  4. Monsieur le Journaliste, veuillez bien dire “quartier excentrée” et non “excentrique”. Par ailleurs Kati n’est ni un quartier ni une commune de Bamako, je vous invite à vous informer au ministère de l’Administration territoriale.

  5. Maliennes, maliens, nous, population malienne sommes tous pris en otage par des rebelles le nord par le mnla, ançardine, mujao et le sud par le cndre.
    Mieux vaut agir maintenant avant d’avoir faim parce qu’il ya une catastrophe supplémentaire….LA CHERTE DE LA VIE

  6. Vous avez toujours des critiques et ( ils ont dit)
    Laissez sanogo où il est
    s’il n intervient plus temps mieux
    maintenant que gouvernement se met au boulot

  7. le veritable homme fort de la transition est amadou sanogo tout le monde le sait cmd et djonkis sont des marionetes ils le savent tres bien….

    • Tu me fais honte “tienimango” nous dire que Sanogo est l’homme ford de la situation
      Vous allez tous mourir de faim bientot

  8. Le pêché originel

    Sommes-nous encore capables d’apprendre de nos erreurs de gouvernance de ces 50 dernières années?

    Avons-nous les capacités intellectuelles et politiques nécessaires pour décoder la géopolitique qui nous tombe sur la figure avant qu’il nous fauche les pieds au milieu de nulle part?

    A regarder de près le film des opérations cauchemardesques depuis janvier 2012, de leurs gestions et de leurs analyses calamiteuses de Koulouba jusqu’au simple internaute sur un forum d’informations sur le Mali, en passant par Kati, Ouaga (pour la médiation) et New York (conseil de sécurité de l’ONU), rien n’est sûr!

    1. L’erreur d’appréciation du président ATT et de ses conseillers militaires.

    “L’armée de nos besoins plutôt que l’armée de nos habitudes”.

    Voilà le concept mal fécond du dernier 20 janvier que le général président ATT défendait encore après  3 jours du début des hostilités, sans commune mesure, au nord de notre pays.

    A elle seule, cette expression explique tout le comportement d’ATT dans le système de défense du Mali en général et dans la gestion de la crise du nord en particulier.

    En effet, il montre, une sous-estimation grave des menaces qui planaient sur la sécurité du pays et explique pourquoi lui et son gouvernement ont facilement accepté de démilitariser le nord à la faveur des accords d’Alger de 2006
    (à l’époque la guerre n’avait pas éclaté en Libye et l’alibi de “combattants revenus dans leur pays avec armes et bagages” ne pouvait pas tenir la route). 

    Et pourtant c’est là le point de départ de l’ouverture de la boite de Pandore au nord du Mali. 

    Paradoxalement là dessus les maliens ont plébiscité ATT sur le sujet en 2006 et 2007 ( plus de 70% au premier tour des éléctions présidentielles de 2007) au détriment d’IBK qui s’était farouchement oposé aux accords d’Alger de 2006  (moins de 20% dans les mêmes éléctions).

    Pour qui connait le septentrion malien, c’était avant, une zone garnisons, soigneusement mise en place par le président Modibo Keita, pour parer à toute éventualité, car lui au moins savait ce qu’il faisait quand bien même qu’il n’a pas fait “les plus grandes académies militaires du monde”.

    Le lieutenant Moussa Traoré et sa bande à Kissima Doucara n’avaient pas beaucoup de notions de l’administration et des finances publiques à l’époque du CMLN, mais au moins ils ont eu le mérite de comprendre la stratégie militaire du Président Modibo et de le maintenir voire même de le renforcer.

    Après les accords de Tamanrasset et le Pacte National en 1992, les présidents Alpha et ATT ont cru, à tort, que le dispositif militaire des années 60 qui a perduré jusqu’au début des années 90 était désuet et ne pouvait plus durement et efficacement servir le Mali dans sa politique de sécurité et de défense nationale.

    La flamme de la paix à Tombouctou et le dialogue mal placé (permettant d’intégrer sauvagement des anciens combattants rebelles dans l’armée et dans l’administration, et à quel poste?) valaient (à leur yeux) mieux qu’une garnison bien équipée à Kidal où à Aguelhoc avec une discipline militaire stricte.

    Conséquence, il y a eu stratification de l’armée avec retrait du commandement sudiste au profit d’unités spéciales sur fond d’autonomie issue des accords dont les commandements furent allègrement laissés au ressortissants du Nord, principalement des Touareg et des arabes quand bien même qu’ils ne sont pas majoritaires au Nord.

    Après tout, quand on ne doit faire, désormais, que 10 ans maximum à Koulouba, mieux vaut laisser pour la postérité plus de puits, de systèmes d’addiction d’eau potable, et de centres de santé, plutôt que des garnisons imprenables au nord puis que nos frères du nord nous ont juré une loyauté sans faille.
    C’est promis et c’est juré!

    Voilà mes chers amis, la matrice mère de la pensée ALPHA/ATT, qui est à la base du concept étourdissant de “l’armée de nos besoins plutôt que l’armée de nos habitudes” matérialisé par ATT dans ses accords et compromis “inadmissibles” pour tout autre malien non initié.
    Mais aussi, plus grave encore, dans l’orientation suicidaire de nos dépenses militaires vers le fonctionnement plutôt que vers l’investissement.
    C’est pour cela que nous avons plus de généraux et de colonels que quiconque, et je vous laisse volontiers deviner leurs charges d’entretien annuelles et le rapprocher au prix des orgues de Staline (l’un des points forts des groupes armés de tout genre qui ont défait l’armée malienne au nord). 

    Alors en 20 ans, Alpha et ATT ont misé sur la bonne fois et les bonnes volontés de groupes tribaux touareg et arabes très disparates dans leurs comportements et dans leurs états d’âmes sans chercher à savoir l’alchimie, les codes et les lois qui régissent l’équilibre sinon les équilibres des rapports de forces de ces peuples si proches de nous par la nationalité mais, en même temps si lointains de part leurs cultures, je dis bien leurs cultures puisqu’il y a plusieurs, et de part leur milieu naturel.

    C’est ainsi qu’Alpha a ignoré, à tort, les arabes au profit d’autres groupes tribaux, alors qu’ATT les a chérit, à tort également, au détriment de d’autres groupes tribaux dont celui d’Iyad Ag Ghali, les Ifoghas dont le nom nous est tous familier à travers nos cours de géographie “l’ardrar des Iforas”, comprenez par là, montagnes des Ifoghas.
    En référence aux chaines montagneuses qui font du camp d’amachach de Tessalit un lieu unique et objet de toutes les convoitises au Sahel.

    La première chose qu’il faut noter c’est que, du président Modibo à ATT, la gestion du nord à tantôt pris en compte la dimension militaire, soit au maximum (guerres et représsions sans concession) soit au minimum (négociations laxistes et mal ficelées) sans jamais vraiment intégrer au maximum la dimension sociale et tribale qui constitue pourtant la cheville ouvrière des cultures des peuples de cette région du Mali.

    S’agissait-il d’un mauvais calcul politique ou politicien, pour perpétrer les rivalités intercommunautaires, et asseoir facilement au nord les bases de la république ou serait-il le fait d’une mauvaise lecture sociale du Mali? 

    J’attends les mémoires de nos trois désormais ex-président encore en vie pour vous répondre.

    Une chose est certaine, c’est cette dimension sociale et tribale qui est à la base des rivalités entre le Colonel Major El Hadj Gamou (Tribu Imghas) et d’Iyad Ag Ghali (tribu Ifoghas) d’une part et entre les arabes du nord et certains tribus touareg d’autre part.

    Je ne parle même pas des Sonraïs, l’ethnie majorité par excellence au nord, des peuls et des bellahs, sinon nous allons rentrer dans un autre système solaire et je ne suis pas sûr que notre navette spatiale va tenir les années-lumières de parcours à faire même avec un astrophysicien à bord.

    Donc restons dans la galaxie Touareg/arabes.

    Et c’est cette rivalité qui plombe plus, aujourd’hui, le Mnla plutôt que qu’une hypothétique absence de reconnaissance de la communauté internationale de son “Azawad”. 
    Et paradoxalement il en profite d’ailleurs pour s’assurer la primauté dans les négociations avec le gouvernement malien et les médiateurs de la CEDEAO malgré le fait qu’il n’a pas la supérioté militaire sur le terrain contrairement à l’Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali.
    Et si le Mali et sa république étaient en réalité victime des contrecoups des rivalités millénaires entre communautés et peuples du nord? Une sorte de terre fragile incapable de supporter les bouillonnements des magmas venant de ses propres entrailles.

    A y regarder de près le tableau des jeux complexes de rivalités souvent à couteau tiré, nous sommes en réalité dans 50 années d’erreurs de gestion du septentrion Malien.

    Même si nous mettons de coté les erreurs militaires (de 1963, 1990, 1994…) et les erreurs de déficit de développement dans ces zones (malgré l’agence du développement du nord, ADN et le récent programme de développement PSPSDN d’ATT), il nous reste toujours une erreur résiduelle: 

    C’est celle de ne jamais su réconcilier les cœurs et les esprits dans une logique de construction nationale plutôt que tribale et de canaliser les chefferies traditionnelles dans un idéal patriotique en transcendant les clivages tribaux des différents peuples qui vivent au nord du Mali.

    Au sud, on est d’abord malien avant d’être Bambara, Malinké, Bobo, etc. Mais, au nord, on est d’abord arabe, ifoghas, imghas avant d’être malien.

    Cherchez l’erreur!!!

    2. Après l’erreur d’appréciation, le péché originel?

    Alors avec la mauvaise lecture des putschistes du 22 mars de la situation du Mali, le défilé de la honte de la classe politique et de la société civile à Ouagadougou pour une lutte de pouvoir transitoire, et les divisions politiques aigues à Bamako, tout porte à croire que le Mali n’a pas encore les moyens de corriger l’erreur résiduelle.

    Et avec un président par intérim (tabassé et convalescent à Paris) dont beauoup, pour l’instant, préfèrent ignorer volontiers, le vrai pouvoir, en tout cas si on s’en tient à ce qu’on voit et entend, les hésitations et les ratées à l’ONU sur le dossier de la crise malienne, et les pressions internationales pour négocier et pour sortir de la crise au mépris souvent des réalités du terrain en terme de composition ethnique, de positions militaires acquises, des fardeaux et des sacrifices endurées dans le passé pour le Mali, des efforts de construction nationale des uns et des autres, des réelles intentions des uns et des autres envers le Mali, de la loyauté des uns et des autres envers le Mali, font craindre le pire:

    un risque de commettre un autre péché originel qui portera en lui le germe d’une future déstabilisation encore plus dévastatrice pour le Mali.

    Alors, qu’est ce qu’on fait, on reprend les mêmes et on recommence?
     

  9. Au moins les journalistes burkinabe se deplacent pour aller a Bamako( pour dire plus ou moins ce qui s’apparente a la realite), et nous nos journalistes qui ne sont pas fichus d’avoir des informations de souche? Quel est le seul journaliste malien qui s’est deplace depuis le debut de cette “honte” pour aller ne serait ce qu’a Sevare pour faire un article sur la situation que le pays vit? Chacun s’asseoit a la maison et debite ses elucubrations metaphysiques du genre faux-departs de l’armee par-ci, les avions americains ont bombarde des islamistes par-la, affrontement entre ancardine et mnla plus loin. Quand est-ce que cette mediocrite va prendre fin? 😥 😥 😥 😥 😥
    Quelle honte!!!

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