Devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, le Ministre malien des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop, a réclamé que pression soit exercée sur les Responsables de la CMA pour que l’Accord de paix arrive à connaître finalement son dénouement escompté.
La mise en œuvre de l’Accord pour la paix issu des négociations d’Alger reste encore dans son état de processus difficile, complexe et jalonné d’obstacles. Pas plus que le 18 janvier dernier, jour même où on présentait le Rapport de l’ONU sur la situation au Mali, le Peuple malien a été endeuillé par une attaque suicide contre le camp du Mécanisme opérationnel conjoint (MOC) à Gao, faisant plus d’une centaine de victimes dont 77 de tués et 115 blessés avec des dégâts matériels importants.
Selon le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop, à la Tribune des Nations-Unies, ces attaques, qui visent à saboter le processus de paix, ne peuvent point distraire le Gouvernement qui reste déterminé à honorer ses engagements au titre de l’Accord, seul cadre pour le retour de la paix durable au Mali.
Rassurant les partenaires du Mali, le Ministre A. Diop a dit avoir pris note du Rapport sous examen du Secrétaire Général de l’ONU et a salué son Représentant spécial au Mali, le Tchadien Mohamat Saleh Annadif, pour le dialogue étroit et constructif qu’il a su entretenir avec les parties prenantes de la malienne.
«Je me félicite de ce que le présent Rapport reconnaît les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali», s’en est-il réjoui. Tout en soulignant les efforts déployés par le Gouvernement malien, sous le leadership de Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, Président de la République, Chef de l’Etat.
Les efforts du gouvernement
Selon le Ministre Abdoulaye Diop, la détermination du Mali à respecter ses engagements liés aux réformes politiques et institutionnelles découlant de l’Accord a conduit à des résultats forts convaincants. Il s’agit, entre autres, du processus de révision de la Constitution en cours (un projet de Constitution révisé fin prêt est soumis à une série de consultations avec les partis politiques, les groupes armés signataires, les organisations de la société civile et les chefs traditionnels) ; de la nomination des membres des autorités intérimaires, des collèges transitoires ainsi que les Conseillers spéciaux auprès des Représentants de l’Etat dans les Régions du nord ; de l’organisation des élections communales du 20 novembre 2016 et de l’opérationnalisation de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation.
Parlant du volet Défense et Sécurité, le Ministre Diop fera savoir des Présidents et membres de la Commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réintégration, de la Commission d’intégration et du Conseil national sur la réforme du secteur de sécurité ont été nommés et que la Stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité est en cours d’élaboration.
Par ailleurs, dira le Ministre, le gouvernement malien, en collaboration avec la MINUSMA, a élaboré un ensemble de critères et d’échéances visant à faciliter l’évaluation des progrès accomplis par les parties signataires dans la mise en œuvre de l’Accord, conformément aux dispositions du paragraphe 12 de la Résolution 2295 du 29 juin 2016 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
Reconnaissance des entraves à la paix
Toutefois, le Ministre des AE a signifié aux partenaires onusiennes que le Gouvernement malien reconnaît lui-même que des facteurs entravent la mise en œuvre efficace de l’Accord de paix pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Donc, un défi majeur à relever, afin de mettre un terme au vide sécuritaire et à l’absence de l’administration sur le terrain. Et le Ministre d’ajouter que les autorités maliennes reconnaissent également que la situation qui prévaut au Centre et au Nord du pays reste préoccupante, en raison de la persistance des attaques asymétriques des groupes terroristes et extrémistes contre les populations civiles, les forces de défense et de sécurité du Mali et les forces internationales. Il s’agit là pour Abdoulaye Diop de rassurer davantage tous leurs partenaires au sein de la Communauté internationale que les autorités maliennes assumeront pleinement leur part de responsabilité dans l’application de ces benchmarks.
« A ces difficultés, s’ajoutent la fragmentation des groupes armés signataires de l’Accord, multipliant ainsi les interlocuteurs et rendant l’application de l’Accord plus complexe, avec des effets indus sur les échéances convenues», a indiqué le Chef de la Diplomatie malienne.
Outre les mesures politiques et institutionnelles, de défense et de sécurité, il a édifié ses interlocuteurs de la poursuite par le Gouvernement des actions de développement sur le terrain, à travers les projets ponctués d’actions concrètes sur le terrain tels que le Programme d’Urgence pour la Relance du Développement des Régions du Nord, le Programme de reconstruction et de relance économique, la Stratégie spécifique de développement des Régions du Nord du Mali en cours de validation et le projet de loi portant création du Fonds de Développement Durable (FDD) destiné à financer ladite stratégie.
2017, année charnière de l’Accord de paix
2017 sera l’année charnière dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. Comme l’a si bien annoncé le Président de la République, c’est en cette année que les autorités intérimaires seront installées et la Conférence d’entente nationale tenue.
Matérialisation retardée de la Résolution 2295
Le Ministre Diop a regretté du retard accusé dans la matérialisation des innovations de la Résolution 2295 du 29 juin 2016. Ainsi, a-t-il demandé à nouveau au Conseil de sécurité de l’ONU, de doter la MINUSMA de moyens adéquats lui permettant de s’acquitter convenablement de son mandat de stabilisation et d’accompagnement du Gouvernement du Mali à rétablir progressivement l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. «Il convient aussi d’accélérer le processus de cantonnement et du DDR qui reste la condition sine qua non de la stabilisation du Mali», a souhaité le Diplomate Diop.
La situation des droits de l’homme améliorée
Sur la question des Droits de l’Homme, le Rapport du Secrétaire Général fait état de 104 cas de violations et d’abus documentés sur la période de septembre à décembre 2016. «Cela fait apparaitre une diminution sensible des cas de violation et d’abus des droits humains sur le terrain», a relevé le Ministre A. Diop, pour la période concernée en comparaison avec le précédent Rapport. Un fait qui montre que la situation des Droits de l’Homme au Mali s’est améliorée sensiblement.
Aux dires du Ministre, aucun cas de violation de droits de l’Homme ne restera impuni. Ce qui explique l’adoption de la Politique nationale ambitieuse en matière de respect des Droits de l’Homme et la formation des magistrats.
Le Ministre Diop a rappelé d’autres efforts du gouvernement dans les Régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal, qui se sont traduits par la distribution d’importantes quantités d’aides alimentaires aux populations, aux réfugiés maliens au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie ; la réhabilitation, la construction et l’équipement des services administratifs, des centres de santé communautaires, des écoles et des infrastructures hydrauliques dans le monde rural.
Dans le cadre du relèvement économique, des activités génératrices de revenus ont été financées au profit des populations déplacées et rapatriées desdites Régions et de celle de Ségou. A ces actions, s’ajoutent l’ouverture des écoles à Kidal lors de la rentrée scolaire 2016-2017 et le retour effectif de l’Etat dans toutes les capitales régionales du Nord et les chefs-lieux des cercles, à l’exception de Kidal.
Kidal, source de toutes les inquiétudes actuelles
Sans ambages, le Ministre Diop précisera que la situation à Kidal inquiète particulièrement le Gouvernement. Cela, surtout du fait que les groupes terroristes parviennent à s’y infiltrer fréquemment tout en commettant des exactions sur les populations civiles et, sous la complicité tacite de certains Responsables du terroir, en menant leurs activités illicites liées à l’économie criminelle.
«La présence des groupes armés et terroristes dans cette Région constitue un frein à l’acheminement normal de l’aide humanitaire et à la fourniture des services sociaux de base», a regretté le Ministre des AE. Pour mettre fin à ce facteur de blocage du processus de paix en cours, il a réclamé à ce que pression soit exercée sur les autres parties signataires de l’Accord de paix et de Réconciliation nationale, en particulier la CMA, afin que toutes honorent les engagements respectifs pour l’aboutissement du processus d’Alger.
Cyril ADOHOUN