Plus qu’un républicain, Soumaïla Cissé confirme sa stature d’homme d’Etat en reconnaissant sa défaite et du coup, fait renaître la démocratie malienne de ses cendres.
Au moment où tout le monde avait les yeux rivés sur le ministère de l’Administration pour connaître les résultats provisoires du 2ème tour de la présidentielle, le candidat de l’Union pour la République et la démocratie (Urd), Soumaïla Cissé, félicite en des termes particuliers son adversaire Ibrahim Boubacar Keïta. De quoi faire mentir ceux qui, tout au long de la crise que connaît le Mali, ont prédit un lendemain chaotique pour le pays.
La portée du geste de l’enfant de Bankane est la preuve qu’il est non seulement un véritable homme d’Etat, mais aussi un vrai patriote et républicain. Contrairement à ce que redoutaient nombre de Maliens au lendemain du scrutin du 11 août, à savoir une contestation farouche et la crise post-électorale, Soumi Champion a délibérément choisi le chemin de la sagesse et de la retenue. Ce, malgré que les conditions d’organisation décriées et une piètre campagne électorale durant laquelle tous les coups étaient permis. Et les refrains ne manquaient pas : «Soumi n’est pas un bon musulman»; «Il n’aime pas l’armée» ; «Soumaïla est communautariste», «Soumi ne parle pas Bambara» ; «Soumi est l’ami de la Cédéao», entre autres. Presque tout a été dit sur le candidat Soumi afin de lui faire perdre son sang-froid. Peine perdue, l’homme a pris de l’avance sur ses détracteurs et adversaires et a tout planifié pour une sortie honorable.
Le fait que Soumaila Cissé ait été mis en minorité, n’est pas surprenant, car en 2002, il a vécu le même scenario, sans pour autant crier au scandale.
Certes, Soumaïla Cissé a mis toutes ses forces dans la bataille et a joué jusqu’au bout sa partition, mais il a perdu la manche dans la dignité. Mieux, il l’a fait dans un style très original qui a marqué les esprits de l’intérieur comme de l’extérieur du pays.
Ainsi, il vient de faire renaître encore la démocratie malienne qui a chancelé depuis le coup d’Etat de mars 2012 qu’il a combattu avec force et conviction. Malgré les atteintes dont il a été victime, Soumi a fait table rase du passé et s’est abstenu d’accuser qui que ce soit. Ce qui a manqué à bon nombre de nos compatriotes qui ont profité de la crise pour régler leurs comptes personnels.
En tout état de cause, rien n’est perdu pour Soumaila Cissé, au regard de la forte implantation de son parti, l’Urd. Mieux, M. Cissé peut continuer sur son expérience de 2002 et de 2013 pour revenir en force et gagner la sympathie de l’électorat. Avec son statut de leader de l’opposition, Soumaila Cissé aidera notre démocratie à se construire davantage.
Alpha Mahamane CISSE