Présidentielle malienne : Les défis qui attendent le nouveau président

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Le nouveau président malien, qui qu’il soit, devra faire face  aux défis  de sécurisation du pays,  son unification, la mise en place d’institutions fortes et des conditions d’un développement Economique salvateur pour un pays très  pauvre.

 

 

Le Palais de Koulouba
Le Palais de Koulouba

L’élection présidentielle de ce dimanche 28 juillet au Mali a été saluée par le monde  entier. Le scrutin s’est déroulé sans incident majeur. Le nouveau président de la République sera peut-être connu ce vendredi si les deux premiers candidats sortis des urnes Ibrahima Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé ne vont pas au second tour le 11 août prochain.

 

 

Qu’à cela ne tienne. Le nouveau président malien,  qui qu’il soit,  devra faire face à des défis énormes qui freinent l’ardeur des observateurs les plus optimistes.

 

Unité de l’Etat et défi sécuritaire

 

Le Mali a organisé des élections dans un contexte de guerre non achevée dans un climat délétère au Nord. Le tout sous tutelle des Nations Unies et de la France. C’est dire que le processus électoral n’a pas été satisfaisant partout. Le taux d’abstention dans les régions Nord et dans certains camps de réfugiés, les couacs dans l’organisation (problèmes de retrait des cartes d’électeurs, des listes…) donnent une idée de l’ampleur de la dualité du peuple malien et de son territoire.

 

 

Les accords obtenus à l’arrachée avec les Touaregs de l’Azawad présagent des lendemains incertains.

L’autonomie réclamée par une frange de la communauté touarègue du Nord pourrait poser au nouveau président des problèmes graves de sécurité du fait de l’accointance irrédentistes avec Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Il s’y ajoute le trafic de drogue qui aurait touché certaines sphères du pouvoir et de l’Armée.

 

Les combattants touaregs n’ont pas été désarmés et le cantonnement de certains d’entre eux piétine encore. D’où la délicatesse d’un dossier à gérer avec parcimonie.

 

 

Plus encore la difficile restructuration de l’Armée malienne par une formation adéquate de ses éléments pour les rendre opérationnels et républicains.

Le Mali devra, également, chemin faisant, se débarrasser de la tutelle française et sécuriser les frontières du Nord avec l’Algérie et la Mauritanie pour une véritable souveraineté. Car aujourd’hui, la France ne manquera pas de poser sur la table l’effort de guerre qu’elle a fourni et peser de tout son poids sur les négociations politiques et le développement du pays. Ce qui sera un sérieux handicap pour le nouveau Président.

 

Institutions fortes et Développement économique

 

Le Mali est un pays pauvre, très pauvre même avec un revenu par habitant d’environ 270$ en 1993 selon la Banque mondiale.

 

 

Depuis 1988, le pays a entamé un ensemble de réformes économiques dans le cadre des programmes d’ajustement structurel.

 

 

L’objectif qui doit être poursuivi par le Chef de l’Etat est de promouvoir l’économie de marché et encourager la participation du secteur privé au développement économique (libéralisation des prix, suppression de monopoles concernant l’importation ou l’exportation de certains produits, allégement de la fiscalité douanière…). Le code des investissements doit être appliqué avec rigueur.

 

Les  trois milliards d’Euros promis par les pays donateurs lors de la conférence de Bruxelles devraient permettre au Mali de remettre en place des institutions fortes, des forces de sécurité dignes de ce nom, une armée de métier.

Mais il faudra, au préalable que les résultats de l’élection soient acceptés par tous pour une légitimité forte du nouveau Président. Or, en l’état actuel des choses, les partisans des deux candidats  pourraient être réticents quant à la défaite éventuelle de l’un ou l’autre.

S’y ajoute que le nouveau président devra s’atteler parallèlement au développement de l’agriculture, de l’artisanat, de la pêche, de l’industrie,  remettre le pays au travail. L’exploitation de l’or doit aussi être rationnalisée, le Mali étant le troisième producteur en Afrique.

Mais pour attirer les investissements, il faudra plus de sécurité. Et pour cela le respect des accords de Ouagadougou du 18 juin pour reprendre les négociations avec les groupes rebelles 60 jours après le scrutin.

 

Les troupes onusiennes et françaises ne peuvent rester éternellement. Il faudra les remplacer par les militaires maliens dont le déploiement au Nord doit être effectif.

 

C’est dire que la manière dont le nouveau Président entamera son mandat qui définira les choses. S’il sait assez bien inspirer confiance, asseoir l’unité nationale, étaler ses talents de négociateur et être rassembleur, il aura quelques chances. Mais rien n’est gagné d’avance.

Par : Bouly DIATTA

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