Le président Ibrahim Boubacar Keita au siège de l’ONU : «Aucune cause ne saurait justifier la violence délibérée contre les populations civiles innocentes»

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IBK et Baki Moon

Le président Ibrahim Boubacar Kéita était à New York (USA) 23-26 septembre 2016 où il a participé à la 71e session de l’Assemblée générale de l’organisation des Nations unies. «Les objectifs de développement durable : une nouvelle impulsion pour transformer notre monde». Tél était le thème central de cette session, la première depuis l’adoption de l’Agenda 2030 par les Chefs d’Etat et de Gouvernement. L’ambition était de faire le point d’un an de mise en œuvre en procédant à une analyse approfondie des difficultés enregistrées dans l’optique de trouver les meilleurs voies et moyens pour assurer l’atteinte des 17 objectifs du Développement Durable. Le 23 septembre, IBK a pris la parole à la tribune de l’ONU pour faire le point de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les contraintes, les attentes… Nous revenons ici sur les grandes lignes de ce discours.

«La paix et la sécurité sont les conditions sine qua non du progrès et du développement que nous ambitionnons pour les peuples des Nations unies que nous avons l’honneur de représenter ici» ! C’est ainsi qu’Ibrahim Boubacar Kéita a commencé son intervention après avoir honoré les civilités protocolaires.

Il a rappelé que, il y a un an, il était devant la même auguste Assemblée pour présenter l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Un engagement signé entre le gouvernement et les mouvements armés des régions du nord du pays.

Même si la mise en œuvre traîne, le président IBK est d’avis que les acquis sont aussi indéniables. «Quinze mois après, je puis vous assurer que les hostilités ont effectivement cessé entre le gouvernement et les mouvements signataires».

Sans compter, a-t-il indiqué, «des progrès significatifs» enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Des efforts qui illustrent «la volonté du gouvernement du Mali d’honorer ses engagements ont permis des avancées tangibles dans tous les domaines».

Parmi les initiatives et actions entreprises par le gouvernement pour stabiliser le pays, le chef de l’Etat s’est particulièrement appesanti sur «les réformes politiques et institutionnelles» ainsi les questions de défense et de sécurité.

«Ces questions et réformes paraissent fondamentales et conditionnent tout le reste du processus», a souligné IBK. Ces réformes politiques et institutionnelles initiées sont, entre autres, la nomination et l’installation des gouverneurs des nouvelles régions de Taoudéni et Ménaka ; la promulgation de la Loi instituant les Autorités intérimaires suite à la modification du Code des Collectivités territoriales ; l’adoption du Décret portant modalités de mise en place des Autorités intérimaires.

Par rapport aux deux nouvelles régions, le président de la République a rappelé que des conventions de maîtrise d’ouvrage déléguée ont été signées à hauteur respectivement d’un million 700 000 dollars et 1, 360 millions de dollars pour la construction et l’équipement de leur administration générale.

Et le calendrier de mise en place des Autorités intérimaires, élaboré par le gouvernement en coopération avec les Mouvements signataires de l’Accord, avait fixé leur installation du 15 juillet au 25 août 2016. Un délai qui n’a pas été respecté pour diverses raisons.

«Malheureusement à cause de l’insécurité ambiante et des affrontements entre certains groupes armés dans la région de Kidal, le processus n’a pu être mené dans le délai prévu», a justifié Ibrahim Boubacar Kéita.

Profitant de cette tribune, IBK a rappelé «avec force» que l’application effective de la résolution 2295 du Conseil de sécurité permettra «le recouvrement progressif de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, gage de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali».

Que la communauté internationale joue sa partition

Pour ce qui est des questions de sécurité et de défense, le gouvernement du Mali a mis en place le cadre institutionnel en matière de Réforme du secteur de la Sécurité ainsi qu’en matière de processus de Désarmement, de Démobilisation, de Réinsertion et d’Intégration (DDR).

Ainsi, il a décidé la prise en charge des combattants des Mouvements signataires, en attendant le démarrage effectif du processus de DDR ; et la dotation du Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) en véhicules pour la constitution des premières unités des patrouilles mixtes.

«En plus de ces mesures qui visent le retour définitif de la paix et de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, le gouvernement du Mali a poursuivi ses actions de développement sur le terrain, là où les conditions de sécurité le permettent, à travers la mise en œuvre des projets et programmes sectoriels», a-t-il déclaré.

Pour Ibrahim B. Kéita, «la mise en œuvre effective de l’Accord de paix requiert la mobilisation de ressources extérieures en appoint aux efforts nationaux». Et il a profité de l’opportunité offerte pour à nouveau réitérer l’appel du gouvernement malien aux partenaires techniques et financiers afin «qu’ils libèrent les ressources promises lors de la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali». C’était à Paris le 22 octobre 2015.

Ces acquis ne doivent pas constituer l’arbre qui cache la forêt en dissimilant le long et tortueux chemin vers la paix.

En effet, malgré les efforts déployés par les parties signataires de l’Accord, «le processus de paix reste confronté à de sérieuses entraves liées aux activités des groupes terroristes dans les régions du nord qui multiplient indistinctement les attaques asymétriques contre les paisibles populations civiles, les forces de défense et de sécurité maliennes, les contingents de la Minusma et la force française barkhane», a indiqué IBK.

Le président de la République n’a pas manqué de manifester sa reconnaissance au Conseil de sécurité pour l’adoption de la résolution 2295 (2016) renouvelant le mandat de la Minusma et l’autorisant, entre autres, à adopter «une posture plus proactive et robuste, pour réussir son mandat de stabilisation au Mali».

Toutefois, il juge nécessaire le «renforcement des capacités opérationnelles» des contingents déployés pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel de la Minusma et traduire dans les faits et sur le terrain les innovations qu’apporte la résolution 2295.

Tout comme il est indispensable d’accélérer le processus de cantonnement et du DDR afin d’isoler les groupes armés non signataires de l’Accord de paix et qui sont affiliés aux réseaux terroristes dont «les actions entravent les efforts en cours».

Une vision commune pour transcender les difficultés

A l’assistance, IBK a promis que le gouvernement du Mali «assumera pleinement sa part de responsabilité» dans le cadre du nouveau mandat. D’ailleurs, les autorités maliennes travaillent déjà avec la mission onusienne pour «parvenir très rapidement à une vision commune de sa mise en œuvre à travers l’élaboration d’indicateurs mesurables».

A ce titre, le Chef de l’Etat s’est réjoui de «l’identité parfaite de vue qui s’est dégagée, ce matin (23 septembre 2016) à l’occasion de la Réunion de Haut niveau sur le Mali, entre tous les acteurs sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix et surtout l’impérieuse nécessité de corriger les lacunes qui subsistent en termes de capacités opérationnelles de la Minusma».

«Il est difficile d’envisager l’éradication de la pauvreté et de tenir notre promesse de ne laisser personne pour compte dans le contexte où les conflits armés deviennent une nouvelle normalité»,  a poursuivi IBK en se référant au thème de la 71e session de l’Assemblée générale de l’ONU, «les objectifs de développement durable : une nouvelle impulsion pour transformer notre monde».

Et d’ajouter, «la multiplication d’attentats perpétrés à travers le monde rappelle à suffisance qu’aucun pays n’est à l’abri du terrorisme et aucune cause ne saurait justifier la violence délibérée contre les populations civiles innocentes».

Malheureusement, a déploré Ibrahim Boubacar Kéita, le Mali a «connu et continue de subir les affres du terrorisme». Avant de conclure son intervention IBK a encouragé la coopération entre les Etats membres des Nations unies afin de «mutualiser leurs efforts pour neutraliser l’hydre du terrorisme et ses avatars» que sont Daesh, AQMI, Boko-Haram, Al Shebab, Ançar Dine, le MUJAO, Al Mourabitoune, notamment au Moyen Orient et en Afrique.

Un défi à relever pour circonscrire la menace terroriste dans le monde !

Moussa Bolly

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