Le président Ibrahim Boubacar Kéïta a officiellement prêté serment hier devant la Cour suprême qui l’a renvoyé à l’exercice de ses fonctions. Une heure auparavant, il avait reçu les clés du palais de Koulouba et les dossiers de la nation au cours d’une brève cérémonie de passation de pouvoir avec le président par intérim Dioncounda Traoré.
Hier, mercredi 4 septembre 2013, après un an et six mois de transition, le Mali vient de retrouver la voie démocratique avec l’entrée en fonction du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Cette prise de fonction d’IBK s’est déroulée dans le respect des traditions républicaines, avec dès le matin la passation des pouvoirs entre le président intérimaire et le président rentrant Ibrahim Boubacar Keita, qui était arrivé au palais de Koulouba accompagné de son épouse. A sa descente de voiture, des honneurs lui ont été rendus par la garde présidentielle. La démarche rassurée, le président rentrant traverse une haie de gardes d’honneur «sabre au clair ». Il est accueilli au perron du palais par le président Dioncounda. Les deux hommes sont ensuite invités par le directeur du protocole qui les dirige vers le bureau présidentiel où s’est déroulée la transmission des pouvoirs entre Dioncounda Traoré et IBK.
La cérémonie de l’entrée en fonction du nouveau président s’est ensuite poursuivie au centre international des conférences de Bamako où la mobilisation a été totale. Sur place de nombreux invités de marque, notamment le corps diplomatique, les partenaires techniques et financiers et les ministres du gouvernement sortant, les ordres confessionnels…
Conformément au protocole, c’est la première dame qui a été accueillie en premier, suivie quelques minutes après du président de la République, en costume sombre.
Le greffier en chef près la cour suprême a donné ensuite lecture de l’arrêt de la cour constitutionnelle proclamant les résultats définitifs de l’élection présidentielle du second tour.
Dans ses réquisitions, le procureur général a loué la mobilisation des Maliens lors de l’élection présidentielle. Une élection qui, dira t-il, a été la plus démocratique et la plus libre que notre pays a eu à organiser. Le procureur général invite ensuite le nouveau président de la République à tenir compte des attentes exprimées par le peuple malien. Il s’agit énumérera t-il, de la réconciliation nationale, la préservation de l’intégrité territoriale du pays et la construction d’une armée puissante. Puis, IBK prête serment selon la formule consacrée.
Après l’intervention du procureur général et la prestation de serment du nouveau président, le président de la cour suprême, Nouhoum Tapily, a déclaré que la cour «reçoit le serment de Ibrahim Boubacar Keita, président de la République, lui donne acte de son serment et le renvoie dans l’exercice de ses fonctions de président de la République….».
Le nouveau président a été par la suite décoré de la Croix de Grand maître des ordres nationaux, avant de se présenter au drapeau. Puis, l’hymne national.
Lors de son discours, Ibrahim Boubacar Kéïta, s’est engagé à remplir la mission que le peuple malien vient de lui confier, avec honneur, dignité et loyauté. A lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite, à assurer une plus grande protection des deniers publics. Il s’est engagé à ne ménager aucun effort pour redonner au Mali son honneur, sa fierté et sa dignité d’antan.
Ibrahim Boubacar Kéïta a aussi rendu un vibrant hommage à la France et à son président François Hollande ainsi qu’à tous les chefs d’Etats africains dont les soldats sont tombés pour la libération de notre pays…
Oumar Diamoye
Investiture d’Ibk :
Des leaders nationaux réagissent…
Le président élu, Ibrahim Boubacar Keïta, a été officiellement installé dans ses fonctions de président de la République du Mali par la Cour suprême. La cérémonie tenue à cet effet, hier au Cicb, a réuni de nombreuses personnalités politiques et de la société civile dont certains ont bien voulu se confier à nos reporters sur leurs attentes vis à vis du nouveau locataire de Koulouba. Réactions.
MAHMOUD DICKO, PRESIDENT DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE
« Notre accompagnement ne fera pas défaut »
«Je remercie le bon Dieu et lui demande d’inspirer le peuple malien pour qu’il aille vers la réconciliation réelle. Notre accompagnement ne fera pas défaut. Notre accompagnement n’est pas l’accompagnement d’un homme ou d’un régime. C’est le Mali que nous allons accompagner. Et cet accompagnement, nous allons le faire avec toutes nos forces. Nous demandons à tous les Maliens de prier et de se donner la main pour sortir notre pays définitivement de la crise».
MALICK ALHOUSSEINI, PRESIDENT DU COREN
« Tout cela augure d’un Mali nouveau »
«Nous sommes très heureux de participer à cette investiture du président de la République. Et nous tenons à nous féliciter des résultats auxquels la transition est finalement parvenue. Le pays est entièrement libéré, un président de la République brillamment élu sans que l’on puisse voir une crise ou des crises post-élection. Je pense que tout cela augure d’un Mali nouveau. Nous avons noté que le chantier à venir, c’est la reconstruction d’un Mali nouveau. Le collectif des ressortissants du Nord du Mali (Coren) s’engage à accompagner cette reconstruction pour qu’enfin un Mali nouveau, un et indivisible soit un acte concret ».
ZEYDANE AG SIDALAMINE, ANCIEN MEMBRE DE LA REBELLION TOUAREGUE
« Je lui fais confiance. »
« C’est l’Etat et la République qui sont de retour. C’est une élection qui rassure. Je suis sûr et certain, connaissant l’homme, le candidat et le président, IBK fera tout pour jouer la carte de l’honneur et de la dignité et du retour du Mali sur la scène internationale. Et, il a des thèmes chers comme la réconciliation nationale, la restauration de l’autorité de l’Etat, le bonheur du Malien, l’honneur du Mali. Je pense que tous ceux qui l’ont connu (je l’ai côtoyé pendant ¼ de siècle), il n’est pas tricheur. Il ne triche ni en public, ni en privé. C’est vraiment un homme d’Etat. Je lui fais confiance. Il doit s’entourer de cadres entièrement dédiés au Mali et qui doivent se lancer un défi : rehausser l’image du Mali ».
YOUNOUSS HAMEY DICKO, PRESIDENT DE LA COPAM
« IBK incarne l’homme du changement »
«Notre sentiment est un sentiment d’espoir. Pour nous, IBK incarne l’homme du changement. C’est pour cela que nous avons voté pour lui. Si nous ne le croyions pas, nous ne voterions pas pour lui, à plus forte raison mobiliser le peuple malien pour voter pour lui. Nous avons vu en IBK un homme constant, un homme patriote, un homme républicain et aussi un démocrate. Mais, tout le monde est comme ça, plus ou moins. Il reste que IBK est réellement patriote. Il aime son pays. Il se bat pour l’intégrité territoriale, pour la dignité des Maliens. Nous avons entendu beaucoup de discours de beaucoup de présidents. Mais la réalité est là : ils ont détruit le pays. Ils ont fait en sorte que chacun a pris son morceau, même dans le pays. Donc, nous pensons aujourd’hui qu’IBK incarne le changement. Mais toutes les organisations veillent, le peuple veille. Parce que lui, c’est un élément issu de l’action vigoureuse du peuple, d’un mouvement populaire. C’est le président d’un mouvement populaire. Naturellement, il est trop regardé. Ce n’est pas un pouvoir qui s’est constitué dans la cachette, dans la fraude, c’est un pouvoir transparent, issu du peuple. Donc, le peuple va veiller à la gestion du pays ».
Ahmed Sékou Touré, militant Urd
« Je veux qu’il soit le président de tous les Maliens »
Je veux d’abord que le président élu soit le président de tous les maliens. Je pense que l’espoir est grand parce que le Mali vient de très loin, et les Maliens ont soif de beaucoup de chose dont la justice, l’égalité et le partage équitable des biens de l’Etat. En tant que Malien, je pense qu’il faut faire la réconciliation nationale. Il faut avoir une armée républicaine. Il faut l’emploi pour les jeunes. C’est vous dire qu’en égrenant les attentes et les besoins, il y en a beaucoup. Mais je crois que l’homme est à même de pouvoir relever le défi puisqu’il est un homme d’Etat qui a l’expérience de la gestion. Il a été membre du gouvernement, premier ministre et président de l’Assemblée nationale. Je pense qu’il a l’atout de son côté, à lui maintenant de faire le jeu pour que le Mali soit davantage ce qu’il est au jour d’aujourd’hui dans l’opinion nationale et internationale après des élections réussies.
El hadj Baba Sandi Haïdara, député
« La justice doit être juste… »
Les discours étaient édifiants. A entendre le message annoncé par le procureur de la République, je crois que le contenu résume parfaitement ce qu’entendent les Maliens du nouveau président de la République. Cependant, en parlant de la justice, il a évité de dire le mot corruption. Et je pense que dans les actions, on ne peut pas construire une nation sans qu’une justice ne soit juste. Tant que la justice n’est pas juste, tout ce sur le quel on va se mettre sera voué à l’échec. J’attends du nouveau président de la République qu’il s’y investisse. Tel qu’il l’a dit dans son discours, le Mali attend beaucoup et les charges sont nombreuses, mais il faut la justice, l’égalité, la dignité et l’intégrité. Ainsi, le Mali ira de l’avant.
Hammadoun Amion Guido, syndicaliste
« Il doit s’attaquer aux problèmes économiques… »
Vous avez écouté le procureur de la République. Je m’attends quant même à ce que l’autorité de l’Etat soit rétablie et que les Maliens retrouvent leur dignité. Il y a effectivement des problèmes économiques auxquels le nouveau président doit s’attaquer. Notamment le problème de l’emploi, la santé et l’école. Il y a plusieurs défis à relever et je pense qu’il a conscience de tous cela. Les Maliens doivent l’accompagner pour l’accomplissement de sa mission.
Propos recueillis par
Oumar Diamoye
Issa B Dembélé
Abdrahamane Douaré
C’est hier que j’ai vraiment compris ce qu’IBK aimait souvent dire quand il était en colère. “ Koün bê di, n’ga koün teré tè di “ autrement dit on peut bien raser la tête, mais pas sa prédestiné.
Que le bon Dieu vous accompagne. Et bonne chance !
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