Si hier, bien de Maliens voyaient en Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) l’homme de la situation, aujourd’hui les illusions ont cédé le pas à la triste réalité à propos du bien fondé de l’élection d’IBK à la magistrature suprême de la République du Mali.
Pour récapituler les points saillants des espoirs fondés en IBK, aujourd’hui président de tous les Maliens, il convient de rappeler:
1) Le règlement définitif de la question du Nord et la sauvegarde de l’intégrité du territoire national.
2) La lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière en République du Mali.
3) Redonner confiance au peuple malien quant à son mieux être socioéconomique et culturel.
4) La traque de tous ceux qui ont directement participé à la mise en lambeaux de notre pays notamment ses forces de défense et de sécurité, son système sanitaire et l’éducation nationale.
Peut-on aujourd’hui avec honneur, dignité et respect pour le peuple malien dire à haute et intelligible voix que le président IBK, en quatre ans de gestion des affaires du Mali, a comblé les attentes des citoyens ? Visiblement, il faut dire que les problèmes qui acculent les Maliens dans leur vie de tous les jours depuis le régime militaro-udpmiste de Moussa Traoré ont atteint sous IBK un seuil vraiment inquiétant.
Rappelons quelques points des échecs en chaîne du président IBK. D’abord, il convient de rappeler qu’à la fin du second mandat d’Amadou Toumani Touré (ATT), le climat était délétère au Mali. Mais la crise qui a précipité sa chute est bien celle qui a conduit aux événements tragiques d’Aguelhok. En quelques heures, tout le septentrion de notre pays est occupé par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) en coalition avec les gens appelés djihadistes.
Dans la foulée du coup d’Etat (22 mars 2012), Dioncounda Traoré a usurpé la présidence de la transition. Comme pour exécuter un plan machiavélique savamment monté, Dioncounda Traoré fait appel à l’armée française pour, dit-on, aider le Mali à libérer les zones occupées et rétablir l’intégrité du territoire national. L’armée française foulait à nouveau le sol libre du Mali après cinquante-six (56) ans d’absence. C’était le 11 janvier 2013.
Rappelons en passant que sous la pression de notre peuple travailleur et à la demande conséquence de son président Modibo Keïta, le dernier soldat français a quitté le Mali, le 5 septembre 1961. Aujourd’hui, nul doute que l’armée française s’est durablement installée à Tessalit pour, dit-on là aussi, lutter contre le terrorisme au Mali et dans le reste des pays sahélo-sahariens. Elle ne quittera notre pays que sous la pression patriotique de notre peuple.
Aucun régime, ni malien, ni français ne peut empêcher ce destin de s’accomplir. Et depuis, la balkanisation de notre pays se poursuit chaque jour davantage. Avec la signature de l’accord de «défense» entre le Mali et la France (juillet 2014), les autorités françaises légitiment ainsi cette occupation par les forces françaises du Nord de notre pays. Mais à vrai dire, cette occupation était programmée depuis les dernières années du régime colonial dans notre pays.
Le constat est amer: depuis l’occupation du Nord de notre pays l’on ne peut dire avec responsabilité que le Mali a recouvré l’intégrité de son territoire. Ce que Manassa Danioko a appelé insécurité résiduelle, tue chaque jour que Dieu fait des dizaines de soldats de nos forces de défense et de sécurité, sans épargner pour autant la vie des paisibles citoyens.
Disons en passant que la semaine dernière, Iyad Ag Ghali a fait voir onze (11) soldats maliens devenus ses otages. Coïncidence malheureuse ? En tout cas, l’armée française a dit qu’elle avait éliminé onze djihadistes dans les montages de Tergharghar dans la région de Kidal.
Selon certaines sources, ces onze tués par l’aviation française seraient les corps des onze (11) militaires capturés par Iyad. Si ces informations se confirmaient, il y aura un argument de plus pour dire que Kidal est devenu un domaine de prédilection des troupes françaises d’occupation.
En tout cas pour l’instant notre gouvernement n’a dit mot à propos. On peut donc dire ici, que la problématique de la libération du Nord-Mali reste entière. L’autre triste réalité est que la France n’est pas au Mali pour l’aider vraiment. Avec le G5 Sahel, si le renseignement et la redistribution de l’information doivent être assurées par l’armée française, il faut dire que la libération du Nord-Mali est à conjuguer au futur très lointain.
L’élection des présidents de régions apparaît ici comme l’expression de la balkanisation de notre pays. Mais, cette triste réalité, le gouvernement ne peut la dire car il y a pour lui le risque majeur de faire face à la fronde du peuple. Mais dans le même temps, il est tenu à l’œil par le colonisateur et l’occupant français. N’est-ce pas là un gros dilemme pour nos autorités !
Un autre dilemme réside dans l’équation Amadou Koufa au centre du pays que le gouvernement se doit de résoudre avant les élections prévues, pour décembre 2017. Gao, Tombouctou et Kidal, ayant déjà leurs autorités intérimaires, les choses semblent consommées de ce côté.
Quant à Kidal, pratiquement le gouvernement ne dit rien ou presque quant à son retour dans le giron de la République. En tout cas aux dires de nos sources l’ORTM à Kidal se nomme bien ORTA (Office de Radio Télévision de l’Azawad). Et alors ? Les élections régionales risquent de concerner seulement le Sud du pays même si le Premier ministre tient à rassurer ses compatriotes de la tenue desdites élections sur l’ensemble du territoire national de la République du Mali.
2) Dans le domaine de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, rappelons que le président IBK avait placé l’année 2014 sous le signe de la lutte implacables contre la corruption et les malversations financières. Mais là aussi l’espoir est déçu comme en témoigne le rapport du vérificateur général sur le gâchis économique de l’année 2015.
3) En tout cas, les Maliens vivent aujourd’hui plus qu’hier les effets pervers de la flambée illicite des denrées de premières nécessités. Aucun Malien sérieux ne peut nier cette triste réalité que vit notre peuple travailleur sous le règne IBK. La culture est toujours extravertie en dépit de la nécessité connue de tous de revaloriser notre culture.
4) Dans le cadre de la traque des Maliens qui ont mis en lambeaux l’armée, la santé et l’éducation, disons avec juste raison que rien n’est pratiquement fait à ce jour:
– il faut dire que depuis Alpha Oumar Konaré, la sape de notre système de défense a débuté. Malgré quelques discours de bonne conscience à ce propos ;
– il faut aussi dire que tant que l’armée française restera au Mali, les Forces armées maliennes (FAMAs) ne seront pas véritablement opérationnels pour assurer pleinement leur rôle régalien de défense de l’intégrité territoriale. En tout cas les évènements malheureux de Kidal (Moussa Mara) ne sont pas toujours élucidés. Tout cela parce que les responsables démocrates ont travaillé a saper dans ses fondements notre armée nationale ;
– la santé et l’éducation sont elles aussi en lambeaux comme en témoigne la grève illimitée des hommes de blouse blanche, en 2017, et les grèves à répétition des enseignants.
Tout se passe aujourd’hui comme si IBK n’est pas élu pour soulager notre peuple de ses souffrances. Dans ces conditions et au regard de l’imbroglio-militaro-sécuritaire dans notre pays, il faut dire que le gouvernement d’IBK est de plus en plus entre le marteau et l’enclume en ce sens qu’il ne peut oser dire aux Maliens la triste réalité sur la présence des troupes françaises sur notre sol et l’insécurité grandissante au Mali.
De l’autre coté et sans nul doute, la France veille sur lui ou plus exactement sur les décideurs Maliens. Et malheureusement dans ce cas de figure, il ne peut compter sur les Maliens dont les gouvernants foulent au pied les préoccupations fondamentales des citoyens. La roue de l’histoire ne saurait s’arrêter un instant.
Fodé KEITA