L’équipe gouvernementale formée par le nouveau Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, a reçu mandat de transformer en actes concrets la vision politique du président Ibrahim Boubacar Kéita. Plus spécifiquement, elle doit apporter des solutions à la question sécuritaire qui demeure très préoccupante malgré la mise en œuvre d’un accord pour la paix et la réconciliation ; donner une réponse à la demande sociale qui se fait de plus en plus pressante. A un an des élections présidentielles, le président « IBK » cherche, visiblement, à renouveler la confiance de ses concitoyens.
A la Primature, les premiers ministres se succèdent et ne se ressemblent pas. Abdoulaye Idrissa Maiga, qui en est le quatrième, imprime sa marque. Son discours inaugural en tant que chef de l’exécutif, est un discours de rupture mais une « rupture par les actes » a-t-il demandé à ses ministres.
En imprimant sa marque, Abdoulaye Idrissa Maïga, imprime en même temps celle du président Ibrahim Boubacar Kéita, pour qui, il est impératif de renouveler la confiance que les électeurs ont placé en lui en l’élisant président de la République en 2013. Le programme politique pour lequel « IBK » a été élu en 2013, s’articule autour de trois axes prioritaires : la question sécuritaire liée au problème du nord-pays, la question sociale liée au bien-être des populations et la question de l’autorité de l’Etat liée à la rupture de confiance entre gouvernés et gouvernants.
Su ces trois points, la satisfaction est loin d’être totale. Loin s’en faut. Et si le Président « IBK » a cru nécessaire de revenir sur ces axes prioritaires avec son quatrième gouvernement, c’est qu’il est lui-même conscient que les résultats sont encore en deçà des attentes malgré les efforts consentis. En effet, le président Ibrahim Boubacar Kéita a confié à l’équipe Abdoulaye Idrissa Maiga, le Premier ministre, les missions suivantes : parachever la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ; apaiser le climat social ; mettre en œuvre le Programme présidentiel d’urgences sociales ; adapter la diplomatie malienne aux exigences de la place et du rôle du pays dans les questions régionales et internationales.
En clair, il faut donner non seulement plus de visibilité à l’action gouvernementale mais aussi et surtout apporter les réponses qu’il faut aux questions posées. Ceci a effet, de regagner la confiance des populations et par intérêt, celle des électeurs, à quelques mois des élections présidentielles.
C’est de bonne guerre. Mais, les actes posés ou à poser pour apporter des réponses concrètes aux problèmes posés, doivent s’inscrire dans la durée pour éviter l’éternel recommencement. Certes, le Programme présidentiel d’urgences sociales qui concerne les secteurs de l’eau, santé, l’éducation, l’énergie et les pistes rurales, s’étale jusqu’en 2020 et est censé apporter des solutions concrètes aux problèmes d’accès des populations aux services sociaux de base et « améliorer de manière rapide et significative le quotidien des bénéficiaires ». Mais, le souci des responsables des différents portefeuilles ministériels, doit rester constamment celui du bien-être des populations et non celui de plaire seulement au Prince du jour pour justifier sa nomination. C’est en cela que les populations sentiront davantage les changements auxquels elles aspirent depuis la chute du régime dictatorial.
En clair, le président « IBK » ne peut compter sur un renouvellement de la confiance des électeurs, s’il ne traduit pas en actes concrets sa vision politique. Des efforts ont été, certes consentis pour y parvenir. Mais, le murmure social rappelle constamment que l’objectif n’est pas encore atteint.
Le discours de rupture prononcé par le nouveau premier ministre à l’endroit de ses ministres, est un signal fort de l’urgence de donner réponse satisfaisante à la demande sociale. C’est même un impératif pour le président de la République de le faire pour accroitre la légitimité de sa candidature pour un second mandat.
La question qui se pose maintenant est celle de savoir quelle est la capacité de l’actuelle équipe gouvernementale à traduire en acte concret cette vision politique à laquelle le président « IBK » tient tant ? Une chose est certaine, l’erreur n’est pas permise.
Tièmoko Traoré