Nouveau gouvernement : Ibrahim Boubacar Kéita et la refondation patriotique malienne

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En politique, il y a des questions qu’il faut se poser pour comprendre le comportement des acteurs politiques et les contradictions qu’ils trainent derrière eux. Par exemple, qu’est ce qui oppose frontalement Ibrahim Boubacar Kéita à son prédécesseur Amadou Toumani Touré ?    N’étaient-ils pas des alliés hier dans la gestion des affaires publiques du pays ?

 

 

Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK / AFP

La vie politique est un domaine dans lequel la nature des hommes détermine toujours la finalité des actes que l’on pose. En politique comme ailleurs, il faut toujours se méfier de celui qui privilégie son moi, qui affiche son arrogance et qui n’a pas d’humilité. Le narcissisme, le culte de soi et l’égotisme sont les pires ennemis de l’homme politique. La crise malienne perdure, les risques d’une balkanisation, qui conduira le Mali à la parcellisation et au chaos généralisé, existent et s’étalent sous nos yeux au quotidien sans que cela ne puisse émouvoir les institutions de l’Etat et les hommes qui les animent. Ce constat nous amène à comprendre que les hommes peuvent transposer leurs antagonismes personnels au centre de la vie politique pour le malheur des peuples. Souvenez-vous de la déchirure de l’immense sous-continent indien à la veille de son indépendance, en aout 1945, à cause de la relation complexe entre Jawaharlal Nehru et Mohamed Ali Gina. Cela donna naissance au Pakistan, le pays des purs. Alors que la possibilité réelle d’une vie commune était à portée de main.  Des familles entières ont été séparées jusqu’à ce jour à cause des antagonismes politiques entre deux personnes.

 

 

 

Les amitiés en politique

Un ami est une personne à laquelle on est lié par une relation d’amitié. En politique les amis peuvent devenirs des pires ennemis du jour au lendemain. Le champ politique a toujours été le vaste cimetière des amitiés et nous pouvons le démontrer ici avec des exemples concrets : Hamed Ben Bella et Houari Boumediene, en Algérie. Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia au Sénégal. Hamed Sékou Touré et Fodéba Keita en Guinée. Félix Houphouët-Boigny et Jean Baptiste Mockey en Côte d’Ivoire. Patrice Emery Lumumba et Joseph Désiré Mobutu au Congo. Thomas Sankara et Blaise Compaoré au Burkina Faso, Bref la liste est longue.

Ibrahim Boubacar Kéita et certains hommes politiques ne sont pas des amis, ils se fréquentent juste pour un intérêt en jeu. Mais en réalité, ils sont des alliés de circonstance. La politique est aussi un domaine où la bassesse, la turpitude, la dissimulation, le mensonge, la filouterie et la perfidie se conjuguent toujours pour accoucher très souvent de la forfaiture.

 

 

 

De la refondation patriotique malienne

Refondation, c’est refonder ou reconstruire sur des bases nouvelles. Ce terme, dans son utilisation politique, a été élargi à la société malienne dans son ensemble. De ce point de vue, le RPM voulait entreprendre une remise en cause et des réformes en profondeur dans le fonctionnement de la société malienne. Le RPM refuse une indépendance sous tutelle. A l’ombre de la France. Les refondateurs estiment que les relations avec l’ancienne puissance colonisatrice sont étouffantes et empêchent le plein épanouissement de la nation malienne. Dans un pays normal, le président de la République est l’arbitre des conflits et de toutes les dissonances nuisibles qui peuvent surgir dans le corps social du pays. Pourquoi chez les Maliens, c’est le président de la République qui va se vautrer lui-même dans la mare boueuse des cochons pour chercher et rechercher le virus qui va détruire son propre pays ?

 

Il conduit au non respect des droits humains et à la mauvaise gouvernance. Il conduit à la peur de la différence, à la soif du pouvoir qui pousse à tuer pour exister. – Le tribalisme est nuisible à l’intégration nationale, puisse que son pilier principal est l’exclusion et la négation des autres. Il favorise la corruption, le népotisme, la gabegie et le clientélisme. Il est responsable du manque de démocratie de base, et conduit à un sentiment d’injustice, de frustration et de haine dans le corps social de la nation qu’on veut bâtir. Le tribalisme conduit toujours à des dictatures criminelles, sanglantes et sanguinaires. De même, les innovations naissent à un moment précis, dans un contexte précis, avec des personnes précises ; leur diffusion dépend ensuite d’un contexte général.

 

 

Telles sont les réflexions que nous inspirent le Mali et ses souffrances sans fin, dans un décor de fin du monde où elle est rongée par un mal pernicieux  (la ville de Kidal) qui risque de l’emporter définitivement dans la tombe.

 

Paul N’GUESSAN

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