Nouhoum Tapily, Président de la Cour Suprême du Mali : « La lutte contre la corruption n’est pas au dessus de nos moyens »

25 Nov 2014 - 16:36
25 Nov 2014 - 16:36
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[caption id="attachment_111623" align="alignleft" width="310"]Nouhoum Tapily, président de la Cour Suprême Nouhoum Tapily, président de la Cour Suprême[/caption] « La lutte contre la corruption est certes, une œuvre de longue haleine, mais elle n’est pas au dessus de nos moyens. Il nous faut plus d’engagement et de responsabilité et un accompagnement des pouvoirs publics ». C’est ce qu’a affirmé le Président de la Cour Suprême du Mali, Nouhoum Tapily, dans un discours qu’il a prononcé à l’occasion du Colloque International, tenu au CICB lundi dernier. En effet, consciente de la responsabilité qui lui incombe comme garante de l’intérêt général, des libertés et des droits fondamentaux, la justice entend répondre aux attentes des citoyens, comme aux exigences de la bonne gouvernance publique. La confiance qu’inspire le fonctionnement des services publics aux personnes qui y font appel est un fondement du pacte social et elle participe de la bonne gouvernance. Pour le patron de la Cour Suprême du Mali, l’une des préoccupations les plus brûlantes qui plombe nos sociétés, nos Etats, est celle qui est qualifiée de phénomène de la corruption. L’intrusion de la politique dans le champ judiciaire et l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques constituent des pratiques dangereuses. « Vous conviendrez avec moi, qu’il est unanimement admis que la corruption est un véritable obstacle au développement de tout Etat, véritable défi qu’il  devrait nécessairement relever », précise Nouhoum Tapily. Selon de nombreux rapports d’étude sur l’état de la corruption, il apparait que le phénomène prend de l’ampleur dans de nombreux pays. Pis, elle se mue au gré des circonstances et fluctue d’un secteur à l’autre. Certes, la lutte contre le fléau requiert une synergie d’action de l’ensemble des acteurs de la société, mais le juge, de par son rôle régalien de poursuite et de répression, constitue un acteur incontournable de cette lutte et doit pleinement jouer sa partition. En fait, dans l’imaginaire populaire, la corruption est banalisée dans la plupart des pays en développement, elle relève du quotidien de la population et des entreprises ou sociétés, qui vivent avec, et vont jusqu’à la considérer,  avec fatalisme, comme partie intégrante de leur culture. Non seulement les décisions publiques et les règles officielles, comme l’attribution d’un marché public ou le montant des taxes à payer, se négocient, mais bien souvent l’accès à un service public ou l’exercice d’un droit, comme l’obtention d’une pièce d’état civil, se monnayent également. De nombreux autres mécanismes contribuent à diffuser et à banaliser les pratiques de corruption dans notre pays. Les conséquences sont néfastes pour nos maigres ressources, et, notre développement peut, en être, affecté. « Il nous faut donc agir pour enrayer le mal si tant est que nous ne voulons hypothéquer l’avenir de nos Etats. Ce combat est celui de toute la société, donc de la justice elle-même », a souligné le président de la Cour Suprême. Notons que la justice a un rôle central dans la lutte contre la corruption, d’où les multiples appels à une responsabilisation accrue du juge qui ne doit désirer aucun avantage pour rendre justice. Adama DAO

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