5 juin 2020-5 juin 2021, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a un an. Les acteurs du mouvement ont tenu à magnifier ce premier anniversaire à travers un meeting géant organisé à la place de l’Indépendance devenue désormais mythique.
Ce meeting fut l’occasion pour les acteurs de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru jusque là. Ainsi, ils n’ont pas manqué de rappeler, dans une déclaration rendue publique à cette occasion, les objectifs qui, d’après eux, leurs aient été assignés par l’ensemble du peuple malien. Il s’agit, d’après la déclaration, de lutter contre la corruption, la mauvaise gouvernance, le népotisme, l’impunité qui ont conduit notre pays au bord du précipice; de veiller sur l’État de droit, la République, la démocratie et la laïcité; de situer résolument toutes nos actions dans le strict respect de la loi et le refus de la violence ; d’impliquer tous les Maliens à ce noble, exaltant mais combien difficile combat.
Visiblement, sans crier victoire, car selon eux, «aujourd’hui n’est pas encore le jour de la victoire qui ne sera qu’au bout de l’effort collectif que nous déploierons pour notre bien commun: le Mali. Il apparaît évident que le mouvement se trouve réconforté dans sa position avec la tournure que viennent de prendre les évènements dans notre pays ces derniers temps».
En ce sens qu’après la démission forcée du président Bah N’Daou et celle de son Premier ministre, M. Moctar Ouane à la suite d’un coup de force perpétré par le colonel Assimi Goïta et son équipe, le mardi 25 mai dernier, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) s’est vu attribué la primature qui à son tour a désigné docteur Choguel Kokala Maïga pour assumer cette responsabilité.
Loin de se réjouir de ce coup de force, le M5-RFP s’est contenté de prendre acte et se dit heureux de voir que les militaires aient afin pris la décision de collaborer avec eux dans le cadre d’un partenariat stratégique pour la rectification de la trajectoire de la transition.
Selon la déclaration, “C’est bien face à l’autisme du pouvoir qu’ils avaient demandé le départ de Ibrahim Boubacar Kéita et de son régime. Cette lutte hautement patriotique a été parachevée, le mardi 18 août 2020, avec l’intervention de nos vaillantes forces de défense et de sécurité. Après un moment d’incompréhension, disent-ils, les deux légitimités qui ont œuvré pour le changement, ont fini par se retrouver dans le cadre d’un partenariat stratégique pour rectifier la trajectoire de la transition et ainsi poser les jalons de la Refondation du Mali.”
Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) se dit conscient de la lourde mais exaltante tâche qui vient de lui être confiée et dit avoir mesuré toute la lourdeur de la responsabilité qui est la sienne. Il est conscient qu’il porte désormais, à travers le futur premier ministre sorti de leur rang, l’espoir de tout un peuple mais aussi et surtout l’avenir d’une nation. Ainsi, pour réussir cette mission, le mouvement se dit conscient du nécessaire accompagnement de toutes et de tous.
Ainsi, dira-t-il, “Cette vaste entreprise sera inclusive et ouverte à toutes les personnes ou forces politiques et sociales acquises au changement.” C’est pour cette raison, poursuit la déclaration, qu’il serait réducteur de voir le rassemblement d’aujourd’hui comme la simple célébration d’un anniversaire. Au-delà et bien au-delà, il s’agit de montrer à la face du monde un peuple uni soucieux de prendre son destin en main par un changement de paradigmes et d’occuper toute sa place dans le concert des nations.
”La réussite de cette mission passera nécessairement par la mise en œuvre rationnelle et intelligente des dix (10) points déclinés en dix-sept (17) mesures fortes dont l’application permettra la Rectification de la trajectoire de la Transition pour la Refondation totale du Mali“, a-t-il laissé entendre.
Les responsables n’ont pas manqué d’avoir une pensée pieuse pour les victimes des 10, 11 et 12 juillet 2020 pour lesquelles ils ont renouvelé leur engagement d’obtenir justice.
Le Mouvement du 5 juin a également tenu à lancer un appel présent à la communauté internationale, notamment ses partenaires de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA) pour qu’ils viennent à la rescousse du grand Mali. “En tout état de cause, nous demandons à la CEDEAO, à l’UA, que dis-je à la communauté internationale de comprendre toute la profondeur de la crise malienne, de lui accorder toute l’attention et l’accompagnement nécessaires et de lui trouver la meilleure solution qui soit, plutôt que d’infliger des sanctions à un Peuple déjà meurtri par près de dix années de crise“, soulignent-ils dans leur déclaration. Et cette volonté a été réaffirmée par celui qui a été nommé la primature, Dr Choguel Kokalla Maïga. Il a tenu à rassurer la communauté internationale quant à la volonté du Mali à respecter tous les engagements internationaux qu’il a pris avant de solliciter leur accompagnement à aider le Mali à sortir du gouffre.
Toujours dans cette même déclaration, les responsables du mouvement ont tenu à lancer un appel présent à tout le peuple malien à l’union sacrée autour de la cause Mali. Selon eux, le Peuple malien doit rester plus que jamais mobilisé et déterminé dans la mise en œuvre de son objectif stratégique de changement de système, sur l’ensemble du territoire national et dans la diaspora, jusqu’à l’aboutissement de son combat patriotique pour la restauration d’un Mali démocratique, républicain et laïc, doté d’une gouvernance responsable et vertueuse.
Alors visiblement, si cette décision des militaires de collaborer, enfin avec le M5-RFP, a suscité une lueur d’espoir; l’espoir de voir l’opportunité offerte à ces hommes et femmes à qui le peuple à porter toute sa confiance, de pouvoir mettre en œuvre cet ambitieux projet de refondation de notre pays pour le bien de tous, toutefois des inquiétudes ne manqueront pas qu’à la bonne marche de ce duo “Assimi- Choguel”.
La question que nous nous posons est de savoir si Choguel, une fois confirmé dans le poste de Premier ministre, aura-t-il, totalement les mains libres pour conduire les réformes nécessaires qu’il faut et opérer pour le changement souhaité par des milliers de Maliens? Nous ne pouvons pas nous passer d’exprimer cette inquiétude au regard du fait qu’avec ce qui vient de se passer avec l’équipe précédente, les militaires viennent de montrer que ce sont eux qui tiennent les règnes du commande, promo;
Secundo, dès que le président Goïta a proposé la Primature au Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) et le choix porté sur Choguel, les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), après une rencontre extraordinaire tenue à Kidal, avaient menacé de ne plus soutenir la transition sans une garantie au préalable, et cette garantie leur a été donnée par le colonel- président Assimi Goïta.
Pour qui connaît la position de Choguel face à cet accord, une assurance hasardeuse donnée par le colonel- président à la CMA ne serait-elle pas une épine sous les pieds de ce dernier ? Et surtout sans compter la panique que l’annonce de cette nomination de Choguel au poste de Premier ministre, a pu provoquer au Quai- d’Orsay jusqu’à ce que ce dernier soit arrivé à rompre unilatéralement l’accord de défense qui le lie à notre pays.
Tous ceux-ci, à notre avis, constituent pour nous de véritables raisons de s’inquiéter quant à la bonne finalité de la collaboration de ce duo. C’est pour quoi nous pensons, comme pour rejoindre la déclaration, qu’il est plus que nécessaire que les Maliens se surpassent pour se donner la main et se dresser ensemble debout sur les remparts pour sauver notre bien commun qui est notre grand Mali. Il n’est plus question de tergiverser, l’heure des discours est révolue, il est maintenant temps sinon grand temps d’agir pour sauver qui peut encore l’être. Celui-ci est plus qu’une mission mais un devoir de génération.
Daouda DOUMBIA