Enfin, le processus de paix est véritablement en marche dans le delta central, le Séno et le Haïré. Grâce à des cadres peuls et le collectif des députés de la région de Mopti, au moins 300 jeunes, réunis au sein du Mouvement pour la défense de la patrie (MDP), sont revenus dans le giron de la République et de la paix. Ils ont formalisé, le samedi dernier à la Maison des aînés, leur adhésion à la plateforme, une des parties signataires de l’accord d’Alger.
La cérémonie a massivement mobilisé la communauté Peul. Imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique ; Abderrahmane Niang, porte-parole des députés de la 5ème région ; Me Harouna Toureh, président de la plateforme ; Hama Founé Diallo et Oumar Diallo, respectivement chef militaire du Delta central et du Séno-haïré, tous y étaient pour marquer le dénouement heureux d’une longue et laborieuse démarche.
En effet, l’opération, qui n’a pas été médiatisée, a impliqué des responsables gouvernementaux, des élus locaux, des chefs religieux, des associations et des notables de la région de Mopti. Ce beau monde assoiffé de paix ont, à travers des émissaires, d’abord rencontré et convaincu les leaders des combattants qui avaient notamment intégré les rangs du Front de libération du Macina. Puis, les représentants de ces jeunes combattants sont venus à Bamako discuter avec les autorités. Résultat : plus de 300 combattants ont décidé de déposer les armes.
Avoir arraché ces jeunes des griffes des groupes islamistes est une prouesse; cependant il fallait leur trouver un point de chute leur permettant de s’assurer un avenir. Chose faite, avec ce ralliement à la plateforme. Du coup, ils intègrent le processus « Désarmement, démobilisation et réinsertion » (DDR) en cours.
L’acte, ô combien patriotique, est apprécié par le collectif des députés de la 5è région. Au nom des vingt députés que compte la région, Abderrahmane Niang a félicité tous ceux qui ont œuvré à ce que ce jour soit ; avant de préciser que le choix de la plateforme a été décidé par les combattants eux-mêmes. L’objectif des députés, rappelle-t-il, était d’amener ces jeunes vers des institutions républicaines. Il a, par ailleurs, déploré la situation qui prévaut actuellement dans la région de Mopti. Une situation née des frustrations des populations qui se sentent abandonnées par l’Etat. Pour l’honorable Niang, il est temps que le gouvernement considère Mopti comme région sinistrée. « La situation actuelle n’est que le résultat de la frustration des populations. Notre région est plus sinistrée que certaines régions du nord. Mais, des aides humanitaires continuent de nous survoler pour atterrir au nord. On n’est pas d’accord », clame l’honorable.
Hama Founé Diallo, chef militaire du MDP dans le Delta central, enfonce le clou, en déclarant que l’Etat est absent de la région de Mopti. Il a, à cet égard, appelé les autorités à prendre toutes leurs responsabilités ; avant d’indiquer que le MDP est né pour sécuriser la communauté Peul, aujourd’hui abandonnée à son sort.
Un allié de taille
« Ces 300 jeunes, ils sont plus nombreux que ça en réalité, sont des combattants aguerris qui ont fait leurs preuves en d’autres circonstance et sur d’autres fronts… Nous considérons désormais comme allié, toute la communauté Peul», affirme Me Harouna Toureh, président de la plateforme. Il se réjouit d’avoir au sein de la plateforme, le Mouvement pour la défense de la patrie. Rappelant les valeurs du groupe armé, Me Toureh a appelé les jeunes au respect des institutions de la République et de tout représentant de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. « Aux représentants des institutions, il est dû respect. L’Etat aussi doit nous respecter. Il doit aussi respecter nos populations, leurs droits et leurs biens », précise-t-il. Aussi, ajoute Toureh à l’attention des combattants, « vous devez défendre les droits de l’homme et des libertés fondamentale, et vous engagez résolument dans la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et les autres formes de criminalité organisée ».
Dans les interventions, un nom revenait constamment : celui du général Ismaïla Cissé. Les autorités et la nation maliennes doivent une fière chandelle à cet homme, sans lequel ces jeunes auraient peut-être demeuré dans les méandres du djihadisme. Il n’est pas l’initiateur du projet, mais il a été au centre des discussions et de tout le processus. L’officier supérieur, très effacé, a pris l’affaire à bras le corps dès que les communautés concernées ont décidé de solliciter leurs parents vivant à Bamako.
Aujourd’hui, le général Cissé est fier du travail abattu qui, sans doute, impactera positivement le quotidien des populations de Mopti. « Ce 25 juin est grand jour qui va entrer dans l’histoire de la paix au Mali, et surtout au niveau de la région de Mopti. Il a été effectivement attendu depuis très longtemps. Toutes les forces confondues ont mutualisé leurs efforts pour que les combattants peuls de la région puissent rejoindre le processus de paix et adhérer finalement à tout le reste du processus de DDR. Ces combattants participeront, à travers des patrouilles, à la sécurisation des populations qui ont été longtemps victimes. Aussi, ils vont sécuriser les biens, surtout les animaux qui ont été enlevés pendant de longues années… », a-t-il confié à la presse.
La situation sécuritaire dans les zones inondée et exondée du Macina, le Séno, le Méma, le Guimballa, le Farimaké, jusqu’à la frontière burkinabé et la région de Tombouctou, est caractérisée par des attaques tous azimuts perpétrées par des jeunes taxés (à tort ou à raison) d’être des disciples de Amadou Koufa (chef du Front de libération du Macina), lui-même reconnu proche de Iyad Ag Ghali qui a fait allégeance à Aqmi.
Les peuples de la zone étaient quasiment en passe d’être décimés quand les communautés décidèrent de « se lever » pour chercher la solution.
I B Dembélé
Décidément le Mali est devenue une farce. Si ces 300 gueux étaient des guerriers aguerris le Mali n’aurait pas eu besoin de Serval. Me Touréh dit qu’ils ont fait leurs preuves ailleurs. Pas contre les djihadistes en tous cas. Sûrement dans les viols et les larcins. Pauvre pays, tout le monde veut le sucer jusqu’au bout. Mais qu’espérer de plus quand l’État est impuissant et navigue à vue, préférant mendier sa pitance .
Bonne analyse
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