C’est un ambitieux programme gouvernemental que le Premier ministre, Moctar Ouane a présenté au Conseil national de Transition (CNT), le Plan d’action du gouvernement (PAG). Théoriquement, le plan est sans reproche, mais son exécution paraîtra être rude à cause de plusieurs facteurs.
Cinq mois après sa nomination, le Premier ministre, Moctar Ouane, s’est présenté, vendredi 19 février 2021, devant le Conseil national de Transition (CNT) pour dégager les axes stratégiques de l’action gouvernementale.
En se présentant devant le CNT, le chef du gouvernement dit « traduire les hautes orientations données au gouvernement par le président de la Transition, conformément à l’esprit et à la lettre de la charte et de la feuille de route de la Transition ».
« Ce plan comporte 6 axes déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs », dira M. Ouane. Avant d’ajouter que « cet ensemble cohérent d’actions vise à atteindre, dans un horizon précis, des objectifs définis, avec des moyens identifiés dans le respect du temps imparti et des équilibres macroéconomiques et financiers ».
La mise en œuvre du Plan d’action du gouvernement (PAG) contribuera aux réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la consolidation de la démocratie, c’est-à-dire à renforcer la stabilité des institutions démocratiques et républicaines et à améliorer la gouvernance.
Parmi les actions stratégiques et/ou phares de la feuille de route, l’on peut retenir : les réformes institutionnelles et administratives, les réformes politiques et électorales ; le dialogue sociale inclusif, l’accélération du processus de régionalisation avec le transfert concomitant des ressources humaines et financières aux Collectivités territoriales ; l’initiation des concertations régionales et nationales pour l’adoption de l’avant-projet de révision constitutionnelle ; l’organisation du référendum constitutionnel.
A ceux-ci, s’ajoutent la refonte du système éducatif, avec une forte implication des acteurs clés et responsables; l’organisation de conférences sociales pour apaiser le front social, la réconciliation nationale pour la résolution de nombreux conflits, religieux, armés, sociaux, la redynamisation des investissements dans les infrastructures physiques et routières, des actions innovations dans le domaine de la santé : la construction de CSRef et de Cscom à l’intérieur du pays, le retour des déplacés et des réfugiés dans leurs zones respectives avec un plan, la formation et l’installation de jeunes dans le domaine de l’artisanat ; la construction de Centre de formation professionnelle dans plusieurs zone à l’intérieur du pays et l’élaboration du calendrier électoral; l’organisation des élections générales, en mettant l’accent sur le consensus, etc.
Si ce Plan d’action est ambitieux, voire osé, la grande inconnue est la recherche de moyens (financiers, matériels) mais surtout le temps pour le mettre en œuvre.
Il apparaît clairement que ce gouvernement de transition n’a pas les moyens ni encore le temps nécessaire pour matérialiser ces gigantesques travaux d’Hercule pendant les 13 mois restants de la Transition, surtout que les caisses sont vides et les partenaires techniques et financiers n’ont pas tous délier le cordon de la bourse.
Pour mener à bien ce PAG, le gouvernement qui dit se focaliser sur les aspects dits prioritaires oubliant que toutes priorités ne sont pas des urgences. C’est aux urgences que le PM doit s’attaquer afin de permettre à la Transition d’aller vite tout en respectant le temps imparti. Il s’agit, entre autres, des réformes liées aux élections et aux concertations régionales et nationales pour l’adoption de l’avant-projet de révision constitutionnelle sans oublier l’organisation du référendum constitutionnel, les reformes de gouvernance et les réformes dites sécuritaires. Le reste sera le travail du gouvernement du pouvoir élu.
Moctar Ouane a présenté serait-on tenter de dire, un Plan d’action pour un gouvernement qui semble aller au-delà des 13 mois. Le PAG sera en débats aujourd’hui lundi 22 février. Et, peut être sans surprise, il passera comme une lettre à la poste. C’est-à-dire, adopté. Comme c’est souvent le cas.
Dans tous les cas, « wait and see !».
Djibril Diallo