Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la fête de l’indépendance du Mali, le président de la République a, sur un ton ferme, réaffirmé sa détermination à moraliser la gestion des affaires publiques, mais surtout à assainir le système judiciaire en mettant fin aux «procès monnayés». Mieux, Ibrahim Boubacar Keita a redessiné les contours du Mali de ses ambitions.
En cet instant historique pour un Mali qui se relève peu à peu d’une crise, certainement la plus douloureuse de son existence, IBK avait logiquement renouvelé sa reconnaissance et celle de son peuple aux Africains et à l’ensemble de la communauté internationale pour la solidarité qu’ils ont manifestée à l’endroit de notre pays dès le début de la crise en janvier 2012. Il avait ensuite rendu un hommage mérité à Modibo Keita, père fondateur du Mali, ainsi qu’à ses compagnons de lutte, pour avoir pris la courageuse décision de s’affranchir du joug colonial un certain 22 septembre 1960 et de «réaffirmer la dignité de l’Afrique et du monde noir». Pour sa part, Ibrahim Boubacar Keita a réaffirmé son «attachement indéfectible» à la fierté et à l’honneur du Mali, ainsi qu’au bonheur des Maliens. «Un Mali qui ne baissera plus la tête. Un Mali de diversité et de convivialité préservées. Un Mali prêt à se dissoudre dans l’Afrique, si tel l’exigeait l’unité continentale. Un Mali, partenaire exigeant et respecté du monde», a-t-il indiqué.
Pour le nouveau locataire de Koulouba, lui IBK, en tant que premier magistrat du Mali, n’a plus d’autre choix que de tirer les leçons de la grave crise dont nous sortons à peine, et qui a ébranlé la nation malienne jusque dans ses fondements au même moment où le Mali était cité comme un exemple réussi de démocratie à travers notre planète. S’il s’est réjoui de la confiance que ses compatriotes ont placée en lui, par la plus belle manière lors de la dernière présidentielle, IBK a toutefois conscience de ses limites. «Je voudrais constamment me souvenir que je ne suis qu’un homme. Un modeste homme, choisi par d’autres hommes pour les servir», a-t-il confessé en toute humilité. Et le chef de l’Etat d’estimer que la mission historique qui nous incombe à présent est celle de hisser le Mali à hauteur de ses ambitions contrariées, et de le conduire dans le cercle vertueux de la stabilité et de la prospérité. Il entend y parvenir de façon, dit-il, méthodique, tangible et mesurable. Pour ce faire, le chef suprême des armées promet de n’accorder aucune concession au gaspillage de nos ressources et à la délinquance financière. Il ambitionne ainsi de rendre le service public efficient, de cultiver le sens de la responsabilité chez les agents de l’Administration et d’user judicieusement des biens publics. «Quant à l’école, elle ne sera plus tolérée dans la rue», a-t-il mis en garde, s’engageant à mettre un terme à la fraude scolaire et universitaire. Dans le domaine foncier, le président de la République a réaffirmé sa détermination à apporter un coup de frein à la magouille à travers la mise en place d’un système cadastral fiable qui devrait voir le jour dans un bref délai. Mieux, le n°1 malien a pris l’engagement d’assainir la Justice malienne en la rendant beaucoup plus impartiale et équitable. «Il en sera fini des procès monnayés dans les bureaux des juges», a-t-il déclaré. Il en veut pour preuve de cette volonté la place de choix accordée à dame Justice dans l’architecture gouvernementale.
Quant à la lutte contre la corruption qu’il sait un combat de longue haleine, Ibrahim Boubacar Keita a promis de la gagner avec l’accompagnement de tous, en application du contrat d’honneur qui le lie désormais au peuple. Pour y parvenir, il entend opérer des réformes systémiques en vue de l’amélioration des conditions des services publics et de ses usagers.
Au sujet de la réconciliation nationale, le président s’est dit convaincu que l’entente est bien possible en notre sein. La création d’un ministère à cet effet est, à l’en croire, la traduction de cette conviction. «Nous savons qu’il n’y a pas de point fixe où finit le Sud et commence le Nord. Nous savons aussi qu’il y a le Nord-est et le Nord-ouest», a-t-il précisé, avant de rappeler que le temps impose des priorités certes, mais que nulle zone et aucun système de production ne seront oubliés à terme. «Il s’agit après tout de créer des conditions meilleures pour l’intégration nationale, mais aussi de favoriser l’inclusion nationale», a-t-il indiqué.
Bakary SOGODOGO