Aujourd’hui, le sort de notre pays est discuté en divers endroits du monde, de Ouagadougou à Alger en passant par New York, sauf au Mali. Le hic, c’est que cela se passe sans même qu’aucune voix malienne n’y soit audible, pas même celle du gouvernement de Cheick Modibo Diarra.
Cette situation hérisse au plus haut point le Front pour la sauvegarde de la Démocratie et de la République (FDR) et l’Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise (ADPS). Ces deux regroupements, après des concertations qui se sont déroulées entre le 13 et le 17 juin 2012, ont rédigé un mémorandum daté du 22, qu’elles ont présenté à la presse samedi dernier.
Au plan des principes qu’ils partagent, l’ADPS et le FDR réaffirment dans ce document leur «opposition à toute forme de prise de pouvoir par la force des armes; la soumission de l’autorité militaire à l’autorité civile; la préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale; la sauvegarde et renforcement de la laïcité de l’Etat; la préservation et l’approfondissement du processus démocratique et la consolidation de l’ordre politique et constitutionnel issu de la Révolution du 26 mars 1991 et l’appropriation nationale et démocratique de toutes solutions de sortie de crise conformes à, ou compatibles avec, la Constitution de 1992, seul cadre de référence et de légitimation».
Pour une sortie de crise durable, le FDR et l’ADPS réaffirment que «le Président de la Transition est le Chef de l’Etat. Il est le Chef Suprême des Armées » et prônent «la mise en place auprès du Président de la Transition d’un Conseil de la République, comprenant les représentants de la classe politique et de la société civile. Le Conseil de la République aura pour mandat: consultation obligatoire sur les projets de lois; participation à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation de la feuille de route de la Transition; consultation obligatoire sur les grandes questions engageant la nation, telles que la gestion de la crise du Nord, les élections, etc», entre autres.
Le mémorandum poursuit en demandant aussi «l’élaboration d’une feuille de route; l’organisation d’un Congrès Extraordinaire du Peuple Malien, qui sera préparé par une Commission Nationale de Réflexion Préparatoire et convoqué par le Président de la Transition, Son Excellence Monsieur Dioncounda Traoré; la mise en place d’un Gouvernement inclusif et plus représentatif, bénéficiant de la caution politique et sociale la plus large possible lui permettant de relever les défis existentiels auxquels le pays est confronté». Au nombre de ses tâches, la priorité sera de «récupérer les régions occupées, recouvrer l’intégrité du territoire national, organiser le retour des populations déplacées et des refugiés».
Ce n’est qu’ensuite que l’on pourra penser à «organiser des élections démocratiques, libres, crédibles et transparentes et à réformer, remobiliser et renforcer les Forces Armées et de Sécurité», entre autres actions majeures de restauration et de relégitimation de l’Etat. En outre, les signataires du mémorandum ont déploré que l’on semble se résoudre dès maintenant à une prorogation de la Transition, qui ne saurait, selon eux, excéder les 12 mois prévus à l’origine, sauf décisions contraires du Congrès ou du Conseil. Signalons que les deux regroupements ont rencontré le Premier ministre dans le cadre des rencontres qu’il vient d’initier avec les forces vives du Mali, sans grand résultat pour le moment, vu l’absence de termes de référence, et la non proposition d’une ébauche de feuille de route, pour ces échanges.
Ramata Diaouré