La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), après avoir pratiquement raté la mise en exécution de ses menaces contre la junte malienne, s’est mies à célébrer des succès non surplombés. Les faits sont là aujourd’hui et c’est clair, la médiation de la Cédéao a échoué quant au sujet de la transition politique au Mali. Et le peu qui reste de la démocratie malienne est en train de partir en lambeaux, par la faute de l’égo démesuré d’un groupe d’individus entêtés.
Après cinq jours de discussions vaines, la partie de ping-pong entre la médiation de la Cédéao et l’ex-junte n’a absolument rien donné. Déçus, les ministres Djibril Bassolé et Adama Bictogo, respectivement représentants du médiateur Blaise Compaoré et du président en exercice de la Cédéao, Alassane Dramane Ouattara, sont retournés chez eux, samedi soir. Dans sept jours, les quarante jours prévus par la Constitution malienne, pour organiser des élections en cas de vacance du pouvoir, vont expirer.
Après plusieurs rencontres avec le capitaine Sanogo, le professeur Dioncounda Traoré, le Docteur Cheick Modibo Diarra, la classe politique, les leaders religieux, des diplomates et certaines personnes ressources, les médiateurs n’ont pas pu faire comprendre à l’ex-junte que selon la Constitution malienne, c’est le président par intérim qui doit diriger la période de transition à venir. Parce que la Constitution dit qu’en cas d’impossibilité d’organiser des élections dans les quarante jours d’intérim, la Cour constitutionnelle est autorisée à annoncer un nouveau délai pour l’organisation des élections. Dans ce cas, vu les circonstances, c’est le Professeur Dioncounda Traoré qui est habilité à continuer sa mission. Mais pour le capitaine Sanogo, cela représente une violation de l’accord-cadre signé avec la Cédéao et il considère cela comme un solide argument lorsqu’il déclare haut et fort : « Après les quarante jours d’intérim, je me verrai dans l’obligation de prendre mes responsabilités et je vous le garantis ».
Toute la détresse et le sentiment d’abandon des Maliennes et des Maliens semblent englobés dans le geste de ce chef de famille qui a débranché sa télé quand il a entendu le capitaine Sanogo proliférer une telle menace contre la Constitution malienne. À présent que le peuple du Mali est dans la tourmente et que la médiation de la Cédéao semble avoir consommé l’échec, il revient à la société civile et à la classe politique de ne pas laisser notre belle Constitution, qui nous est si chèr,e sombrer dans l’agonie.
Rokia Diabaté
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