Quelques coursiers recyclés, de petits et grandes traitres à la nation dans la cour du maître des parjures, le remaniement du 7juillet dernier donne du Mali face au reste du monde, l’image d’un pays devenu comme une facétie, une caricature de république…
Dans ce pays, on a beau les avertir, ils ou elles pensent que le pire n’arrive qu’aux autres. Et pourtant !
Il n’y a pas longtemps dans cette même chronique nous soulignions que la proximité du pouvoir IBK affaiblit l’intégrité de ceux qui le fréquentent. C’est un pouvoir qui a fini de ruiner la légitimité, la crédibilité et même la créativité des femmes et des hommes, des acteurs et des collectifs qui ont pour certains de bonne foi voulu servir la nation à ses côtés. Ce fait est révélé par nombre de situations et d’événements.
En prenant l’exemple du remaniement récent qui note le départ de la ministre de la justice, on est édifié à plus d’un titre. Brillante parmi les brillants, la désormais ancienne ministre, Mme Sanogo Aminata Mallé, était un symbole de la génération d’étudiants à l’Université de Dakar des années 80 alors organisés au sein de l’ASMD (Association des Scolaires Maliens à Dakar). Une carrière professionnelle nationale et internationale établie, en acceptant de figurer dans le gouvernement précédent, elle a fini par pêcher avec la « famille d’abord » où des crocodiles des marais l’attendaient pour sa noyade.
Le souffle politique nécessaire est totalement absent du remaniement ministériel du 7juillet, cela passe encore car personne n’a pensé qu’il était vraiment dans la capacité du duo Keita de l’impulser.
Mais, même en panne de solution pour le pays, le pouvoir IBK refuse obstinément le dialogue et la concertation. Des jeunes de Gao viennent d’en faire les frais quatre morts pour avoir oser manifester contre la mise en place des autorités intérimaires, en réalité les premiers jalons vers la création de l’Etat Azawad. En tirant sur des Jeunes, le pouvoir IBK a franchi la ligne rouge, celle au-delà de laquelle le protecteur devient le bourreau. Même la junte militaire de triste mémoire n’avait été aussi loin contre les manifestations des forces démocratiques.
Gao est-elle si loin de Bamako pour tuer en toute impunité ? La police, la garde nationale et la gendarmerie n’ont-elles pas d’autres terrains privilégiés pour prouver leur efficacité opérationnelle que contre les civils ?
La répression injustifiée qui s’est abattue sur cette jeunesse qui a incarné la résistance malienne contre l’occupation interpelle toutes les consciences nationales. Il est seulement à craindre qu’une certaine élite polymorphe ne monnaie ou ne troque depuis Bamako, le martyre de Gao.
La répression de Gao indique l’épaisseur de la nuée en vue. Ceci explique certainement les dissidences à l’intérieur de la taverne. En effet la dissidence n’avait jamais été en relief qu’en ce moment au sein de la majorité présidentielle où la cohésion de façade n’est plus de mise. Certains éléments-clé des composantes majeures de la CMP (Convention de la majorité présidentielle) tirent au flanc ou tout simplement quittent le navire en dérive annoncée. Mais le coup de massue est venu du Président IBK lui-même. Qui sait après tout une « vague scélérate » est vite advenue.
Et le Président IBK accable sa majorité. En effet après un an de ballade à coup de milliards dans le pays pour expliquer « l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger », le président conclu dans un des discours le plus insipide, que les Maliens n’ont rien compris dudit accord faute d’explication. Plutôt que de « raser le mur », la majorité doit maintenant expliquer au pays où est parti l’argent de la propagande « Accord = Paix », du reste si nous étions dans un Etat normal. Les ministres de la réconciliation, de l’action humanitaire et autres reconstructions des régions du nord devrions rendre compte à la nation. On est au Mali sous IBK !
Kayes est en marche à l’instar de Gao. Il y a là, comme un déterminisme dans la vie politique malienne depuis peu. Il est presque devenu impossible de voir se mobiliser Gao la rebelle, sans entendre les cris de guerre de Kayes la frondeuse. La raillerie est un art consommé dans la vie des kayesiens. Râleurs devant l’Eternel et à tout propos, lorsqu’ils se décident à prendre la rue, ce que la situation est des plus critiques.
Dans cette ville, la revendication d’un second pont vaut toutes les batailles. Et quand les Kayesiens marchent en réclamant cela, le Gouverneur les ignore tout comme son homologue de Gao avait refusé le dialogue avec les jeunes marcheurs du 12 juillet. S’agit–il d’une ligne de conduite dictée depuis Koulouba/Sebenikoro ?
A croire que le Dialogue et la concertation civile ou politique ne sont pas dans le lexique de la gouvernance IBK.
Pourtant, c’est pour de bonnes raisons, que Kayes a donné un ultimatum de trois mois, le sentiment que la création en cours de l’Etat Azawad est financée par le gouvernement du Mali avec ses contributions financières aux différents fora, aux personnalités de la CMA et de la plateforme, encourage et légitime toutes les autres revendications régionales.
Ainsi, les Jeunes de Gao attendent une réponse à leur demande de cantonnement au même titre que les groupes armés. Et pour tout compliquer, Kidal au centre de toute la déstabilisation du pays, annonce depuis Niamey qu’elle veut désormais s’autogérer sans le Mali et par seulement deux de ses tribus, les Ifoghas et les Imghad.
Face à ce tableau, le Président IBK et son Clan qui ont fait mains basses sur le pays, restent paralysés, pendant que l’on peut toucher des mains, la colère qui monte au sein de toutes les catégories socio-professionnelles.
Tous les des observateurs et analystes de notre pays savent qu’il y a longtemps que les couches populaires se sont détournées de la gouvernance en cours, même la corruption d’associations de jeunes à travers la capitale et les régions n’attirent plus grand monde, encore moins les distributions des cahiers ou des repas, à l’effigie du fils.
Entre les grèves, marches et autres sit-in, les expressions de la colère donnent à penser que le Mali se prépare à en découdre avec le pouvoir IBK. Les prochaines élections en donneront l’occasion.
Mais, le maître du Palais de Koulouba/Sébénikoro ne semble se contenter que d’une caricature de république, dans laquelle, ses voyages de prestige et les mondanités sont les seuls signes de l’existence d’un Etat qu’on a totalement émasculé au profit des intérêts de famille et de clan.
Le pays et la nation s’étiolent. Nous sommes entrés dans une période « d’ensauvagement » où tout est possible dans un futur imprévisible. L’Etat n’existant plus ceux qui tiennent en main sa mue sont désormais dans une stratégie de la tension, de la répression et de l’intimidation au nom d’une illusoire autorité de l’Etat, d’ailleurs incompatible avec leur gouvernance du pays. La promotion et l’entretien des porte-parole ethniques ne sont qu’un des éléments de cette stratégie de la tension. A quelle fin ?
En tout état de cause, du fait de l’absence de l’Etat dans les territoires et les terroirs, aujourd’hui tous les orgueils communautaires sont chatouillés, les esprits chauvins sont en éveil. Le Mali est devenu sous le Président IBK une dépouille que les uns et les autres se disputent au nom de prétendues ethnies, où chacun revendique sa part au plus vite sans autres considération pour l’ensemble national, c’est la perversion politique des identités nationales. Le pays ne s’est jamais autant senti menacé dans ses fondements. Les régions se replient et à l’intérieur de chaque région, des groupes se forment et se recroquevillent, les ethnies et les communautés se cabrent face à l’Etat en s’organisant on ne sait pour quelle bataille à venir. La mue de l’Etat que contrôle IBK et son clan est tellement tiraillée dans tous les sens au point qu’elle ne sait plus où se tourner. Tout le monde est en danger, le Mali d’abord, ses voisins ensuite.
Face à ce tableau clinique du grand malade qu’est le Mali, les partis de l’opposition politique ont, une responsabilité particulière sur laquelle nous reviendrons dans un avenir très proche.
Mais, notons qu’ils ont la responsabilité de mieux s’organiser pour mobiliser les forces populaires et la nation. Nous avons souvent soutenu qu’il a manqué à la gouvernance IBK, la capacité d’instaurer la mémoire nationale et l’intelligence collective des Maliens dans la gestion de la présente crise, parce que de son fait, les querelles de personnes imprimées au débat national, ont primées sur les valeurs et les principes.
A présent, la crise dans laquelle le Mali s’enfonce n’est plus de la responsabilité du président IBK qui n’a plus rien à proposer au pays.
C’est maintenant à l’opposition politique la responsabilité de proposer et de réaliser, au-delà des calculs, une alternative.
Pour ce faire ses composantes se doivent de se départir de petits calculs politiciens, de la politique du spectacle et d’autopromotion pour ne mettre au-devant que la chercher de l’efficacité de l’union pour la sauvegarde du Mali.
Souleymane Koné