L’élection présidentielle malienne a pris fin avant la publication des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. Le suspens n’a pas duré longtemps car, en homme politique avisé, Soumaïla Cissé a coupé court.
Soumaïla Cissé l’a vite compris. En démocratie, quand on a perdu, on doit le savoir et accepter sa défaite. Le plus tôt et le plus vite a toujours été la bonne conduite des hommes politiques mûrs. Et dans ce sens, ils ont toujours vite eu raison et deviennent ainsi les vedettes d’élections qu’ils ont perdues. Bonne leçon de démocratie, mais également de réalisme politique. Car, immédiatement, cette posture que ne savent adopter que les grands hommes les place au-devant de la scène et les prépare inéluctablement à jouer de grands rôles. Dans le futur quand ils y tiennent.
Soumaïla Cissé vient de le démontrer à Bamako où, au moment où son état-major dénonçait les « fraudes massives au cours de ce deuxième tour », il est allé avec son épouse et ses deux enfants féliciter Ibrahim Boubakar Kéïta, le président élu. C’est la preuve que celui qui a souffert du coup d’Etat de mars 2011, et qui a été, pour cela, contraint à l’exil, reste très attaché à son Mali natal et ne lui souhaite que du bonheur. Exactement, comme il le souhaite au nouveau président élu. Du coup, Soumaïla Cissé devient la vedette et ferme ainsi la porte à tous ceux qui voulaient profiter de la présidentielle pour se régler les comptes au Mali. Puis, il se positionne comme l’opposant, avec lequel, il faut composer nécessairement pour asseoir une véritable démocratie au Mali. Et on le voit venir car après la présidentielle, le Mali doit organiser et réussir des élections législatives et municipales. Soumaïla Cissé et l’Union pour la République et la démocratie (URD) se positionnent déjà assez bien. Après ce véritable coup d’éclat qui lui vaut bien de sympathies.
Maintenant, il reste à Ibrahim Boubakar Kéïta de démontrer à son tour que les Maliens n’ont pas eu tort de lui faire confiance. Les tâches qui l’attendent sont énormes. Réconcilier le peuple malien avec lui-même après cette fracture de 18 mois entre le Nord et le Sud à travers un dialogue inclusif et franc, harmoniser le développement sur l’ensemble du territoire ; mettre en place une véritable politique de retour et de réinsertion des Maliens réfugiés dans des pays voisins et engager sans perdre de temps les vraies questions de développement. Pour cela, autant il aura besoin de l’accompagnement du peuple malien et surtout de l’armée, autant la communauté internationale dont la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Organisation des Nations unies et l’Union africaine doivent l’y accompagner.
Séri Aymard BOGNINI