Dans un billet acerbe, un très sérieux confrère nous rappelait l’urgence de faire bloc au tour de notre vaillante armée. Sa colère, la semaine dernière, un match du Réal de Madrid a occulté la mort de soldats maliens. Et alors ?
Il s’imagine certainement à l’hexagone où l’immolation d’une bête suffit à envahir les rues de compassion via medias superposés. Sous les tropiques, le vent souffle à contre-courant. Sous l’ « extrême tropique », même un holocauste ne récolte pas suffisamment de larmes. Des communiqués laconiques, rarement au-delà, accueillent les morts au front.
La priorité de l’heure, c’est bien draper l’illusion du désenclavement, d’accès à l’eau potable et à l’électricité dans les zones « électivores». L’artillerie médiatique s’y prête avec un exploit Westpointien. Il y apparait un pays en chantier à coût d’efforts Herculéens. Ni l’insoutenable quotidien ni les réfugiés abandonnés ne viennent obstruer l’horizon radieux de 2018.
Ce cynisme éthique rappelle et prolonge la sècheresse patriotique qui a déjà fait le tour des cœurs. Quoi, avons-nous perdu ce qui fait de nous des humains ? Non ! Non ! Seulement nous avons fait le choix de l’hypocrisie attractive et compétitive : chez nous, tout va bien !
BAD