Dans ses vœux de nouvel an 2019 à la Nation, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a appelé à la citoyenneté et au civisme de ses concitoyens. Mais, l’accent a été mis sur les réformes constitutionnelles en cette 2019, pour lesquelles il a souhaité le rassemblement, le dialogue.
Evoquant la question de la paix et de la sécurité, le Chef suprême des Armées dira que la signature, le 15 octobre 2018, du Pacte pour la paix entre le Gouvernement et l’Organisation des Nations Unies, assortie d’une déclaration d’adhésion de la CMA et de la Plateforme, contribuera certainement à conforter cet élan. Car, selon lui, à travers ce document, les parties maliennes réaffirment leur engagement à accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger, conformément aux actions déclinées dans la feuille de route du 22 mars 2018.
«Les actions conjuguées de nos forces de défense et de sécurité et les actions combien salutaires des Forces internationales, notamment la MINUSMA, la Force Barkhane et celle du G5 Sahel sont en train de porter fruit. C’est le lieu de saluer le partenariat fécond avec l’Union Européenne pour son appui dans la formation, à travers EUTM Mali et EUCap Sahel Mali, de nos forces de défense et de sécurité. Quant au Centre du pays, les actions militaires et sécuritaires engagées par les forces armées séparément ou en conjonction avec les troupes du G5 Sahel et l’Opération Barkhane portent de plus en plus leurs fruits », a affirmé IBK.
Si zéro insécurité est impossible, il n’y a aucun doute que le terrorisme dans notre pays sera vaincu, indique le Chef de l’Etat. Car, confronté au rouleau compresseur d’une riposte portée par des troupes plus aguerries, mieux outillées, avec la consigne scrupuleuse de respecter les règles d’engagement ainsi que l’éthique de l’armée.
Selon le Chef de l’Etat, les conflits intercommunautaires, corolaire de l’insécurité, constituent une menace bien plus sérieuse pour la cohésion et l’unité dans des contrées jadis réputée pour les compromis qu’elle avait su développer entre ses ethnies et ses systèmes de production.
«Les solutions à nos crises sécuritaires ne peuvent pas être que militaires. Elles sont également économiques et humanitaires », explicite IBK. Raison pour laquelle, sous la conduite du Premier Ministre, un ensemble de mesures sont soit à l’œuvre ou sera envisagées dans les plus brefs délais, notamment le programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion effectif dans le septentrion de notre pays. Egalement, dans son Centre, il y aura l’intensification des patrouilles mixtes, la prévalence de l’entente partout au plus vite, le triomphe de la paix sur la guerre.
« Rien de durable ne se fera sans s’appuyer sur nos valeurs : la solidarité, la recherche de la cohésion, la convivialité et la tolérance. Ces valeurs sont agressées par les temps. Sauvons-les par la chaîne sacrée, celle de nos mains unies, de notre foi commune. Toutes les couches de nos populations, celles des villes et des campagnes doivent être mobilisées et mises en contribution pour accélérer la marche de Notre Grand Mali», renchérit IBK.
IBK fier de la diaspora
Le Chef de l’Etat a rassuré ses compatriotes de la diaspora du soutien du pays et les a appelés à continuer à faire honneur à la patrie malienne.
«Sachez qu’en chaque Malien qui meurt au fond de la mer, c’est aussi votre Président qui sombre. En chaque Malien agressé à l’Extérieur, je me sens agressé », a témoigné IBK. Qui a ajouté : « Notre ambition, notre vision est celle d’un Mali qui offre ici à ses enfants ce qu’ils partent chercher ailleurs, au risque de leur vie, à la montée des périls, des égoïsmes nationaux, des idéologies de rejet et d’enfermement. Sans relâche, je travaillerai à ce Mali qui rassasie ses enfants et ceux des autres. Je le ferai dans le temps qui m’est imparti. Ma génération est celle des passeurs. Nous passerons. Pour le Mali», a-t-il précisé.
Pour le Chef de l’Etat, malgré que les Maliens soient héritiers d’une grande Histoire, ils ne doivent pas demeurer seulement des héritiers des Grands Hommes, mais les continuateurs de leur œuvre grandiose, des acteurs du monde contemporain. « Nous devons avoir confiance en notre capacité collective à relever les défis complexes et inédits que l’histoire impose ».
De promesses quinquennales
Dans son message, le Chef de l’Etat a réitéré ses promesses de la campagne électorale pour les cinq prochaines années dans son programme pour la paix et le progrès intitulé. «Ensemble pour la paix et le progrès. ANW KA MALIBA BE KA TAA GNE ! ». Il s’agit d’une meilleure gouvernance, des réformes politiques et institutionnelles courageuses, d’une croissance économique inclusive, d’un développement du capital humain et de l’inclusion sociale, des actions concrètes dans le cadre du changement climatique et le développement durable et une diplomatie à la hauteur de nos ambitions, qu’il a promis de nouveau de réaliser. Mais, c’est avec l’accompagnement du Peuple ; car, s’est-il dit, «l’union sacrée, nous la devons à notre Pays».
Des réformes constitutionnelles
Les réformes constitutionnelles en 2019 ne pouvant se faire que sous l’union, IBK a indiqué que sa main reste tendue à tous ses compatriotes pour aller au rassemblement, pour que réussisse la nécessaire introspection qu’appelle notre processus démocratique dont les faiblesses doivent être identifiées et corrigées. Ainsi, a déclaré le Chef de l’Etat : « J’ai, du reste, instruit au Premier Ministre de conduire cette révision constitutionnelle et de mettre en place, dans les jours à venir, un Comité d’Experts qui sera chargé de proposer la révision de notre constitution et de conduire les réformes institutionnelles nécessaires au renforcement de notre démocratie. Et je renouvelle mon insistance sur un processus inclusif où toutes les forces vives de la nation, majorité, opposition, société civile, sont impliquées, se sentent concernées, puissent contribuer. C’est le prix à payer pour l’appropriation de nos réformes, de manière à éviter niches de polémique ou de controverse».
Pas de démocratie sans sécurité
L’évolution démocratique implique également une défense et une sécurité nationales, capables, responsables, garantes de la souveraineté de l’Etat et de l’intégrité du territoire national. A cette fin, la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire en cours permet d’accélérer l’équipement de nos soldats, d’améliorer leur condition de vie et de travail, de réarmer moralement nos troupes contraintes à une guerre dont nous n’avons pas besoin.
«Nous sommes déterminés surtout à acquérir la maîtrise des airs car partout le vecteur aérien s’est révélé comme une réponse pertinente à la guerre asymétrique», a souligné IBK.
Appel à la citoyenneté et au civisme
Quant à la transition culturelle, estime le Chef de l’Etat, elle passe par la construction de la citoyenneté. Donc, par l’émergence de citoyens autant conscients de leurs droits que de leurs obligations. Des citoyens qui se surpassent pour leur pays. Mais aussi des citoyens d’un monde globalisé, qui nous met en demeure de maîtriser les défis du numérique ! Des citoyens bien formés et aptes pour la compétition, là où la médiocrité et le retard seront lourdement sanctionnés.
«C’est dire toute l’importance d’un système éducatif de qualité, de l’innovation et de la recherche scientifiques, dans un espace devenu la société du savoir et de la créativité, du seul savoir, de la seule créativité », a rappelé le Président IBK.
Fin de la polémique sur le programme ESC
L’occasion a été pour IBK d’aborder, pour la première fois, la controverse sur le sujet du programme d’éducation sexuelle complète. Sur le sujet, il dira ceci : «Le Gouvernement sait le prix que j’attache à l’excellence, à une jeunesse excellente, bien accompagnée et confiante en elle-même. C’est à cette jeunesse que j’ai dédié mon second mandat. Nous ne devons jamais oublier, cependant, que les réformes sociétales aboutissent plus facilement par l’évolution des mentalités qu’au forceps ou par la méthode du fait accompli. A cet égard, la controverse autour du programme sur l’éducation sexuelle complète n’aurait jamais dû être; car, rien de ce qui touche à notre identité et à nos valeurs ne doit être initié sans consensus des forces vives. Ceux qui me savent, savent que je ne suis pas Homme à capituler devant les puissances d’argent ou les lobbys d’idées jurant avec notre Culture. Le Gouvernement a décidé de renoncer à poursuivre l’élaboration du programme controversé. Là-dessus, il a mon approbation claire et nette. Contre les malthusiens, l’école soviétique avait dit en son temps que le développement est le meilleur contraceptif. L’analyse des sociétés occidentales conforte ce postulat et cela doit amener à mettre le curseur sur le défi de la transition économique, j’allais dire le défi de la transformation économique ».
La loi polémique est, donc, arrêtée et abandonnée. Le Président IBK est salué pour son sens d’Homme d’Etat.
Cyril ADOHOUN
Ne pas compter les œufs dans le ventre de la poule
Comments are closed.