Al Qarra — L’année 2012 a été une année mouvementée pour le Mali. La chute du président Amadou Toumani Touré suite au putsch du capitaine Sanogo, l’invasion du nord par les groupes islamistes armés, une instabilité politique récurrente et une intervention internationale prévue. Retour sur les évènements qui ont fait 2012.
C’est l’histoire de la grenouille qui voulait être plus grosse que la vache.
Le ridicule ne tue plus au Mandé, avril 2012, “excuses” et “aides” sont demandées par le Cnrdre à la CEDEAO, 24 heures après les manifestations et les déclarations de fausse fierté hostiles à la même CEDEAO.
Celle ci a continué ses efforts pour le Mali, à travers sa médiation certes controversée mais permanente, ses interminables sommets jusqu’à arriver à l’adoption d’un “concept d’opération” approuvé par l’Onu qui a voté finalement, le 20 decembre 2012, sa résolution 2085 en faveur d’une intervention militaire étrangère au Mali assortie de conditions draconiennes (élections et négociations de paix mais dans le strict respect de l’intégrité territoriale du Mali).
Beaucoup de pseudos intellectuels ont appris à leur dépens que ce n’est pas la grandeur des boucles d’oreilles qui détermine la clairvoyance et la pertinence des idées.
Au moment où Diango Cissoko entame une tournée sous régionale pour rencontrer les chefs d’état de la Cedeao empêchés en avril dernier d’atterrir à Bamako Sénou, souvenons nous!
Ce n’est surtout pas par galanterie envers ADO, Yayi Boni et Blaise Compaoré que la junte militaire de Kati a lâché, en avril 2012, son appel à l’aide des “amis du Mali”, mais c’est à cause d’une évidente impuissance à combattre les salafistes surexcités au nord du Mali.
Résultat de la course en avril 2012: Anéfis, Bourem, Kidal, Ansongo et Gao quinté gagnant des salafistes mais perdant pour le Mali en moins de 10 jours d’une géante farce Katoise dont il faut continuer à se battre pour ne pas en être un dindon.
Quelques pseudos politiciens et militants incrédules d’associations en mal d’écrans de télévision et un astrophysicien quelque peu agité et un peu trop ambitieux en apprendront huit mois plus tard à leur dépens.
Le bon sens, la fierté et le courage vaudraient que nos braves mutins aillent d’abord au nord, récupérer les cinq villes qu’ils ont filé sans combattre aux salafistes, pour qu’au moins nous revenions aux mêmes positions militaires sur le terrain que lors du coup de farce contre le régime des généraux d’ATT.
Mais hélas on a préféré courber l’échine devant une CEDEAO, vexée et blessée dans son honneur au cœur du pays du “Djatiguiya” et donné une belle occasion au monde entier de ricaner.
On a préféré continuer de se cacher derrière les armes bloquées aux ports de la Cedeao pour ensuite se comparer à De Gaulle, tout en laissant volontiers François Hollande faire le nécessaire pour que l’Onu et les américains bougent enfin, en faveur d’une intervention militaire étrangère au Mali qu’on a rejeté des mois durant dans un premier temps.
J’ai beaucoup pensé à Babemba Traoré “Moi vivant, les français…”, je me dis que quelque part dans le camp Soundiata, le cours de Capitaine n’a pas été bien assimilé encore moins les cours d’histoire.
Mais bon, le ridicule ne tue pas, en tout cas pas à Kati et on est en droit de se demander combien de temps encore la farce géante qui a balayé ATT et CMD, à travers ses numéros d’équilibristes et ses discours fleuves tiendra encore face à la réalité du terrain, face à la réalité tout court.
L’équipe nationale de combat de l’armée malienne a changé d’entraineurs (des Généraux Kalifa Keita et Gabriel Poudiougou on est passé au Capitaine Amadou Haya Sanogo et au Lieutenant-capitaine Amadou Konaré) mais visiblement les résultats des matchs se suivent et se ressemblent.
Ce qui a changé avec les nouveaux entraineurs, ce qu’on n’a plus de sponsors et plus de budget pour renforcer nos effectifs au mercato d’hiver 2012/2013, pire, notre encadrement technique peine à trouver un schéma de jeu clair, la tactique n’est pas son fort et nos milieux de terrain jouent repliés à Kati et à Bamako et n’aident pas vraiment nos attaquants à Diabali et à Sevaré.
Alors vous comprendrez pourquoi nos vaillants soldats sont très vigilants sur les vieillards prêcheurs arabes désarmés du Dawa à Diabali, mais totalement aveugles et même sourds muets sur le Mujao à Douentza.
Mais franchement, que peuvent faire une lance-roquettes, un BRDM, une Kala, et un char conduit par des soldats démoralisés ou très peu engagés pour la patrie face aux orgues de Staline tenus par des fous de Dieu prêts à mourir pour un Émirat Islamique?
En réalité rien, les fausses fiertés et les égos démesurés qui ont conduit à la farce géante du 22 mars 2012 ont précipité les choses.
Explication:
Pour tout observateur averti de la géostratégie, c’est le camp d’amachach de Tessalit, qui ne pouvait pas et qui ne devait pas tomber aux mains des islamistes.
Les islamistes l’ont encerclé pendant plus d’un mois sans pouvoir le prendre.
Et pourtant ceux qui encerclaient le camp ont facilement repoussé deux “impressionnants” convois de renforts et de ravitaillement de l’armée malienne conduit par des Colonels valeureux et connaisseurs du terrain.
La raison est qu’amachach est protégé par la nature et il est imprenable si ses occupants décident de se battre réellement.
C’est justement là le problème, coupés du monde pendant plus d’un mois mais ravitaillés par le pont aérien de l’armée américaine, nos soldats ont craqué psychologiquement et bêtement, (ils n’ont jamais été à court de munitions à Tessalit, contrairement à la légende largement relayée dans la conscience populaire) et ont livré le camp de Tessalit sur un plateau d’or aux salafistes avec en prime armes et piste d’atterrissage.
Alors que de par son isolement, sa position stratégique, et sens symbolique dans la guerre (le camp fut construit par des français dans les temps colons), amachach jouait pour l’armée malienne le rôle de filtre de rétention du gros des troupes du mnlaqmi et donnait de facto un répit salutaire à Kidal, Tombouctou et Gao.
Point n’est besoin d’aller dans une académie militaire pour comprendre cela.
Dans toute chose, la dispersion d’énergie est une source d’affaiblissement et ça, nos généraux du “repli stratégique” avaient au moins compris mais apparemment pas nos mutins de Kati.
Alors ATT et ses généraux, après l’erreur d’appréciation du PC de Gao sur Aguelhoc, jouaient avec le temps et cette dispersion des efforts des salafistes.
C’est pour cela qu’ils exhortaient Tessalit à résister et, entre temps, eux ils jouaient la carte de la victimisation pour le Mali (rapport d’enquête nationale sur les massacres d’Aguelhoc, lien entre Aqmi et Mnla, pays attaqué dans son intégrité territoriale, ouverture au dialogue…) pour étendre le champ de nos alliés et isoler sur le plan international le Mnlaqmi.
Ils espéreraient ainsi une intervention militaire internationale pour mettre fin à tout cela, permettre la tenue des élections et assurer l’alternance démocratique à Koulouba.
Le scénario était séduisant et avait séduit américains, russes, chinois et africains (de l’UA comme de la CEDEAO) parce que le label “Démocratie” jouait à notre faveur et était en réalité notre seule vraie arme dans cette guerre.
Eh oui, mes chers amis, la stratégie dans cette guerre n’était pas militaire, elle était politique car les forces en présence et la détermination des combattants sur les théâtres des opérations étaient loin d’être en notre faveur.
Mais cela est incompréhensible pour celui dont les cours de capitaine ont été mal assimilés.
En agissant par instinct et en surfant sur le déficit de communication des généraux du “repli stratégique” et le nationalisme mal placé de certains maliens, le CNRDRE n’a pas tué seulement la démocratie malienne, il a blessé aussi pendant 9 mois et sûrement plus, l’unique arme de l’armée malienne dans cette guerre: l’arme politique qui permet à la communauté internationale d’intervenir militairement pour vaincre les salafistes et faire échouer leur projet d’Emirat Islamique sur ces terres de Kankou Moussa.
Et dire que la grenouille voulait être plus grosse que la vache!
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