Vivre dans la capitale malienne, n’est pas du tout chose aisée pour tout le monde. Et avoir une maison en sa possession, est loin d’être à la portée de tous. Si ce n’est pour les Boss. Prise d’assaut par un flux migratoire indescriptible ces derniers temps, Bamako compte environ un million d’âmes. De ce fait, le problème d’habitat se pose avec acuité. Et l’affaire de location est devenue un bon business pour les riches qui ont souvent des dizaines de maisons ou villas.
La terre est indubitablement transformée en un diamant noir, car pour être riche à Bamako, on n’a pas besoin de passer par quatre chemins. Il suffit tout simplement de se lancer dans la vente des terrains. Du coup, affairistes, truands, escrocs et autres spéculateurs ont envahi le secteur. C’est d’ailleurs ce qui fait que l’affaire foncière se retrouve toujours sur les tables des juges dans nos différents tribunaux. Souvent, les propriétaires de maisons et villas les confient aux agences immobilières pour gestion. Lesquelles, à leur tour, sont contactées par les nécessiteux pour acquisition ou location. Ce qui fait que les prix sont exorbitants.
Ces agences immobilières sont nombreuses dans la capitale, mais rares sont celles qui sont soucieuses de nos pauvres compatriotes. Du coup, les locataires de la capitale (appelés «Louangés» en bambara) ne savent plus à quel saint se vouer. Du reste, les autorités maliennes doivent prendre des mesures idoines pour résoudre cet épineux problème qui tracasse nos compatriotes. En tout cas, les témoignages suivants attestent de cela.
«J’habite dans un appartement (chambre, antichambre et cuisine avec toilettes internes). Coût du loyer : 85 000 FCfa. Vraiment, c’est trop cher, mais que faire ! Puisque je n’ai pas une somme colossale qui va me permettre d’avoir un terrain pour construire dans l’immédiat. Pire, hormis cette somme de 85.000 FCfa, je dois payer l’électricité et l’eau. Si j’ai actuellement un soucieux majeur dans la vie, c’est de savoir quand est-ce que j’aurai ma maison à moi, car ma petite famille est en train de grandir. Donc, il me faut une maison», nous confie un locataire, Moussa Sissoko, vivant à Korofina-Nord.
Abondant dans le même sens, Aminata Traoré, une coiffeuse, déclare : «Je vis avec mon mari qui travaille dans une mine d’or de place, au Golf Bacodjicoroni. On a loué un appartement (deux chambres salon, cuisine et toilettes internes) à 70 000 FCfa par mois. Pour le moment, on va se débrouiller ici en attendant qu’on ait notre propre maison. Car, en tant que femme, je vis dans le calvaire avec les autres femmes de la maison qui, malgré ma patience, ne cessent de me provoquer. Moi-même, je ne sais pas pourquoi, c’est peut-être de la jalousie».
Et à Abou Maïga d’enchaîner : «Je suis un tailleur de profession. Je me débrouille un peu et j’ai loué deux chambres à Niamakoro à 20.000 FCfa par mois. Alors que je n’ai pas beaucoup d’argent, mais je ne peux pas dormir dehors».
Malgré ce calvaire de certains locataires, certains propriétaires n’ont aucune pitié. À l’instar de Mohamed Diaby, propriétaire de cinq maisons à Bamako, qui fulmine : «Moi, j’ai construit mes maisons pour les mettre en location, afin d’en bénéficier. Et puis, il faut reconnaître que sans ces constructions, beaucoup de personnes vont dormir dans la rue. À eux donc de se débrouiller».
Seydou Karamoko KONÉ